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Autour de la parenthèse (Jendouba)

Autour de la parenthèse (Jendouba)

Publié le par Marc Escola (Source : Lassaad Oueslati)

Appel à communication

2ème Colloque international du département de français

 

ISSHJ, Université de Jendouba

2-4 mars 2016

Institut Supérieur des Sciences Humaines de Jendouba

 

Autour de la parenthèse

 

Inventé dès le XIVe siècle, le mot « parenthèse » désignait d’abord une figure de rhétorique, peu appréciée du reste, qui consiste à insérer une phrase au sein d’une autre phrase. Le mot « parenthèse » désigne aussi bien le signe de ponctuation (emploi du pluriel) que la séquence phrastique incise.

La phrase parenthétique se caractérise par son autonomie syntaxique par rapport à la phrase cadre. Elle serait, lit-on souvent, non indispensable. Son intrusion aux cœurs de la phrase française qui se veut rigoureuse a pu être considérée par certains comme « parasitaire », consacrant la « faillite du discours », par d’autres. Montaigne, en tout cas, n’est pas de cet avis. Il en appelle à Platon. « J’aime l’allure poétique, à saut et à gambade », reconnaît-il. De fait, on ne peut départir la parenthèse du paradigme de « l’excursion, de l’incursion ou du voyage » (Randa Sabry) pour dire autrement les « gaillardes escapades » évoquées par Montaigne.

La tendance à ouvrir des parenthèses est une constante significative  dans le roman moderne et contemporain. Bien plus chez certains auteurs, le segment parenthétique en tant qu’expansion,  peut inverser la hiérarchie et prendre le statut de prédicat prioritaire aux dépens du noyau.

 

Les communications pourront porter, à titre indicatif, sur :

Axe I : Le statut syntaxique de la parenthèse 

Au niveau syntaxique, la parenthèse, définie comme un fragment discursif dont les dimensions sont très variables (allant d’un mot à un très long fragment, se déclinant en incise, incidente, apposition, etc.), suscite de nombreuses questions : quel est le statut de l’élément parenthétique ? Y a-t-il une hiérarchie syntaxique entre la parenthèse et le discours dans lequel elle est insérée ? Quelles sont les limites syntaxiques de la parenthèse ? Comment peut-elle servir à la structuration du texte ? Joue-t-elle le même rôle que les connecteurs qui structurent, eux aussi, le texte ?

 

Axe II : La dimension orale du fragment parenthétique 

A l’oral, la parenthèse est marquée par la pause, le groupe rythmique, la prosodie de façon générale. Elle est ainsi une question de mouvement situé dans le temps, donc de rythme et de prosodie.  La parenthèse peut également rappeler l’origine du Verbe et ancrer la situation énonciative dans l’ici et le maintenant grâce aux adresses au lecteur. Elle peut remplir une fonction purement phatique et serait dans ce sens l’expression d’un besoin d’immédiateté physique et spatio-temporelle. Elle est mimétisme nostalgique d’une situation énonciative orale (première). Celui qui parle a besoin de silence pour respirer. Celui qui écoute aussi. Le silence permet de saisir la parole et la parole de rythmer le silence.

 

Axe III : La dimension énonciative de la parenthèse

Au niveau de l’énonciation, la parenthèse marque une des « traces » dans l’énoncé de l’acte de production. Elle peut être un commentaire métalinguistique, une certaine modalisation de l’acte d’énonciation ou tout simplement une distanciation par rapport au contenu de l’énoncé. Un tel fonctionnement de la parenthèse peut correspondre à l’incise, à l’incidente, à l’apposition explicative, à la digression, etc.

 

Axe IV : Apport(s) sémantique(s) de la séquence parenthétique

Au niveau du sens, quel impact a la parenthèse sur le sens global du discours dans lequel elle est insérée ? S’agit-il d’une prédication seconde ou d’une connexion transphrastique ? Quelles sont les principales valeurs sémantiques que peuvent exprimer les fragments de la parenthèse? Quel rôle sémantique joue la parenthèse dans le discours métalinguistique notamment dans le discours spécialisé ? Les exemples dans le discours métalinguistique sont-ils une parenthèse ?

 

Axe V : Les fonctions diégétiques de la parenthèse 

Ouvrir une parenthèse dans un récit d’événements signe une pause, introduit une description, un portrait (que certains lecteurs de Balzac sauteraient volontiers). La parenthèse serait un « élément retardant » selon Spiltzer, commentant l’esthétique parenthétique de Proust.

