Questions de société
Bis repetita ? Rendez-vous le 28 avril ! Communiqué de SLR (25 avril 2009)

Bis repetita ? Rendez-vous le 28 avril ! Communiqué de SLR (25 avril 2009)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLR & SLU)

Bis repetita ? Rendez-vous le 28 avril ! Communiqué de Sauvons La Recherche (25 avril 2009)

N'avez-vous pas le sentiment que legouvernement nous rejoue un air connu ? Celui qui pourtant nous acollectivement conduits à la crise majeure que traversent actuellementnos universités et nos laboratoires. Entonné en chour par ValériePécresse et par François Fillon dans un duo parfaitement rodé, lerefrain en est le suivant. Profitant des vacances universitaires, legouvernement fait valider un texte contesté et tente de faire croire àl'opinion publique qu'il discute, qu'il négocie et nous entend. Ainsi,explique-t-il, grâce à la discussion et à la concertation, tous lesmalentendus qui auraient été à l'origine du conflit seraient désormaislevés et dans toute notre communauté, le calme et la sérénitéretrouvés. Toute notre communauté ? Sauf, bien sûr, rajoute-t-il, unepetite minorité d'activistes. Celle que vous connaissez bien, celle desextrémistes, celle des irresponsables. Celle qui bloque lesétablissements, celle qui met en péril les examens ou qui serait prêteà les brader pour servir ses intérêts qui, naturellement, ne peuventêtre que corporatistes et/ou politiques ! Le gouvernementinstrumentalise ainsi avec un parfait cynisme le danger qui pèse surles examens des étudiants, et dont, par son incapacité à répondre à desdemandes à la fois tout à fait raisonnables et clairement définies, ilporte en fait l'entière responsabilité.

Reprenons donc un à un les différents dossiers en jeu,pour savoir si tous ceux qui, à de multiples reprises, sont descendusdans la rue ces deux derniers mois vont désormais pouvoirtranquillement reprendre leurs activités.

L'emploi scientifique. Nous demandions au gouvernementde rétablir les emplois supprimés en 2009 et de mettre oeuvre un planpluri-annuel d'emplois, indispensable pour au moins trois raisons :1-le fait que les jeunes, faute de perspectives, se détournent chaquejour un peu plus de nos carrières et que c'est l'enseignement supérieuret la recherche de demain qui sont ainsi menacés (30% de doctorants enmoins pour 2017 selon les chiffres du ministère) ; 2-les nouvellescharges d'enseignements qui reviennent aux universités avec notammentle plan Licence et la mise en place du décompte des heures de TP àégalité avec les eures de TD ; 3- une crise économique grave quidevrait imposer à l'Etat de reconsidérer une politique d'emploi publicdictée par des raisons purement idéologiques. Or, qu'avons-nousobtenu ? La promesse faite par François Fillon de la non-suppressiond'emplois dans les universités pour 2010 et 2011. Et pour lessuppressions programmées pour 2009, une compensation financière etpérenne. Ainsi, sur ce second point, ce qui avait été possible en 2004,à savoir des créations d'emplois obtenues en avril, ne le serait doncplus en 2009. En outre, souvenons-nous des promesses que le mêmeFrançois Fillon, alors ministre de minisre de l'Education nationale, del'enseignement supérieur et de la recherche, nous avait faites en2004 : nous réclamons toujours le plan pluri-annuel promis alors !Enfin, nous n'avons absolument aucun élément laissant présagerl'absence de suppressions d'emplois dans les organismes de recherchesdans les années à venir. La seule concession que nous avons pu arracherà Valérie Pécresse est l'engagement que les « chaires d'excellence » nedevraient pas se traduire par des suppressions d'emplois dans cesorganismes. Nous ne pouvons donc pas renoncer !

L'arrêt du démantèlement des grands organismes derecherche. Là, qu'avons-nous obtenu ? C'est très simple : rien ! Face àla mobilisation dans les labos, face aux revendications portées par lacoordination des délégués de laboratoire, face à la grèveadministrative lancée par plus de 500 directeurs d'unités (une minoritéd'extrémistes eux aussi.), la ministre avait pourtant promis qu'unedéclaration explicite du Premier ministre dissiperait nos craintes devoir disparaître à terme des institutions essentielles et qui font enpartie la force de notre recherche publique. Or, dans les propos tenuspar François Fillon sur France Inter le 22 avril, non seulement il n'ena rien été, mais il a même évacué complètement cette question, faisantcomme si elle n'avait jamais été au cour de notre mobilisation. Nous nepouvons donc pas renoncer !

