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Appels à contributions
Bibliothèques de cinéma / Esthétique des collections 

Bibliothèques de cinéma / Esthétique des collections

Publié le par Perrine Coudurier (Source : A. Pichon)

Bibliothèques de cinéma / Esthétique des collections

Presses Universitaires de Bordeaux

Ouvrage collectif - Appel à contributions

 

La collection « Lecteurs, Bibliothèques, Usages nouveaux » des Presses Universitaires de Bordeaux rassemble depuis 1995 des études consacrées aux usages des bibliothèques, aux changements survenus dans les pratiques professionnelles, aux évolutions institutionnelles, technologiques, architecturales, etc. 

Avec ce nouveau volume, la collection s’ouvre aux études cinématographiques en prenant pour objet la mise en scène des bibliothèques, archives et collections. 

 

Présentation

 

« Entre cinéma et littérature, “on est dans deux trains qui se croisent sans arrêt” », rappelait J.-L. Leutrat. À l’évidence, la place dévolue au livre dans nombre de films est un indice de cette affinité. Mais la présence d’un ouvrage à l’écran annonce aussi d’autres plaisirs et d’autres savoirs : elle évoque tour à tour le goût de l’imaginaire et celui des sciences, le progrès des connaissances et l’aura du mystère, le souci de la transmission et la forme ésotérique. La mise en scène des bibliothèques hérite de cette symbolique multiple, à laquelle s’ajoute celle de l’archivage et du nombre ; elle inscrit aussi la collection dans un espace double, à la fois architectural et mental, et dans une temporalité complexe.

L’histoire du cinéma recèle nombre de points de vue, singuliers et variés, sur l’organisation des fonds, la nature des collections, la création des établissements de lecture publique et leur évolution. La bibliothèque est, par exemple, le lieu d’un parfait et implacable classement dans le récent J. Edgar (2011) de C. Eastwood, alors que le jeu des fiches apparaît aberrant dans L’Ange (1983) de P. Bokanowski. Et si la bibliothèque s’ouvre à tous les publics dans Indiscrétions (G. Cukor, 1940), les archives de Citizen Kane (O. Welles, 1941) ou du Baron de l’Arizona (S. Fuller, 1950) sont quant à elles jalousement gardées.

Certains cinéastes ont été sensibles au fait que les bibliothèques n’abritent pas seulement une somme de volumes imprimés. Dans Toute la mémoire du monde (1954), Resnais rappelle que la Bibliothèque nationale conserve un grand nombre d’images (qu’il s’agisse de cartes, d’estampes ou de bandes dessinées), mais il transforme aussi la BN en labyrinthe peuplé d’imposantes statues. Jean-Louis Leutrat l’avait d’ailleurs bien noté : « la bibliothèque publique […] ne renferme pas seulement des livres mais encore des objets de musée ou des anges au travail ». Bien des bibliothèques sont ainsi vouées à abriter d’étranges occupants, fantomatiques ou démoniaques (Rendez-vous avec la peur, J. Tourneur, 1957), des livres mystérieux (Inferno, D. Argento, 1980) ou des activités fantastiques (le tarot de Céline et Julie vont en bateau, J. Rivette, 1974). 

Les longs couloirs et les travellings de Toute la mémoire du monde mèneront à ceux de Marienbad (1961) : le dédale du somptueux hôtel prolonge celui de la BN. Mais la métaphore du labyrinthe n’épuise pas les multiples dimensions de l’esthétique des archives. Fahrenheit 451 (F. Truffaut, 1966) offre ainsi l’image inédite d’une troupe d’hommes-livres gardant la mémoire des écrits disparus, et Notre musique (J.-L. Godard, 2004) montre une bibliothèque dévastée, celle de Sarajevo, où « des flux actuels viennent néanmoins dire, à leur manière, toute la mémoire du monde » (D. Coureau). Car les bibliothèques sont perpétuellement menacées : dans Sayat Nova, S. Paradjanov extrait ainsi la collection de son enceinte inondée et filme les livres étalés en plein vent. 

Face aux différents dangers qui la guettent, et en s’accordant aux évolutions techniques ou sociales, la bibliothèque se métamorphose pour perdurer. Mais les innovations ne convainquent pas toujours. À l’heure de l’informatique et de la vidéo, L. Moullet porte ainsi un regard amusé sur la vague des « médiathèques » (La valse des médias, 1987), et F. Lucchini incarne dans L’Arbre, le maire et la médiathèque (É. Rohmer, 1993) un farouche opposant à ces nouvelles structures. En revanche, lorsque R. Rossellini filme l’ouverture de la BPI (Beaubourg, 1977), la nouvelle mission d’auto-formation de l’établissement fait très probablement écho à son propre souci didactique. La date de ce dernier film constitue d’ailleurs un jalon symbolique dans l’histoire des échanges développés entre lecture publique et cinéma documentaire : Rossellini disparaît après avoir filmé la première bibliothèque française à s’être dotée d’une collection vidéo.

 

Nature des contributions

 

En analysant la mise en scène des collections ou des lieux de lecture, la présente publication veut mettre en évidence la richesse des formes filmiques qui sont nées de la fascination –  ou de la curiosité – que suscitent les bibliothèques, les hommes qui les fréquentent et ceux qui les organisent. Ce projet prolonge la recherche qu’avait initiée le numéro collectif « Lector in cinéma » de la revue Vertigo (1998) et le travail de recensement mené par A. M. Chaintreau et R. Lemaître dans Drôles de bibliothèques (1993).

Les contributions peuvent prendre la forme d’analyses monographiques. Sont en particulier attendues les études des films suivants : Toute la mémoire du monde (A. Resnais), Beaubourg (R. Rossellini), La Valse des médias (L. Moullet), Les Ailes du désir (W. Wenders), L’Arbre, le maire et la médiathèque (É. Rohmer), Through the Weeping Glass (S. et T. Quay).

Les contributions peuvent aussi aborder des problématiques plus générales dans le domaine de l’esthétique ou de l’histoire du cinéma. Les approches relevant de la bibliothéconomie ou de la sociologie des publics sont bienvenues si elles restent fondées sur une analyse des formes filmiques.

 

Les articles (30-35.000 signes) devront être rédigés en français et seront accompagnés d’un résumé (500-1000 signes).

 

Planning de la publication

 

Le comité scientifique invite les auteurs à communiquer leur proposition d’article (titre, résumé d’environ 2000 signes et courte notice bio-bibliographique) aux deux adresses suivantes : publication-lilipant@metiersdulivre-bordeaux.fr et alban.pichon@iut.u-bordeaux3.fr.

  • Remise des propositions : 15 décembre 2012
  • Premier avis du comité scientifique : 15 janvier 2013
  • Remise des articles : 1er mai 2013
  • Deuxième avis du comité scientifique : 1er juin 2013
  • Publication de l’ouvrage : premier trimestre 2014.

 

Comité scientifique

  • Jean-Yves de Lépinay (Forum des images / Images en bibliothèques)
  • Dominique Peignet (Médiathèque du Grand Angoulême)
  • Agence Ecla (agence de la région Aquitaine pour l'Ecrit, le cinéma, le livre et l'audiovisuel) représentée Olivier du Payrat
  • Christian Delage (Université Paris 8)
  • Didier Coureau (Université Grenoble 3)
  • Robert Bonamy (Université Grenoble 3)
  • Alban Pichon (Univeristé Bordeaux 3)

 

Contact

Alban Pichon

alban.pichon@iut.u-bordeaux3.fr

IUT Michel de Montaigne - Pôle des Métiers du livre

1 rue Jacques Ellul

33080 Bordeaux