Questions de société
Bataille sur le trésor immobilier des universités parisiennes (Le Monde, 21/03/08)

Bataille sur le trésor immobilier des universités parisiennes (Le Monde, 21/03/08)

Publié le par Marc Escola (Source : SLU)

Sur le site du Monde, cet article signé C. Rollot :

"Jean-Charles Pomerol, le président tout juste réélu de l'université Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, ne cache pas son irritation. Il estime être empêché de disposer des possibilités offertes par la nouvelle loi sur l'autonomie des universités. "Je n'aurai pas la dévolution immobilière car les énarques de Bercy ne veulent pas lâcher 13 hectares en bord de Seine", estime-t-il.

La loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU) prévoit que, dans un délai de cinq ans, toutes les universités accèdent à l'autonomie en matière de budget et de personnel, et qu'elles puissent, si elles le souhaitent, devenir propriétaires de leurs biens immobiliers.
Selon M. Pomerol, les conclusions d'un audit, rendu public fin mars et réalisé par l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche, sur son université montrent la réticence de l'Etat à céder le volet immobilier. "L'inspection répond par la négative sur le transfert de l'immobilier. Pourtant, si on avait eu un responsable du chantier de désamiantage de Jussieu, je suis persuadé que l'on aurait été plus efficace que l'Etat", note M. Pomerol. Son université, une des plus importantes de France, et la mieux classée à l'international, est au coeur d'un interminable chantier de désamiantage commencé en 1997 et qui devrait s'achever en 2013.

Cette frilosité de l'Etat ne devrait pas se limiter au cas de Paris-VI. L'ensemble du patrimoine immobilier universitaire s'élève à 18 millions de m2, dont une partie se situe au coeur des villes. Bien que souvent dégradé, ce parc représente à Paris un véritable trésor de guerre que la puissance publique n'est pas pressée de transférer à titre gratuit aux universités.

UN ÉDIFICE, DEUX PROPRIÉTAIRES

L'université de Paris-II-Panthéon-Assas dispose ainsi de près de 50 000 m2 au coeur de la capitale sur les 5e, 6e et 7e arrondissements. L'ensemble de la Sorbonne (Paris-I, Paris-III et Paris-IV) s'étend sur une multitude de sites, dont plusieurs au coeur du quartier latin. L'université Paris-Dauphine, elle, occupe 55 000 m2 en plein 16e arrondissement...
A ces freins politiques, s'ajoutent des difficultés dues à la spécificité parisienne. Dans la capitale, à côté de l'Etat, des acteurs comme la Ville de Paris ou l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris sont aussi propriétaires de locaux universitaires. Les bâtiments historiques de la Sorbonne appartiennent, par exemple, à la ville de Paris. Et le même édifice peut avoir deux propriétaires différents, comme à Paris-II. "La partie ancienne de mon bâtiment principal, place du Panthéon, appartient à la Ville de Paris, et la partie neuve à l'Etat, explique son président, Louis Vogel. Il me sera donc impossible de récupérer ce site." — Catherine Rollot