A la Renaissance, les frontières entre les disciplines ne sont pas celles que nous connaissons aujourd'hui. Les hommes de lois sont aussi des hommes de lettres, au courant de l'actualité éditoriale, ambitionnant de faire une oeuvre et désireux surtout de ressembler à ces grands hommes de l'antiquité, à la fois avocat et poète, magistrat et mémorialiste. Revenir sur la distinction formulée a posteriori entre le droit et la littérature, tel pourrait être l'enjeu de ce colloque.
Pour le descriptif complet et les enjeux scientifiques, voir à la suite du programme.
Jeudi 4 juin 2009 - L'université et les Belles Lettres
Matin
8h30-9h Accueil des participants
9h-9h30 Allocutions
9h30 I. MACLEAN, Le séjour d'Alciat à Bourges, vu à travers sa correspondance
10h J.-Y. RIBAULT, L'école de grec dans la topographie universitaire de Bourges (XVIe-XVIIe)
10h30 D. RIVAUD, La place de la municipalité dans l'essor de l'Université
11h S. LE CLECH-CHARTON, La nouvelle élite administrative et ses réseaux dans le royaume de France sous François Ier
11h30 F. GABRIEL, De statu primitivae Ecclesiae : histoire, chrétienté et Réforme chez les civilistes de l'Ecole de Bourges (Bauduin, Douaren, Hotman).
Après-midi
13h30 P. ARABEYRE, De quelques maîtres méridionaux de la faculté de droit de Bourges au premier tiers du XVIe siècle
14h N. DAUVOIS, Toulouse-Cahors-Bourges : circulation des idées et des hommes
14h30 F. MICHAUD-FREJAVILLE, Du passé ne pas faire table rase : Jacques Thiboust, légiste, seigneur et feudiste
15h00 O. GUERRIER, Quelques hypothèses sur les études d'Amyot à Bourges
15h30 C. LEVELEUX et M. BASSANO, Alciat, le mos gallicus et l'école de Bourges
16h J.-L. THIREAU, Les conflits entre professeurs de droit à l'Université de Bourges au XVIe siècle : querelles de personnes ou opposition des méthodes ?
16h30 K.-W. HONG, Les Libri feudorum chez les juristes à Bourges (Hotman, Douaren, Cujas, Le Conte)
17h V. HAYAERT, Le commentaire au De Gradibus Affinitatis de Pierre Loriot (Petrus Loriotus) : une pédagogie de l'illustration juridique ?
17h30 P. A. MELLET, F. Hotman : l'histoire des institutions et l'enseignement du droit
18h15
Visite de l'exposition de l'Hôtel Cujas-Musée du Berry
Vendredi 5 juin 2009 - Grands hommes
Matin
9h30 M. BOUHAÏK-GIRONES, Juristes, acteurs et auteurs de théâtre à Bourges : autour de François Habert
10h P. GOLDMAN, Les relations de Geoffroy Tory avec sa ville natale
10h30 M.-L. DEMONET, Geoffroy Tory et Jean Perréal
11h M. M. FONTAINE, Barthélemy Aneau entre deux villes : fidélités à sa ville d'origine et responsabilités
11h30 B. GARNIER, Guillaume Bochetel : l'irrésistible ascension d'un lettré de province sous le règne de François Ier
12h J. O'BRIEN, Iustus dolor et le principe de défense contre l'homicide chez les juristes de l'école de Bourges
Après-midi
14h S. LAIGNEAU-FONTAINE, Entre poésie et jurisprudence : portrait de l'humaniste idéal dans la correspondance de Viglius van Aytta
14h30 C. LANGLOIS-PEZERET, Jean Second, poète flamand observateur du milieu humaniste berruyer
15h U. LANGER, Justesse du proverbe, justice de la coutume chez Loisel
15h30 : B. MENIEL, Noël du Fail conteur et juriste
16h : M.-E. BOUTROUE, Etienne de Laigue et le milieu humaniste des frères Du Bellay
16h30 : A. TEISSIER-ENSMINGER, La tradition du Droit lettré à Bourges : les Broé, père et fils au XVIIe siècle
17h : R. COOPER, Jean Chaumeau et l'histoire de Bourges
Comité scientifique
Jean CEARD (Paris X), Ian MACLEAN (Oxford), Daniel MENAGER (Paris X)
Comité d'organisation
Géraldine CAZALS (Reims), Stéphan GEONGET (Tours)
Organisateur
Stéphan GEONGET (CESR)
stephan.geonget@univ-tours.fr
Secrétariat
marie-christine.jossec@univ-tours.fr
02 47 36 77 86 / 02 47 36 77 61
L'objectif de ce colloque est quadruple. Il s'agit tout à la fois :
1. de faire le point sur un des hauts lieux de la Renaissance littéraire et juridique, travail qui n'a curieusement fait l'objet d'aucune monographie particulière (il existe bien différents articles, d'ailleurs anciens, dans des revues spécialisées sur tel ou tel auteur mais aucune publication d'ensemble n'a jusqu'à présent vu le jour).