Au niveau des relations temporelles, la parenthèse peut convoiter le statut anachronique : elle est prolepse ou analepse selon les nécessités et les enjeux du récit (Gérard Genette). Temps perdu ou temps retrouvé, la parenthèse sollicite la mémoire.

 

Axe VI : La dimension phatique du discours 

Elle est dans ce cas ce que Maurice Blanchot appelle « parole non parlante ». « L’essentiel, ce n’est pas que tel homme s’exprime et tel autre entende, mais que, personne en particulier ne parlant et personne en particulier n’écoutant, il y ait cependant de la parole et comme une promesse indéfinie de communiquer, garantie par le va-et-vient incessant de mots solitaires», nous dit-il. Elle est en cela une « activité exclusivement relationnelle », exprimant dans ses courbes, le désir de l’autre. Elle réclame non seulement son attention mais sa sympathie. Le sujet scripteur soulève, à travers la parenthèse, la question de l’altérité qui est au centre même du projet littéraire.

 

Axe VII : La parenthèse comme parole libre

La parenthèse peut être parole digressive, souvent définie comme « partie du discours qui n’est pas vraiment nécessaire ». Elle est bavardage dès qu’elle est parole « démuni(e) de situation énonciative causale » (Pierre Van Den Heuvel). Elle est peur de la mort et trouve en cela sa causalité, sa nécessité profonde dans son essence même : « doux bruissement humain en nous, autour de nous » (Maurice Blanchot). Mais au-delà du contenu, la parenthèse peut relever de l’esthétique du fragment. Peu importe ce qu’elle énonce, du moment qu’elle crée la discontinuité, autant de déchirures qui empêchent le texte d’être le « monstre de la totalité », la parole totalitaire étant une parole « sans vide » (Roland Barthes).

 

Axe VIII : La parenthèse comme foyer de l’indicible 

Parler par parenthèse, c’est toujours parler, n’en déplaise aux esprits carrés. C’est surtout dire ce que la phrase/réflexion « linéaire », prosaïque, dirait Montaigne, serait gênée de dire. La parenthèse peut exprimer le rêve fondamental du conteur : tout dire. De Rabelais à Beckett, sa présence renvoie de façon oblique à la question de l’insuffisance du langage, des mots. Elle serait dans ce sens l’expression d’une angoisse : le silence signé par la fin du récit. Aussi le discours parenthétique peut contenir la parole insidieuse, impertinente qu’un puriste lecteur sauterait sans autre forme de procès. Il peut au contraire accueillir les confidences et les affects (Georges Perec). Entre ces deux extrêmes, la parenthèse peut introduire méthodiquement un exemple ou un précis linguistique.

 

Axe IX : Le rapport lecteur/parenthèse 

Mais, au final, à qui appartient la parenthèse ? au lecteur, sans doute, répondrait Jacques Drillon. Alors, dans ce cas, s’agissant des parenthèses herméneutiques, pourquoi le lecteur a-t-il l’impression que l’auteur empiète sur son rôle ou, du moins, le prend-il trop par la main ? N’est–elle pas le signe d’une impossible séparation entre l’Auteur et l’Œuvre ? Ne consacre-telle pas un espace disputé par deux intelligences qui s’attribuent (exclusivement ?) le travail de l’interprétation ? 

 

Renseignements pratiques

Le colloque se déroulera du 02 au 04 mars 2016, à l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Jendouba (Université de Jendouba):

Adresse postale : Avenue Ettihad El Maghreb El Arabi, route Ain Draham, 8180 Jendouba Nord

BP. N°104 Jendouba Nord   Tel. 78 610 202/ Fax : 78 610200


Site Web: www.isshj.rnu.tn

Les communications, en français, en arabe et en anglais, dureront 20 minutes chacune et feront l’objet d’une publication académique, après avis d’un comité scientifique international. Les propositions, accompagnées d’un résumé et d’une courte notice biographique (500 mots maximum, 3000 signes), sont à adresser avant le 30 octobre 2015 par e-mail à l’adresse suivante :

colloqueparenthesejendouba16@gmail.com

La réponse du comité scientifique est prévue pour le 15 décembre 2016, au plus tard. Des lettres d’invitation seront envoyées aux auteurs des communications retenues par le Comité scientifique.

Droit d’inscription

Les participants sont redevables d’un droit d’inscription forfaitaire de 80 euros (ou leur équivalent en dinars tunisiens). Ce droit d’inscription inclut : le programme du colloque ; le recueil des résumés et un exemplaire des actes édités.

Un programme touristique et culturel dans les régions de Bella Régia et Tabaraka est envisageable sur inscription préalable.