Questions de société
Boycott des jurys de bac : des universitaires refusent de présider les jurys - décision de l'université de Rouen, d'Amiens. (maj : 11/04)

Boycott des jurys de bac : des universitaires refusent de présider les jurys - décision de l'université de Rouen, d'Amiens. (maj : 11/04)

Publié le par Bérenger Boulay

Dans plusieurs universités, un appel à refuser deprésider les jurys de bac a d'ores et déjà circulé. Elargissez cemouvement, en le lançant dans votre établissement ! Vous pouvezutiliser le document ci-joint, afin de collecter les signatures desenseignants-chercheurs avant de les remettre au président de votreuniversité.

 Ci-dessous:

1. Communiqué du comité de mobilisation de l'Université de Rouen concernant les jurys de BAC
2. Lettre de l'université d'Amiens
3. blog de S. Huet 07/04/09:Menace sur le bac : des universitaires refusent de présider les jurys
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1. Communiqué du comité de mobilisation de l'Université de Rouen concernant les jurys de BAC
A l'Université de Rouen, près de 250 enseignants-chercheurs ont signé une lettre-pétition pour refuser que leurs noms soient transmis au recteur pour la présidence des jurys de baccalauréat tant que les revendications portées par le mouvement ne trouveront pas de réponse satisfaisante.Aujourd'hui mardi 7 avril 2009, le Président de l'Université de Rouen nous a déclaré qu'il ne transmettrait aucun nom au titre de notre établissement (le principal contingent de notre académie). Indice de l'inquiétude suscitée par notre refus, le recteur aurait demandé au Ministre Xavier Darcos quelle disposition adopter pour la constitution des jurys de BAC.
Nous proposons donc aux différentes universités d'adopter cette modalité d'action.
Pour les académies où ces jurys ne sont pas encore constitués, il s'agit de s'adresser au président de l'Université afin d'exiger qu'il n'y ait pas de transmission des noms des présidents de jury au rectorat (Lien vers la pétition de Rouen:http://urouenmobilisee.wordpress.com/2009/03/20/petition-jurys-de-bac/ )
Pour celles où les jurys sont déjà constitués, il s'agit de signifier par lettre collective au recteur l'opposition des enseignants chercheurs à ces nominations (la démission étant en effet de peu d'effet car le démissionnaire peut alors être relevé par le vice-président du jury).
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 2.LETTRE AU PRÉSIDENT DE L'UNIVERSITÉ DE PICARDIE JULES VERNE

Nous, enseignants-chercheurs, refusons de présider les jurys de bac !
Le baccalauréat est un grade universitaire, c'est pourquoi les juryssont obligatoirement présidés par un professeur des universités ou un maître de conférences nommé par lerecteur sur proposition des présidents d'université. (Décret n°93-1092 du 15 septembre 1993)
Parce que les collèges et les lycées sont, comme les établissements du 1er degré, directement menacés par le projet de réforme de la formation et du recrutement des enseignants, qui affaiblit le contenu disciplinaire des concours, etsupprime de fait la formation pédagogique des enseignants du secondaire et du primaire Parce que la suppression des postes dans le supérieur met en danger les formations dispensées Parce que, en réécrivant le décret fixant le statut des enseignants-chercheurs, le gouvernement vise à faire des économies au détriment de la recherche, dans une logique derentabilité aussi inadaptée que délétère. Parce que ce décret vise à scinder la communauté universitaire et à réduire le lien entre enseignement et recherche, fondateur de l'université. Parce qu'aucune réponse n'est apportée à des sujets aussi capitauxque le démantèlement des organismes publics de recherche, le contrat doctoral unique, la précarisation de masse des jeunes chercheurs, la pénurie des postes statutaires, lesnouvelles règles budgétaires, la précarisation et l'individualisation autoritaire des carrières des agents administratifs et techniques, les inégalités induites par  l'application du plan campus.
Parce que le gouvernement refuse de nous entendre et que sa seule réponse à nos revendications se résume à une opération de communication. Depuis le 2 février, les universités sont en grève pour s'opposer à la destruction du système éducatif français. Pour tous ces motifs, et jusqu'à ce que le gouvernement apporte desréponses sérieuses aux questions et revendications de la communauté  universitaire, nous refusons que vous transmettiez nos noms au rectorat chargé de procéder à la constitution des jurys de baccalauréat dans l'Académie d'Amiens.

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3. blog de S. Huet 07/04/09 :
Menace sur le bac : des universitaires refusent de présider les jurys

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/04/menace-sur-le-b.html

Si la grève ne suffit pas, bloquons le bac. Cette idée fait son chemin puisque des universitaires commencent à envoyer dans leurs rectorats des lettres refusant de siéger en jury de baccalauréat.

Or, comme ce diplôme est considéré non seulement comme la fin dusecondaire mais aussi comme sésame d'entrée dans le supérieur, il estobligatoirement décerné par un jury présidé par un universitaire (maîtrede conférence ou professeur) nommé par le recteur sur proposition duprésident de son université et non pas un professeur du secondaire. Unedisposition toutefois atténuée par le fait que le vice-président dujury peut remplacer physiquement le président... mais la nomination dece dernier est nécessaire à la constition du jury.
Hier, 246 enseignants-chercheurs de l'université de Rouen ont envoyé une lettre à leur présidentd'université, refusant que leurs noms soient transmis au Rectorat pourprésider les jury de bac. Il est probable que cette initiative serasuivie dans de nombreuses universités,

{ajout à 11h : je viens de recevoir un courriel m'informant que l'assemblée générale des enseignants de l'UFR d'histoire de Paris-1 a voté hier un texte (lire en fin de note) se joignant à cette action.}

tant l'exaspération des universitaires est grande, un sentiment dont témoignent de récentes décisions comme le vote de la continuation de la grève à l'UFR d'histoire de Paris-1 Panthéon Sorbonne ou le vote d'une occupation des locaux par une assemblée de 1200 étudiants à Strasbourg hier (source France Inter).