2. recréer les conditions de production et d'émergence des oeuvres des juristes lettrés de la Renaissance et donc aujourd'hui faire collaborer des universitaires littéraires et juristes pour comprendre les différentes facettes des oeuvres. La pluridisciplinarité, quand elle est possible (et pour Bourges c'est assurément le cas), permet de faire de vraies découvertes et de renouveler les lectures et les approches. Lire Montaigne sans prendre au sérieux son parcours de magistrat, c'est se condamner à une lecture myope. C'est a fortiori le cas pour des auteurs comme Alciat, Cujas ou Hotman.
3. de rendre compte de la situation très particulière de Bourges à la Renaissance, véritable « foyer de culture » (selon l'expression de G. Gadoffre) c'est-à-dire « lieu éphémère situé sur les articulations d'une société en devenir qui a contribué à rendre opératoires des effervescences qui, laissées à l'état sauvage, n'auraient eu que des effets perturbateurs ». Il s'agira donc d'examiner cette « alchimie » étonnante qui a fait, un temps, de cette ancienne ville royale un foyer intellectuel de tout premier plan. Il s'agira donc, particulièrement, de voir comment la création récente de l'Université à Bourges a pu :
- faire venir de l'Europe entière des professeurs et des étudiants (et non des moindres : Alciat, Cujas, Volmar, etc.) et des hommes de tous les horizons (Du Fail, Hotman, Calvin, de Bèze),
permettre l'établissement de libraires (et, dans une moindre mesure, d'imprimeurs),
- donner une audience extraordinaire à des personnalités « locales » (comme Tory et Aneau),
- cristalliser des problématiques en stimulant une réflexion sur la « restitution » des corpus
- et favoriser la création d'une sodalitas entre des esprits fort différents. Celle-ci doit d'ailleurs être aussi étudiée à partir des politiques menées par les grands mécènes et les personnalités politiques du temps, parfois de premier plan comme Babou de la Bourdaisière.
4. plus encore, de rendre compte de convergences frappantes entre les textes de disciplines qu'on a encore aujourd'hui tendance à présenter comme tout à fait distinctes. Les « hommes de loi » et les « hommes de plume » se lisent, se dédient des pièces, s'écrivent des préfaces, etc. Cette enquête devra conduire à se demander comment l'humanisme juridique, avec son amour proclamé de la philologie et des belles-lettres, a pu susciter les travaux de certains auteurs du lieu. On constate en effet au même moment et une multiplication des traductions des anciens (Jacques Colin, abbé de Saint-Ambroix, traduit le Courtisan, Guillaume Bochetel Hécube, Amyot certaines des oeuvres de Plutarque, etc.) et une floraison de textes originaux, écrits par des auteurs locaux mais dont l'influence dépassera largement le cadre régional (Tory, Thiboust, Habert).
L'étude des correspondances (Second, Alciat, etc) sera dans cette perspective d'un particulier intérêt. On y trouve, bien plus que dans les livres « techniques », des réflexions qui montrent combien les enjeux littéraires étaient présents dans l'esprit des grands juristes de la Renaissance. Différentes communications ont d'ailleurs pris ce parti.
Organisateur(s) : Stéphan GEONGET
Organismes associés :
- Centre d'Études Supérieures de la Renaissance (Tours), UMR 6576, Dir. Ph. Vendrix
- ANR Juslittera (Orléans), Dir. B. Ribémont
- Ordre des Avocats (Bourges), Bâtonnier M. B. Couderc
- Antenne de la Faculté de Droit (Bourges), Dir. E. Mengual
- Société d'archéologie et d'histoire du Berry – SAHB, Dir. Ph. Roth