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Beckett: écrans de silence - Beckett: Screens of Silence

Beckett: écrans de silence - Beckett: Screens of Silence

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Véronique Simon)

L' Université de Karlstad en collaboration avec le Collège universitaire de Dalécarlie et le Centre d'Études irlandaises de Falun, Suède, vous invitent à participer à deux journées de réflexion sur le thème :

Beckett : Écrans de silence – Beckett: Screens of Silence


les 1er et 2 décembre 2006 à l'Université de Karlstad



Samuel Beckett s'intéresse à des formes d'expression (théâtre, cinéma, télévision) où la voix joue un rôle important. Or il est souvent fait allusion à l'oeuvre de Beckett comme à une « littérature du silence ». Dans Molloy, Beckett écrivait : « Ne pas vouloir dire, ne pas savoir ce qu'on veut dire, ne pas pouvoir ce qu'on croit qu'on veut dire et toujours dire, voilà ce qu'il importe de ne pas perdre de vue dans la chaleur de la rédaction. » (Éditions de Minuit, 1957)
Le « ne pas vouloir dire » de Molloy glissera vers le silence apparent de la répétition, qui ne dirait « rien » de plus, vers les souffles de Bing :
« Murmure à peine presque jamais une seconde peut-être une issue. Tête boule bien haute yeux bleu pâle presque blanc bing murmure bing silence. Bouche comme cousue fil blanc invisible » (Éditions de Minuit, 1966).
Beckett censure sa propre voix lorsqu'il refuse de publier sa première pièce, Eleuthéria, qui sera éditée après sa mort (Éditions de Minuit, 1995). Godot est quant à lui par définition silencieux parce qu' « inexistant », et pourtant s'animent sur cet écran d'absence les ombres chinoises et le dialogue absurde de Vladimir et Estragon. À la fin de Godot, le silence s'amplifie dans les didascalies. Puis tombe l'immobilité : « "Allons-y". Ils ne bougent pas » (Éditions de Minuit, 1952). Les personnages de Beckett peuvent dans certains cas se réduire à des voix qui n'ont rien à dire. Dans L'Innommable (Éditions de Minuit, 1953), si les silences sont importants, la dernière capacité physique dont dispose Worm est la voix. Les dernières oeuvres sont courtes et intenses, comme si les mots, comme les jours, étaient comptés : c'est le cas par exemple de Mal vu mal dit (Éditions de Minuit, 1981).
Le silence serait la voix de l'anéantissement, « le rien du dire ». On assiste dans l'oeuvre de Beckett à un effacement des voix dans la mise en scène de l'absence : les silences servent-ils d'écran à une présence ou sont-ils aussi définitifs que celui auquel furent réduites les victimes d'Auschwitz ? Le bilinguisme est-il prétexte à silence, ou au contraire un décalage nécessaire à la création d'un sens « entre »? Le silence beckettien ne s'apparente-t-il pas à l'enfouissement d'une parole prête à resurgir ? Quel est le rôle de l'image, des écrans auxquels la parole cède du terrain dans l'oeuvre de Beckett ?

Ces journées d'études sont bilingues.

Une participation de 300 couronnes (environ 30 euros) est demandée aux participants pour les frais d'administration et les repas (pauses café, repas de midi et repas du soir le vendredi).

Cette conférence est subventionnée par les ambassades de France et d'Irlande en Suède, la ville de Karlstad, l'université de Karlstad et le collège universitaire de Dalécarlie, ainsi que l'Alliance française du Värmland



Programme

Première journée


8.30-9.30 Accueil

9.30-10.00. Discours de bienvenue :
Cristina Grenholm, doyenne de la faculté d'esthétique et de philosophie, prof. études genre et religion
Irene Gilsenan, maître de conférence, collège universitaire de Dalécarlie et Véronique Simon, maître de conférence, université de Karlstad

10.00-10.45 Présence de Beckett en Irlande et en France (bilingue)
Alexandre Defay, conseiller culturel, Ambassade de France en Suède
Barrie Robinson, Ambassadeur d'Irlande en Suède

10.45-11.00 Pause – café

Conférence française :

11.00-12.00. Prof. Bengt Novén, universités de Karlstad et de Stockholm,
« Samuel Beckett et ‘les splendeurs polyglottes' »

12.00-13.30 Lunch

13.30-14.30 Prof. Brigitte Le Cam, université de Bretagne occidentale,
« D'Euleutheria à Godot ou comment réussir l'échec »

14.30-15.30 Dr. Evdokia Kimoliatis, Paris
« Samuel Beckett : des histoires presque sans vie en attendant la mort »

15.30-15.45 Rafraîchissements

15.45-.16.45 Dr. Alain Chestier, université de Franche-Comté ( titre à confirmer)

English conference:

11.00-12.00 Prof Nicholas Grene (Trinity College Dublin):
“The Hibernicization of En Attendant Godot”

12.00-13.30 Lunch


13.30-14.30 Lotta Palmstierna Einarsson (université de Stockholm)
Voice as Self/ Not Self in two of Beckett's Short Plays”.

