Édition
Nouvelle parution
C. Debon, «Calligrammes» dans tous ses états (éd. critique du recueil d'Apollinaire)

C. Debon, «Calligrammes» dans tous ses états (éd. critique du recueil d'Apollinaire)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Sylvie Tournadre)

Compte rendu publié dans Acta fabula : "Poésie en chantier" par Anne-Christine Royère.

Claude Debon

« Calligrammes » dans tous ses états - édition critique du recueil de Guillaume APOLLINAIRE

Paris : éditions Calliopées, octobre 2008.

384p.

ean 9782916608068

58 €


PRÉSENTATION DE L'OUVRAGE:

L'auteur d'Alcools et des poèmes à Lou est aussi le poète-soldat de Calligrammes, un recueil de poèmes difficilement élaboré pendant la Grande Guerre.
« Calligrammes » dans tous ses états apparaît d'abord comme un album : présentés dans l'ordre du recueil publié en 1918, les manuscrits d'Apollinaire nous révèlent une poésie à l'état naissant, avec ses hésitations, ses repentirs, ses censures imposées par le temps de guerre, ses trouvailles ultimes. Ils nous racontent une histoire.
Pour chacun des 84 poèmes du recueil original de Guillaume Apollinaire sont reproduites toutes les étapes de la création. On découvre non seulement que le poète invente progressivement ses poèmes, mais qu'il les a souvent longuement travaillés : « La Nuit d'avril 1915 » ne comporte pas moins de 13 états avant l'édition originale.
L'intérêt de ces reproductions est génétique et esthétique. Calligrammes, pour la première fois dans un recueil poétique, offrait des poèmes à lire mais aussi à voir. Apollinaire, fécond dessinateur, veut concilier l'art du peintre et celui du poète. Les manuscrits des calligrammes sont une oeuvre d'art. Certains d'ailleurs ont été directement « clichés » dans le volume. Les autres, avant d'être transcrits en caractères typographiques, donnent à voir la trace émouvante de la main du poète. 
Ces étapes de la création, qui aboutissent à la version originale, n'ont pas été reconstituées sans difficultés. Dispersés dans des fonds divers, les manuscrits et les épreuves ont dû être situés à leur place chronologique. Une reconstitution minutieuse de la genèse du recueil était nécessaire. Car, contrairement à des idées encore répandues, Calligrammes s'est constitué dans des conditions particulièrement pénibles. Ce furent d'abord son engagement dans la guerre et l'éloignement de Paris jusqu'à sa blessure en mars 1916 qui obligèrent le poète à confier ses poèmes à des destinataires divers. La cruauté ou l'inconscience de Lou le privèrent des poèmes d'amour qu'il lui avait envoyés. À son retour, l'absence de typographes qualifiés, les conséquences de sa blessure retardèrent la réalisation de son projet, tout en lui donnant le temps de le modifier profondément.
L'introduction retrace au plus près cette lente gestation, avant d'aborder l'accueil mitigé fait au volume et de dessiner les grands traits de son originalité. Ce livre a en effet aussi un caractère scientifique. Chaque poème est accompagné du descriptif des avant-textes, mais aussi de notes explicatives, d'un commentaire et d'une bibliographie sélective qui, elle-même, renvoie à une bibliographie générale.
C'est dire que « Calligrammes » dans tous ses états a une double vocation : permettre la découverte des poèmes d'Apollinaire à l'état naissant, et donner les instruments d'une connaissance et d'une lecture renouvelées du recueil.
384 pages au fil desquelles est mise en lumière l'histoire d'une écriture en perpétuelle métamorphose. Calligrammes allait, par la force du destin, devenir la dernière création du poète. Elle s'est faite sous le signe d'une Beauté elle-même nouvelle, qu'il a cultivée envers et contre tout. Si Apollinaire n'a pas survécu au conflit de 1914-1918, sa confiance en la parole poétique, préservée jusqu'au coeur de la Grande Guerre, est parvenue jusqu'à nous. Ce livre en est un témoignage.


Claude Debon, Professeur émérite à l'Université de la Sorbonne nouvelle-Paris III, ancienne élève de l'École Normale Supérieure, a soutenu une thèse en 1978 sur Apollinaire de 1914 à 1918, sous la direction de Marie-Jeanne Durry. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages sur Apollinaire, dont un récent Claude Debon commente « Calligrammes » dans la collection Foliothèque chez Gallimard. Elle a également écrit de très nombreux articles sur le poète. C'est dire que la majeure partie de son travail critique lui a été consacrée. L'amitié de Michel Décaudin, auquel elle a succédé à la Sorbonne nouvelle, sa participation aux séminaires et aux colloques qu'il a organisés pendant plus de trente ans sur Apollinaire sont les marques de son attachement à ce poète. Depuis la disparition de Michel Décaudin, en 2004, elle s'efforce avec le groupe des apollinariens de poursuivre et de faire fructifier ses travaux en organisant à son tour séminaires et colloques sur le même sujet.
La compétence scientifique de Mme Debon n'est pas uniquement liée à Apollinaire, puisqu'on lui doit, entre autres, la publication du premier volume des Oeuvres complètes de Raymond Queneau dans la Bibliothèque de la Pléiade, ainsi que de nombreuses études sur plusieurs poètes contemporains.

SOMMAIRE

Avant-propos     9
Introduction     11

Dossier : Poèmes dans l'ordre du recueil original (1918) et reproductions des avant-textes     51
Ondes    51
Étendards    115
Case d'armons    151
Lueurs des tirs       229
Obus couleur de lune    279
La Tête étoilée                      321

Bibliographie générale     369
Iconographie et crédits photographiques     376
Index des titres des poèmes et des sections de Calligrammes     379
Index des noms cités     380
Table des matières     381
Remerciements     384