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Authentique artifice. 3e Congrès international de l’International Society for Intermedial Studies

Authentique artifice. 3e Congrès international de l’International Society for Intermedial Studies

Publié le par Marc Escola (Source : Marcello Vitali-Rosati)

(Call for paper in English below)

 

Authentique artifice

3e Congrès international de l’International Society for Intermedial Studies

Université de Montréal, 18-22 mai 2017

 

Née dans le sillage de la « grande conversion numérique », la réflexion intermédiale traite de phénomènes qui remontent bien au-delà des années 1980 (certains sont même aussi vieux que les plus anciens médias). Si la réflexion intermédiale est donc relativement récente, la dynamique intermédiale qu’elle met au jour est, quant à elle, plus que millénaire. L’apport majeur de la réflexion intermédiale est d’ouvrir des perspectives radicalement nouvelles sur des problématiques qui occupent la pensée occidentale depuis ses origines grecques.

Le titre paradoxal de ce colloque, « Authentic Artifice / Authentique artifice », en est l’expression. Il invite à un questionnement sur les systèmes d’oppositions qui déterminent encore, pour une bonne part, notre approche des pratiques médiatiques – ce qui, d’un point de vue intermédial, inclut les pratiques artistiques, littéraires et, plus globalement, communicationnelles. 
Ainsi, alors que les technologies interviennent dans tous les aspects de la vie quotidienne et qu'elles s'insinuent à l'intérieur même du corps humain, notre culture reste étrangement hantée par une certaine conception de l’authenticité qui s’appuie sur une mythologie de la présence. Cette présence peut être comprise comme une convergence du temps et de l'espace, comme un partage de l'ici et du maintenant. Elle serait la marque de l'authenticité, elle assumerait une sorte de valeur morale, insaisissable et pourtant très claire pour tous. La présence serait du côté de l'immédiateté, de la naturalité, de la vérité.

Mais très rapidement, l’idée de présence s’est définie par opposition à celle de médiation et, plus généralement, à toute forme d’intervention technologique. L'industrie des technologies de reproduction elles-mêmes, particulièrement l'industrie du disque, loin de s'opposer à cette conception de la présence, a au contraire fondé sa stratégie de développement commercial sur elle, en recourant aux concepts de fidélité puis de haute-fidélité (Hi-Fi). Ses efforts n’ont qu’un but : minimiser la trace de la médiation technologique et donner à l'observateur l'impression d'être en présence de ce qui lui est représenté par divers moyens reproductifs. C'est ce que Bolter et Grusin appellent la transparence. Ainsi, le culte de la présence aurait mené à une pratique d'effacement de toute trace de médiation : plus la médiation est occultée, plus il y a transparence, plus on se rapprocherait d'une présence réelle, voire « naturelle » et authentique. Mais la fin du monopole du régime représentationnel dans les arts, au courant du XXe siècle, le développement de la pensée intermédiale et la poussée performative, qui marquent le tournant du XXIe, remettent en cause tous ces concepts et leurs fondements idéologiques. Ils mettent également en lumière les processus de médiation qui produisent une autre forme d’authenticité, de nature hypermédiate cette fois. Par exemple, on peut voir dans certains phénomènes brechtiens de la distanciation l’authenticité de la fabrique du spectacle théâtral. Il découle de tout cela la nécessité de redéfinir l’authenticité et la présence ainsi que les valeurs qui leur sont attachées.

Le colloque « Authentic Artifice / Authentique artifice » propose une réflexion sur les rapports complexes qui lient authenticité et médiation, sur les valeurs et modalités qui leur sont historiquement attachées de même que celles qui sont les leurs aujourd'hui.

Cette réflexion est organisée en fonction des quatre axes suivants : 
1. Perspectives théoriques et historiques : analyses intermédiales des discours sur l’authenticité et sur la médiation. Quels sont les fondements philosophiques, moraux, socio-économiques de la pensée de la présence et de l’authenticité ? Quels systèmes interprétatifs sont mobilisés ? Quelles différentes idéologies peut-on identifier ? 
2. Perspectives dynamiques : la question de l’authenticité et le passage du paradigme représentationnel au paradigme performatif. Quelles sont les alternatives théoriques aux oppositions entre médiation et immédiateté ?  
3. Perspectives esthétiques : les manifestations de la présence et les modalités de la médiation. Analyse d’expériences artistiques ou de pratiques esthétiques qui adoptent ou défient l’idéologie de l’authenticité : de l’emploi des filtres dans les images numériques ou les enregistrements sonores, à l’hypermediateté (hypermediacy) et aux différents d’artifices qui tendent à se montrer ou à s’effacer. 
4. Perspectives magiques : les spectacles modernes de magie, ou « arts trompeurs », qui apparaissent dans la deuxième moitié du XIXe siècle grâce aux progrès de la technologie et continuent d’attirer les foules aujourd’hui, relèvent des perspectives esthétiques mais présentent un cas si extrême d’authenticité de l’artifice qu’un axe leur est consacré. Ces spectacles, fondés sur l'artifice de l'illusion, misent sur la « vérité de l'expérience » et sur le paradoxe du spectacle d’une médiation qui se dérobe toujours au regard du spectateur. 

