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Auteur, y es-tu ? Devenirs de l'auteur de bande dessinée dans les pratiques transmédiatiques

Auteur, y es-tu ? Devenirs de l'auteur de bande dessinée dans les pratiques transmédiatiques

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Marion Lejeune)

Auteur, y es-tu ?

Devenirs de l'auteur de bande dessinée dans les pratiques transmédiatiques

 

Vendredi 23 Mai 2014
Auditorium du Musée de la Bande dessinée 
121 rue de Bordeaux, Angoulême

 

Une journée d’étude organisée par les élèves du Master BD de l’École Européenne Supérieure de l’Image (EESI) et l'Université de Poitiers, sous la supervision d'Elsa Caboche, Marion Lejeune et Anaïs Guilet, en partenariat avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.

 

Le mot transmedia, et non le concept, a été inventé par le théoricien des médias Henry Jenkins en 2003, dans un article pour la Technology Review1. Il développe l’idée d’une narration transmédiatique, qu’il popularisera en 2006 dans son essai Convergence Culture, Where Old and New Media Collide2. Il y aborde la triple convergence des usages, des technologies et des contenus. Selon Jenkins,

A transmedia story unfolds across multiple media platforms with each new text making a distinctive and valuable contribution to the whole. In the ideal form of transmedia storytelling, each medium does what it does best—so that a story might be introduced in a film, expanded through television, novels, and comics; its world might be explored through game play or experienced as an amusement park attraction.3

De manière très générale, toute œuvre ou produit de divertissement peuvent être considérés comme étant transmédiatiques à partir du moment où ils recourent à la combinaison de différents médias pour développer un propos ou un univers de fiction. Chaque média (télévision, Internet, téléphone mobile, radio, livre, jeu vidéo, etc.) propose un contenu idoine mais relié à l’ensemble.

 

Pour Jenkins, la transmédiatisation procède d’une logique d’expansion. Les différents éléments peuvent aussi être explorés et compris indépendamment les uns des autres, ils permettent autant de points d’entrée dans l’œuvre. Les dispositifs transmédiatiques sont aujourd’hui souvent assimilés à leur exploitation par les franchises commerciales. Wakfu en serait l'exemple, univers de fiction tiré du jeu vidéo Dofus développé par Ankama, il est déployé à la fois en bande dessinée et en série animée. Dans le cas de Wakfu, plusieurs auteurs travaillent sur les différents médias mais un auteur en particulier tient lieu de point de référence et de coordination entre les récits et est garant de la cohérence de l'univers.

 

C’est aux questions d’autorité, face à cet univers en expansion et à la pluralité des médiatisations caractéristiques des pratiques transmédiatiques, que nous souhaiterions consacrer cette journée d’étude. Il semble en effet nécessaire d’interroger la notion même d'auteur de bande dessinée dans ce contexte de création spécifique.

La question de l’autorité est déjà complexe dans le cas de la bande dessinée, les modèles différant d'un pays à un autre et d'une pratique à une autre, de la bande dessinée dite « d'auteur » en France, caractérisée par un travail essentiellement solitaire (chez des bédéistes comme Vincent Fortemps ou Alex Barbier par exemple), à certains mangaka japonais qui délèguent les tâches à toute une équipe d'assistants. S’intéresser à la bande dessinée à l’aune de cette pratique spécifique qu’est le transmédia nous permettra d’interroger sous un angle nouveau la question même de l’autorité en bande dessinée.

 

La journée d'étude pourrait s'articuler autour de trois axes principaux:

  • L’auteur de bande dessinée peut rester seul maître dans la création de variantes transmédiatiques de son œuvre : il est à la source des différentes déclinaisons de son univers personnel. C’est par exemple le cas de Florent Maudoux, auteur de la série de bandes dessinées Freaks’ Squeele. Un pan a déjà été adapté, sur ses suggestions de scénario et de graphisme, dans le jeu vidéo Call of Cookie.

  • Il faut également examiner le cas où toute une structure travaille à l’exploitation transmédiatique d’un univers de bande dessinée. Y a t-il encore une place pour l’auteur unique dans un travail d’équipe qui en vient justement à multiplier les auteurs ? Comment une personnalité référente peut-elle, par exemple dans le cas de Wakfu, coordonner l’univers commun ?

  • Un troisième cas pourrait nous faire envisager les fans comme de possibles acteurs officieux du transmédia, amenés à décliner, par passion, un univers de bande dessinée sous une autre forme médiatique. La fanfiction en est l'exemple le plus emblématique. Comment s’invente t-on auteur via la fanfiction d’un univers de bande dessinée ? Il s'agira aussi d'interroger d'autres pratiques telles que la création de jeux de rôles par les fans d'une oeuvre. Comment l’auteur « officiel » vit-il la réappropriation et la mise au jour de pans inexplorés de son univers par de telles pratiques ?

Les pratiques transmédiatiques de la bande dessinée permettent d’aborder la question de l’autorité dans toute sa contemporanéité, question que nous aimerions aborder à travers des études théoriques mais aussi à l’occasion de tables rondes avec les auteurs d’œuvres transmédiatiques.

 

Les propositions d’environ 400 mots, accompagnées d’une courte biographie, sont à envoyer à Victor Fourcade (v.fourcade@eesi.eu ) avant le 15 avril 2014.

 

1Jenkins, Henry. “Transmedia Storytelling”. Technology Review, 2003.

2 Jenkins, Henry. Convergence Culture : Where Old and New Media Collide. New York ; Londres : New York University Press, 2006.

3 Ibid., p. 95-96.