Voici leur lettre :
Nous, enseignants-chercheurs, refusons de présider les jurys de bac !Le baccalauréat est un grade universitaire, c'est pourquoi les juryssont OBLIGATOIREMENT présidés par un professeur des universités ou unmaître de conférences nommé par le recteur sur proposition desprésidents d'université. (Décret n° 93-1092 du 15 septembre 1993).

Cetteannée, nous refusons que vous transmettiez au recteur nos noms pourprésider les jurys de baccalauréat de la session 2009. Aucun jury nedoit être constitué tant que les revendications rappelées ci-dessousn'ont pas été satisfaites.
Parce que les collèges et les lycées sont, comme lesétablissements du 1er degré, directement menacés par le projet deréforme de la formation et du recrutement des enseignants :
-          ce projet affaiblit le contenu disciplinaire des concours
-          l'année de stage en alternance – payée ! - à l'issue duconcours disparaît. Cela signifie la suppression de fait de laformation pédagogique des enseignants du secondaire et du primaire – cequi permet à l'Etat d'économiser aux dépens des futurs enseignants etde leurs élèves chaque année plus de 10 000 postes de fonctionnaires.
-          ce projet encourage le développement de la précarité aulieu de se solder par une revalorisation réelle du métier d'enseignant.

En effet, tout indique que les concours disparaîtrontprogressivement pour laisser la place à l'inscription sur une listed'aptitude, réservoir où les proviseurs des établissements devenusautonomes pourront piocher librement, pour recruter soit descontractuels soit des vacataires.. La masterisation de la formation desenseignants est une arme de destruction massive dirigée contre lesfonctionnaires.

Parce que le gouvernement s'acharne à vouloir mettre en place cesnouveaux concours dès 2010.Parce que la suppression des postes dans le supérieur met en danger lesformations dispensées, et que la “promesse” faite par François Fillonde mettre à disposition des universités des postes d'agrégés dusecondaire revient à déshabiller le secondaire.Parce qu'il est de plus en plus clair qu'un projet cohérent est mis enplace de la maternelle à l'université. Or le secteur public ne peut etne doit pas répondre aux mêmes critères que le privé car les écoles,les collèges, les lycées et les universités ne sont pas desentreprises, l'enseignement et la recherche ne sont pas desmarchandises.
Parce que, en réécrivant le décret fixant le statut desenseignants-chercheurs, le gouvernement vise à faire des économies audétriment de la recherche, dans une logique de rentabilité aussiinadaptée que délétère.Parce que ce décret ouvre la porte à un “enseigner plus pour gagnerautant”, parce qu'il vise à scinder la communauté universitaire et àréduire le lien entre enseignement et recherche, fondateur del'université.Parce qu'aucune réponse n'est apportée à des sujets aussi capitaux quele démantèlement des organismes publics de recherche, le contratdoctoral unique, la précarisation de masse des jeunes chercheurs, lapénurie des postes statutaires, les nouvelles règles budgétaires, laprécarisation et l'individualisation autoritaire des carrières desagents administratifs et techniques, les inégalités induites parl'application du plan campus.
Parce que le gouvernement refuse de nous entendre et que sa seuleréponse à nos revendications se résume à une opération decommunication.Depuis le 2 février, les universités sont en grève pour s'opposer à ladestruction du système éducatif français et défendre l'avenir de nosenfants.
C'est pourquoi nous refusons que vous transmettiez nosnoms au recteur afin qu'il procède à la constitution des jurys debaccalauréat.

Voici le texte voté par l'UFR d'histoire de Paris-1 :

Le baccalauréat concerne chaque année des centaines de milliers delycéens. Ce diplôme bicentenaire, par son caractère national, demeurejuste et équitable. Mobilisant l'ensemble de la communauté éducative,il consacre les connaissances et les compétences acquises dansl'enseignement secondaire. Plus encore, il ouvre aux candidats l'accèsà des études supérieures. C'est pourquoi dès ses origines, ce diplômefut conçu comme le premier grade universitaire ; c'est la raison pourlaquelle tout jury de baccalauréat doit être présidé par un enseignantde l'Université. Cette charge, bien que non rémunérée, est assumée avecresponsabilité par nombre d'entre nous parce qu'elle permetd'entretenir un lien fort et original entre l'Education Nationale et lemonde de l'Université.
Dans un contexte de réformes iniques portant atteinte àl'ensemble de la communauté éducative, de la maternelle à l'Université,nous nous opposons avec force à la dévalorisation dramatique desdiplômes universitaires induite par les réformes en cours, dubaccalauréat jusqu'au master. Après plus de dix semaines de conflit,notre détermination demeure intacte et nous ne céderons sur rien. Nousexigeons le retrait des décrets portés par les Ministres de l'EducationNationale et de l'Enseignement Supérieur. Un retrait pur et simple, quine soit pas assorti de fausses promesses ni de manoeuvres dilatoires.
Si tel n'était pas le cas, nous refuserons collectivement de présider aux jurys de la prochaine session du baccalauréat.