Le retrait du projet de décret sur le statut desenseignants-chercheurs. A en croire notre duo favori, ce texte, à lasuite d'une « concertation approfondie » (selon les termes ducommuniqué du conseil des ministres du 22 avril) aurait été réécrit etsa nouvelle version donnerait entière satisfaction à tous. Commentrépondre à tant de contre-vérités ? Pourquoi, si tel était le cas,seuls 2 des 35 représentants syndicaux que comptent le CTPU et le CSFPEauraient-ils approuvé ce texte, tous les autres s'abstenant ou votantcontre ? Pourquoi tous les acteurs de la mobilisationcontinueraient-ils à dénoncer ce texte et notamment l'ambiguïté quilaisse ouverte- dans un contexte d'emploi scientifique décroissant- lapossibilité que, pour bon nombre d'enseignants-chercheurs desdisciplines à forts effectifs étudiants, la modulation de service setraduise par un alourdissement subi des heures d'enseignement audétriment de leur activité de recherche, sans même paiement d'heurescomplémentaires ? L'annonce faite hier par le ministère del'Enseignement Supérieur et de la Recherche de la publication d'unecirculaire d'accompagnement, procédure rarissime, montre que ce projet- et notamment la modulation des services qui en est le cour - demeureplein d'ombres . Connaissant le fonctionnement des universités, noussavons que « l'accord » de l'intéressé pour la modulation n'est en rienune garantie suffisante. Nous ne pouvons donc pas renoncer !

La réforme de la formation des enseignants dusecondaire et du primaire. Le gouvernement aurait accepté de reporterd'un an cette réforme et de prendre le temps de la concertation. Or, làencore, il a choisi en réalité le passage en force. Il a décidé decontourner le refus de l'AERES d'expertiser les rares maquettes demasters « métiers de l'enseignement » déposées par certainesuniversités (dont plusieurs issues des établissements de l'enseignementprivé) et d'entériner dès à présent leur existence. En outre, le vraireport est très loin d'être encore acquis, puisqu'une partie deslauréats du concours 2010 ne seraient pas fonctionnaires stagiaires àl'issue du concours. Enfin, comment peut-il prétendre remettre à platla formation des enseignants, alors qu'il continue de précipiter lecalendrier (puisque tout devrait être réglé à la mi-juillet), dans laplus grande confusion sur la composition et le rôle des instanceschargées de cette remise à plat) ? Nous ne pouvons donc pas renoncer !

Nos demandions enfin qu'une fois ces quatre pointsréglés, s'ouvrent des discussions associant tous les acteurs de larecherche et de l'enseignement supérieur sur la loi LRU et sur le Pactepour la recherche. Là encore, nous ne pouvons pas renoncer !

On le voit donc, la douce musique que nous chante legouvernement est à mille lieux de la réalité. Or, si le refrain en est,comme nous l'avons dit, bien connu, la suite de la chanson prendra unautre tour qu'en 2007 lors de la promulgation de la loi LRU au cour dumois d'août. Et ce, pour différentes raisons.

 Parce que notre communauté dans son ensemble aaujourd'hui pris conscience que les réformes que le gouvernementcherche à nous imposer vont à l'encontre des évolutions souhaitables,et que ce n'est pas être immobilistes que de le dire. A ce sujet nousvous invitons à venir débattre avec nous le 16 mai, lors de notreprochaine Assemblée Générale, des propositions que nous pouvons fairepour l'enseignement supérieur et la recherche (http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php ?article2680).

Parce que, contrairement à ce que le gouvernement tentede faire croire, ces revendications n'émanent pas d'une petite minorité(bien évidemment partisane, cela va sans dire.) mais de l'immensemajorité de notre communauté.

Parce qu'aujourd'hui nos voix se mêlent à cellesd'autres secteurs professionnels (en particulier les médecins qui, le28 avril, le même jour que nous, défileront à Paris pour défendrel'Hôpital public) qui, dans les réformes imposées par le gouvernement,dénoncent une semblable méconnaissance de leurs missions et de leursmétiers, et un même aveuglement idéologique qui fait de la concurrenceun gage d'efficacité, introduit des outils de gestion managerialeinadaptés à ces secteurs, met en place les conditions d'undésengagement financier progressif de l'Etat, démultiplie la précarité,etc.

Mais peut-être surtout parce qu'aujourd'hui legouvernement qui se vantait il y a peu d'avoir gagné la « batailleidéologique » l'a visiblement perdue. En effet, notre communauté s'esttoute entière retrouvée sur la défense de ce qui est la valeur centralede nos institutions et de nos missions : celle de la connaissance et dusavoir. Et avoir emporté cette bataille, c'est la promesse à termed'une victoire bien plus grande ! Nous avions estimé nécessaire, il y aun an, de lancer une « Marche de tous les savoirs » pour affirmer notrefierté d'exercer ces métiers, centrés sur le savoir et la connaissance.Nous vous proposons, pour montrer votre attachement à ces valeurs, une2ème « Marche de tous les savoirs », fin mai.

D'ici là, la mobilisation doit se poursuivre et nous vous appelons dès à présent aux journées du 28 avril et du 1er mai (http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php ?article2387).

Nous vous appelons également à faire des 14 et 15mai deux journées de lutte pour la défense de l'emploi avecmanifestations, opérations labo morts et blocage des servicesadministratifs.