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Autoréfèrence (et paradoxes) de l'art

Autoréfèrence (et paradoxes) de l'art

Publié le par Alexandre Gefen

 AUTOREFERENCE (ET PARADOXES) de l'ART (Rhétoriques des Arts, XII)

Colloque organisé par le CICADA (Université de Pau, Salle Chadefaud)

**JEUDI 5 décembre**

*APRES-MIDI* (Président:Ronald SHUSTERMAN)

16h00: Jean-Gérard Lapacherie (Université de Pau) "Structure et autoréférence"

16h45: Jean Arrouye (Université de Provence) "La photographie comme moyen d'autoréférenciation: Charles Sheeler"

17h30: Pause

17h45: Michel Costantini (Université Paris VIII) "Que sont nos autotèles devenus? Quelques questions sur la pertinence de certaines catégories jakobsoniennes"

18h30: Jean-Louis Leutrat (Université Paris III) "Autoréférence dans l'oeuvre de Jean-Daniel Pollet"

**VENDREDI 6 décembre**

*MATIN* (Présidente: Marie-Pierre GAVIANO)

8h30: Ronald Shusterman (Université Bordeaux III) "Ceci n'est pas mon titre: les trahisons de l'(auto)référence"

9h15: Isabelle Thomas-Fogiel (Université Paris I) "Réflexivité spéculative et auto-référence artistique"

10h00: Pause

10h15: Bernard Vouilloux (Université Bordeaux III) "Fido, 'Fido', le canard et le lapin"

11h00: Sophie Duval (Université Bordeaux III) "L'art du tailleur d'images : un point de détail autoréférentiel au revers du texte proustien"

*APRES-MIDI* (Président: Bernard VOUILLOUX)

14h15: Itzhak Goldberg (Université Paris X) "Réalité/Installation/réalité"

15h00: Jacques Morizot (Université Paris VIII) "Tautologie et appropriation (remarques sur les origines de l'art conceptuel)"

15h45: Pause

16h00: Suzanne Liandrat-Guigues (Université Paris VII) "Cinéma et sculpture, une paradoxale autoréflexivité dans les films des années 60"

16h45: Cécile Croce (Université Bordeaux III) "Derrière l'énigme de la surface du miroir"

**SAMEDI 7 décembre**

*MATIN* (Président: Jacques DÜRRENMATT)

9h00: Bertrand Rougé (Université de Pau) "Pourquoi les crânes rient"

9h45: Dominique Clévenot (Université de Toulouse-Le Mirail) "L'abîme des miroirs. De Las Meniñas de Vélasquez à Present Continuous Past(s) de Dan Graham"

10h30: Pause

10h45: Anne-Marie Christin (Université Paris VII) "De la poétique du blanc à l'écriture des choses: autoréférence picturale et création chez Edouard Manet"

*APRES-MIDI* (Président: Jacques MORIZOT) (Salle du Conseil de la Faculté des Lettres)

14h00: Jacques Dürrenmatt (Université de Toulouse-Le Mirail) "La note comme lieu d'autoréférence"

14h45: Marie-Pierre Gaviano (Université de Franche-Comté) "Les Essais: comble de l'autoréférentialité?"

15h30: Pause

15h45: Marie-Dominique Popelard (Université Paris III) "L'impossible autoréférence"

16h30: Débat

************************************************ Autoréférence (et paradoxes) de l'art

Depuis au moins "l'art de l'art" maniériste (R. Klein) jusqu'à l'art conceptuel exposant des textes sur des questions de définition de l'art, en passant par "l'art pour l'art" et les divers aspects de "l'art sur l'art", les ¦uvres artistiques semblent diversement fondées sur un socle sui-référentiel et réflexif que l'art moderne, puis l'art postmoderne sur un mode différent, se sont employé à mettre au jour, à questionner, voire à exploiter formellement. (D'une certaine manière l'abstraction, aussi bien que la musique ou l'architecture, serait sans doute à bien des égards l'exemple paradoxal de cette autoréférentialité à l'¦uvre.)

La question de l'autoréférence trouve sa source dans certains paradoxes anciens dont la théorie des ensembles a fourni une illustration dans l'histoire des mathématiques et de la logique. Comme le montrent les difficultés que Russell et Whitehead ont voulu surmonter, la question de savoir si l'ensemble de tous les ensembles est membre de lui-même échappe à toute réponse stable: on ne peut pas savoir si le catalogue de tous les catalogues d'une bibliothèque est lui-même un catalogue de la bibliothèque. Le propos de ce colloque sera d'explorer les potentialités de ces paradoxes et de ces formes d'indécidabilité, dans leurs rapports avec l'analyse, la production, les définitions et auto-définitions de l'art, que ce soit dans une perspective théorique et esthétique générale ou à travers l'analyse détaillée du "fonctionnement"-auto-référentiel, paradoxal, voire auto-inclusif et néanmoins productif-d'¦uvres singulières

Il convient, dès lors, de s'interroger sur la manière dont la question du paradoxe autoréférentiel peut fonder la démarche artistique. Si, comme l'écrit Russell, "tous les paradoxes logiques présentent une sorte de référence à soi réflexive," l'on ne peut que se demander si ne peut se définir ainsi le lieu de l'art-ou "le lieu de l'¦uvre," pour reprendre le titre d'un colloque précédent du CICADA-, lieu lui-même si souvent paradoxal, aux confins problématiques de l'expression de soi et de l'exploitation réflexive et critique de tous les paradoxes (notamment les rapports vrai/faux, réel/fictif, mais il conviendra sans doute de se demander quels autres). Autoréférence et réflexivité, représentation de soi et mise à distance (ou en abyme), objectivation et subjectivation semblent donc ainsi paradoxalement et contradictoirement associés, par l'entremise de l'autoréférence et de la réflexivité, en de mutiples objets, sujets ou projets d'art qu'il conviendra d'analyser.

C'est dans cette perspective autoréférentielle qu'il conviendra donc d'étudier une multitude de questions et d'exemples possibles, tant l'art semble définir son champ à l'intersection presque "naturelle" du paradoxe et de l'autoréférence: autobiographie, autoportrait, déictiques, auto-définition de l'¦uvre, opacité réflexive de la représentation (Louis Marin), auto-critique de l'art, dimension autoréférentielle de la citation, du readymade, de la recontextualisation ou du "monde de l'art."

Mais l'on ajoutera également-autre paradoxe-que cette évolution, en même temps qu'elle semble être la condition d'une autonomisation de l'¦uvre d'art et donc de l'identification et de la définition de l'¦uvre d'art comme telle-dimension dont il faudra explorer les mécanismes à travers l'analyse d'¦uvres précises autant que par une approche théorique-, contribue également à renforcer le discours sur la fin de l'art, ou la fin de son histoire, ainsi qu'en témoigneraient les thèses d'Arthur Danto pour qui, en fin de compte, la fin de l'art commence dès lors que l'art devient, en quelque sorte, philosophiquement conscient de lui-même-c'est-à-dire autoréférentiel et réflexif.

A travers ces mutiples possibles et ses prolongements divers, l'autoréference paraît donc une voie d'accès privilégiée, quoique exigeante, pour questionner les ¦uvres d'art particulières, mais aussi l'art en général, dans sa dimension historique, aussi bien qu'esthétique ou poïétique.