Date limite de réception des propositions de communications ou de démonstrations : 12 septembre 2016 
Réponse du Comité scientifique : 1er octobre 2016 

Les communications sont des présentations théoriques, les démonstrations comportent une dimension pratique. La langue du colloque est l'anglais.
Les séances thématiques sont constituées d’au moins 3 propositions de présentations théoriques ou démonstrations portant sur un thème spécifique et soumises par un groupe. Les séances ouvertes sont établies par le Comité organisateur en fonction des propositions individuelles de communications reçues. 

Les propositions doivent comprendre : 
• Une présentation sommaire de 300 mots (2000 caractères) 
• Un bref cv comprenant l’affiliation professionnelle, les derniers postes occupés, le dernier diplôme obtenu (date), une liste des plus récentes publications. 
Prière de les soumettre à l’adresse : authenticartifice@gmail.com 

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Authentic Artifice : International colloquium

Intermedial studies were born in the wake of the “digital revolution” but they investigate phenomena that extend back well beyond the 1980s, in some cases to the very dawn of media. So while the field is relatively new, the intermedial dynamics it explores are more than a thousand years old. The main contribution of intermedial studies has been to open up radically new perspectives on questions that have occupied Western thought since its classical origins.

The paradoxical title of this conference, “Authentic Artifice,” reflects this new take. It calls into question the systems of oppositions that still largely define our approach to media practices, which from the intermedial point of view include artistic and, more generally, communicative practices.While technology is embedded in every aspect of daily life and is even insinuating itself into the human body, our culture remains strangely haunted by a conception of authenticity rooted in the myth of liveness. Liveness may be understood as the convergence of time and space, the confluence of the here and the now. It is regarded as the touchstone of authenticity, assuming a kind of moral value, ineffable and yet evident to all. Liveness is bound up with immediacy, naturalness, truth.

But liveness quickly came to be defined in opposition to mediation and, more generally, to any form of technological intervention. Far from resisting this conception, the technological reproduction industries, and particularly the recording industry, made it the basis of their marketing strategies, touting the “fidelity” and “high fidelity” (hi-fi) of their products. Their efforts sought to efface any trace of technological mediation and give the listener or viewer the impression of actually being in the presence of the work that had been reproduced, creating the sense of immediacy that Bolter and Grusin call “transparency.” The cult of liveness therefore spawned practices aimed at the erasure of any hint of mediation: the more mediation is concealed, the greater the transparency and the closer we are to real, authentic, “natural” liveness. But the end of the monopoly of the representational mode in the arts in the 20th century, the development of intermedial thinking and the rise of performativity at the turn of the 21st century challenge all these concepts and their ideological foundations. They also lay bare mediation processes that produce another form of authenticity, one that is hypermediated. For example, some Brechtian techniques can be seen as ways to distance the workings of a theatrical performance from authenticity. Hence the need to redefine authenticity, liveness and the values attached to them.

The Authentic Artifice conference will consider the complex relationship between authenticity and mediation, the values and uses that historically have been associated with them, and those joined to them today in mediatic, artistic and literary practice. 
This discussion will be organized around the following four themes: 
1. Theoretical and historical perspectives: intermedial analyses of discourses about authenticity and mediation. What are the philosophical, moral and socioeconomic underpinnings of thinking about liveness and authenticity? What interpretive systems are deployed? What ideologies come into play? 
2. Changing perspectives: the question of authenticity and the paradigm shift from representational to performative. What are the theoretical alternatives to the mediation / immediacy opposition? 
3. Aesthetic perspectives: manifestations of liveness and pathways of mediation. Analysis of artistic experiments and aesthetic practices that embrace or defy the ideology of authenticity, from the use of filters in digital images and recordings to hypermediacy and all the varieties of artifice that may be foregrounded or concealed. 
4. Magical perspectives: The modern magic show, or the “deceptive arts / arts trompeurs,” appeared in the second half of the 19th century thanks to technological progress and continues drawing crowds to this day. It could be categorized under aesthetic perspectives but is such a limit case of authentic artifice that it is worthy of a separate theme. Magic shows revolving around artifice and illusion play on the “truth of experience” and the paradox of witnessing a mediation that always eludes the spectator’s gaze.

Deadline for proposals for papers or demonstrations: September 12, 2016 
Scientific Committee decision: October 1st, 2016
Papers are theoretical presentations; demonstrations include a practical dimension. 
Papers are theoretical presentations; demonstrations include a practical dimension. 
Curated panels include more than 3 papers/demonstrations submitted by a group on a specific theme. Open panels will be set up by the organizing Committee and include individual submissions.

Proposals (in english) should include: 
• A 300-word abstract (2,000 characters) 
• A brief CV listing professional affiliation, recent positions, highest degree earned (with date), recent publications. 
Please send proposals to : authenticartifice@gmail.com