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Autour de L'Imaginaire de Jean-Paul Sartre : phénoménologie, esthétique, littérature

Autour de L'Imaginaire de Jean-Paul Sartre : phénoménologie, esthétique, littérature

Publié le par Marielle Macé

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Autour de L'Imaginaire de Jean-Paul Sartre : phénoménologie, esthétique, littérature


Jeudi 10 février 2011
Université Lille 3

Organisée par Philippe Sabot (Lille 3/UMR 8163) et Nathanaël Masselot (Lille 3/UMR 8163)

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En 1940, Sartre publiait L'Imaginaire, résultat partiel d'une ambitieuse étude consacrée à la Psyché, où il déployait une "phénoménologie" de l'image. De celle-ci, Sartre captait d'abord la richesse : la famille de l'image englobe le portrait, la caricature ; elle engage une compréhension du signe dans les dessins schématiques encore. Par ces différents aspects, Sartre en venait à préciser son rôle dans la vie psychique, en convoquant le statut de l'observateur dans la situation d'images "hypnagogiques" par exemple, analysées comme altération affective du sujet psychique, ouvrant la voie à une caractérisation eidétique de ses propriétés et de son sens.Par l'étude de l'image, Sartre a proposé de comprendre la liaison du sujet au monde :face au réel, comme face à l'irréel, la conscience est toujours "intention vers quelque chose",sollicitant une compréhension de l'agencement de la vie de conscience : comment les images mentales s'agencent-elles avec la perception de la réalité ? En posant cette question, Sartre ne convoque rien de moins qu'une compréhension doxique des actes de la conscience, une caractérisation de ce qui, dans la conscience, constitue le monde, de ce que signifie la possibilité d'un « monde imaginaire », thèmes étonnamment proches des recherches husserliennes dont les manuscrits sur l'imagination ne sont parus qu'en 1980 dans le tome XXIII des Husserliana. Le cas du rêve figure au nombre de ces analyses fécondes : il dévoile une fiction "envoûtante" à laquelle la conscience se lie.En tentant de saisir ce que signifie pour une conscience d'être capable d'imaginer,Sartre découvre que l'image n'est pas une chose mais une conscience, et que cette faculté imageante n'a rien de contingent. Au contraire, elle se révèle sur fond d'une conscience néantisante qui se découvre "néant de soi-même par rapport au monde" en même temps qu'elle découvre le "néant du monde par rapport à soi". Pour en rendre compte, Sartre va jusqu'à spécifier le cogito cartésien selon l'acte de pensée qui le régit : si je peux penser que j'existe pensant, écrit Sartre, c'est aussi bien dans la mesure où j'existe percevant que dans la mesure où j'existe imaginant. Sartre ira jusqu'à envisager la fonction de l'image dans l'oeuvre d'art : ceci ne peut manquer d'attirer l'attention du lecteur qui sait combien, du point de vue de la psychanalyse existentielle, la mise en image du monde par un Proust ou par un Flaubert nous révèle la situation de son auteur et l'usage de sa liberté face à la contingence.Loin d'être fortuite, la fonction imaginaire caractérise la conscience dans son être et découvre à sa source "la néantisation du monde comme sa condition essentielle et comme sa structure première". Elle nous offre une clé d'accès aux thèses de L'Etre et le néant et met en perspective un problème phénoménologique intensément débattu au sein de la philosophie française du début du XXe siècle et encore inépuisé. Avec L'Imaginaire, Sartre oppose à la philosophie « immanentiste » (Brunschvicg, Lalande ou encore Meyerson), aussi bien qu'à la tradition psychologique contemporaine, la possibilité d'une philosophie de la pure transcendance, où tout serait dehors. L'Imaginaire est l'étape ultime avant la radicalisation opérée en 1943 et nous offre un terrain privilégié pour en mesurer l'écart et en interroger la légitimité.Cette journée aura pour objectif de revenir sur l'importance de l'Imaginaire. On envisagera les perspectives ménagées tant au sein des réflexions sartriennes – que ce soit vis-à-vis d'une réflexion critique esthétique ou littéraire, en particulier celle menée par le"dernier" Sartre – que pour l'intérêt philosophique général d'une réflexion sur l'imaginaire. On se proposera en particulier d'en souligner la relation étroite avec le traitement husserlien.

PROGRAMME


Président de séance : Philippe Sabot


10h Vincent de Coorebyter

De Husserl à Sartre : la structure intentionnelle de l'image dans L'Imagination et dans

L'Imaginaire


11h Nathanaël Masselot

L'unité imaginaire : le problème de l'unité dans la phénoménologie et l'ontologie sartriennes


Président de Séance : Nathanaël Masselot


13h30 Philippe Sabot

De L'Imaginaire à L'Idiot de la famille : la tentation de l'irréel


14h30 Roland Breeur

Un peu de temps à l'état pur. Quelques remarques sur le temps imaginaire


15h30 Bernard Sève

L'Imaginaire et la musique. Jean-Paul Sartre, Roman Ingarden

et Boris de Schloezer


16h45-18h Table ronde

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Info : nathanael.masselot@univ-lille3.fr