14.30-15.30 Dr Sinead Mooney (National University of Ireland, Galway) ‘”Others' Words”: Beckett, Ventriloquism,Translation'.


15.30-15.45 Rafraîchissements

15.45-.16.45 Brynhildur Róbertsdóttir Boyce (University of Reykjavik):
(“Im)possible worlds: Dissociated Sound in Beckett's Radio Drama.”

À 18.00, dîner



Deuxième journée


9.30-12.00 Séminaire bilingue, avec la participation des conférenciers (Bengt Novén, modérateur) et de Mark Troy, docent, maître de conférences, université de Karlstad. Voici l'énoncé anglais suivi d'une traduction, conférence bilingue...):

Samuel Beckett explained in an interview with Israel Shenker in 1956 that he discovered his vocation as a writer by opposing himself to his master James Joyce, whom he defined as “tending toward omniscience and omnipotence”. In contrast, Beckett is “working with impotence, ignorance”.[1] Many critics have in fact characterized Beckett's work by using notions such as “the art of the failure”, “absence”, “silence”, “the void”, “the impossible”… To what extent do these terms illustrate Beckett's work? What is the significance of “impotence” in Beckett's work? If Beckett's writing in many ways resembles an ascetic discipline, towards what would this discipline be oriented? What ultimate goal? A defeated language that brings to light the necessity of other means of communication, or perhaps, if the failure is successfully accomplished, that reveals another reality…?

Samuel Beckett expliqua un jour à Israel Shenker lors d'une interview qu'il avait découvert sa vocation d'écrivain en s'opposant à son maître James Joyce, qu'il définissait comme: "ayant une tendance à l'omniscience et à l'omnipotence". Le travail de Beckett, au contraire, se définit comme "travail de/avec l'impotence, de/avec l'ignorance" (ou s'y originant? NDLT). Bien des critiques ont en fait caractérisé l'oeuvre de Beckett en utilisant des notions comme "art de l'échec", "absence", "silence", "void, impossible à traduire, NDLT", "l'impossible"... Dans quelle mesure ces termes illustrent-ils l'oeuvre de Beckett? Que signifie l'"impotence" de Beckett? Si l'oeuvre de Beckett, à bien des égards, ressemble à une discipline ascétique, quel serait le sens de cette "discipline"? Quel en serait le but ultime? Un langage en déroute qui illustrerait la nécessité d'autres moyens de communiquer, ou, peut-être, si la défaite est un fait, un langage qui révèlerait une autre réalité?


12.00 Buffet léger, fin de la conférence.


Informations pratiques

Frais d'inscription: 300 SEK (30 €) (administration, pauses café, lunch, réception et dîner le vendredi soir). Date limite pour les inscriptions : 25 novembre 2006. Précisez s'il vous plaît si vous restez un ou deux jours. La conférence peut être validée comme formation continue pour les professeurs d'anglais et de français, éventuellement, en accord avec les universités partenaires, des validations ects peuvent être possibles. Pour plus d'information contactez :
Irene Gilsenan Nordin (DUCIS) ign@du.se
Véronique Simon (Département de français, université de Karlstad) veronique.simon@kau.se

Pour vous inscrire, suivez les instructions suivantes :
Envoyez à Irene Gilsenan ou Véronique Simon un courriel avec votre nom, qualification, adresse et numéro de téléphone, et payez les frais d'inscription (300 SEK, 30 Euros) à :

De Suède :
Karlstads universitet, Plusgiro 78 81 07-1, Bankgiro 5051-965
Marquez votre paiement de la mention “BECKETT”

De l'étranger :
Karlstad University
IBAN SE57 9500 6034 0788 1071
Nordea Bank AB
SE-105 06 Stockholm
BIC NDEASES
Marquez votre paiement de la mention “BECKETT”


Divers


Lieu de la conférence : université de Karlstad, maison 12

Logement : contactez l'Office du tourisme au +46(0)54-298400, tourist@karlstad.se ,
http://www.karlstad.se/turistinfo/turistinfo.shtml

En cas de problèmes particuliers contactez Véronique Simon, veronique.simon@kau.se ,
+46(0)54-7001378.

Transport: si vous êtes enseignant(e) en Suède et désirez voyager avec des enseignants de votre région, contactez-nous pour une liste des participants. L'université est située un peu en dehors de la ville. Le vendredi le bus no 54 va directement de la gare et du centre-ville à l'université (environ 10 mn.). Le samedi, prenez les bus no 32 ou 35 (environ 20 mn.).