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Au nom du Père : les réécritures contemporaines de la Passion / In the name of the Father : contemporary rewritings of the Passion

Au nom du Père : les réécritures contemporaines de la Passion / In the name of the Father : contemporary rewritings of the Passion

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Maxime Decout)

Au nom du Père : les réécritures contemporaines de la Passion

 

Dans le cadre de leurs travaux sur les thèmes du déplacement et des frontières, l’EA LCE de l’Université Lyon 2 et le centre de recherche ALITHILA de l’Université Lille 3 organisent une journée d’études consacrée aux réécritures contemporaines de la Passion christique tant narratives qu’artistiques, le vendredi 14 juin 2013 à Lyon.

A l’orée de notre civilisation se tient un événement fondateur, un sacrifice premier qui l’oriente définitivement : celui du Christ. C’est-à-dire de la mort du fils pour son père mais aussi du père pour ses fils. Décidant de tout un paradigme intellectuel, l’événement de la Passion hante aussi bien la pensée philosophique, religieuse, notre imaginaire artistique et culturel que notre inconscient collectif. Avec la mort de Dieu et l’ère postchrétienne, la Passion prend un nouveau visage en interrogeant les liens de filiation terrestres. C’est tout particulièrement la révolution psychanalytique qui semble avoir contribué à en modifier notre perception. Freud, avec Totem et Tabou, propose en effet d’y voir une représentation de la fondation du sujet par l’Oedipe où le sacrifice du Christ vient racheter le meurtre du père. Le meurtre du père réel assure ainsi le pouvoir du Père Symbolique qui unifie les sujets en les soumettant à sa loi. De ces réflexions fondatrices, Lacan a déduit la fonction symbolique du Nom-du-Père opérant comme signifiant qui vient se substituer à la mère et imposer l’ordre (le « non du père »).

Cependant la période contemporaine, marquée par la mise en cause des grands récits et un déclin sans précédent de l’autorité, semble mettre à l’épreuve la possibilité et les enjeux du sacrifice, sa symbolique même. Refusant la dimension édifiante d’un récit qui garantissait un monde soumis à un ordre immuable et intelligible, celui du Père inatteignable et pourtant omniprésent, l’époque contemporaine en fait le stigmate d’une époque sans garants, livrée à la perte des significations et à la jouissance individualiste. Avec la fin des grands idéaux qui avaient rêvé l’homme maître de son Histoire, subsiste-t-il encore une possibilité pour la Rédemption ? Nombreux sont pourtant les écrivains qui continuent, de manière ponctuelle ou sous la forme d’un récit complet, de réécrire la Passion. Quelles en sont les modalités et les implications dans notre monde post-moderne et post-oedipien ? Qu’en est-il des représentations contemporaines d’une iconographie longtemps dominante et codifiée ? 

Si le mystère et la polysémie du récit biblique justifient la persistance des réécritures, tout porte cependant à croire que le modèle grandiose de la Rédemption est désormais entaché d’un soupçon. C’est l’échec de Jésus qui paraît aujourd’hui fasciner, dans des réécritures souvent axées sur une dimension plus humble du personnage. Cette tension vers le minuscule semble aussi expliquer une certaine attirance pour des figures partiellement délaissées jusqu’alors, des partenaires du Christ jugés de moindre importance. C’est aussi la dimension provocatrice que les artistes mobilisent dans leur travail. On pourra penser aux récentes polémiques déclenchées autour de Serrano et de sa photographie de 1987 Piss Christ. Du blasphème à la satire, la Passion paraît être un lieu privilégié pour un rabaissement du symbole et une littéralisation du rituel, telle l’eucharistie réinterprétée dans son abjecte réalité d’acte cannibale par Jeanette Winterson dans The Passion.

Les communications pourront être consacrées au récit ainsi qu’à l’art contemporain. La journée d’études s’adresse aux chercheurs des différentes aires culturelles, aux comparatistes et aux doctorants. Les communicants disposeront d’un temps de parole de 20 minutes suivi d’une dizaine de minutes consacrées au débat. Les propositions, en français ou en anglais, prendront la forme d’un résumé de 250 mots environ, assorti d’une biobibliographie, et sont à adresser avant le 30 mars aux adresses électroniques suivantes : emilie.walezak@univ-lyon2.fr, maximedecout@yahoo.fr.

            Les articles sélectionnés feront l’objet d’une publication.

 

In the name of the Father : contemporary rewritings of the Passion

To further the work on shifts and frontiers of Lyon 2 research group LCE and Lille 3 ALITHILA, a one-day interdisciplinary conference on the narrative and artistic rewritings of the Passion of Christ will be held in Lyon on Friday June 14 2013.

The sacrifice of Christ is a founding event of our civilization. The death of the son for the father but also the death of the father for his sons has impacted the Western artistic imaginary, its philosophical and theological thought, its collective unconscious. In the post Christian era marked by the death of God, the Passion takes on a new meaning by challenging filial relationships. Psychoanalysis in particular has altered our perception of the Passion. In Totem and Taboo, Freud equates the Passion with the myth of the Oedipus complex in which the sacrifice of Christ is designed to expiate the original murder of the father. The murder of the real father empowers the symbolic dead father who then stands for the law. Drawing on Freud’s myth, Lacan then developed the concept of the (symbolic) Name-of-the-Father, a signifier designed to supplant the mother and establish the symbolic law (the No-of-the-Father).

However the contemporary period, characterized as it is by a mistrust of master narratives and the demise of authority, challenges the very possibility of sacrifice, its operational stakes as well as its symbolism. As the edifying dimension of the narrative of the Passion, which guaranteed the order and meaning of the world as ruled by the absent but omnipresent father, is negated, so it comes to stigmatize a world defined by the absence of bonds, trust, stable meanings – the demise of the symbolic order – and the emergence of individualistic enjoyment. As all grand ideals falter, man no longer controls his history. In this context, is redemption still possible? Writers and artists nonetheless go on rewriting and reinterpreting the Passion. Under what conditions do they do so? What is their goal and what are the implications in our postmodern and post oedipal times? What about the contemporary artistic reinterpretations of an event that must have been one of the most represented in the arts?

The many possible interpretations of the biblical text may account for its constant rewriting. However it seems today that the sublime dimension of redemption is being invalidated by highlighting Christ’s failure or focusing on minor characters of the story. Contemporary works also aim to shock. Serrano’s 1987 photograph entitled Piss Christ has recently provoked a fierce debate in France when it was exhibited anew in Avignon. From blasphemy to satire, the Passion gives rise to new interpretations that debase its symbolic dimension and offer literal readings of the ritual, as does Jeanette Winterson in The Passion in which she insists on the abject cannibalistic dimension of the Eucharist.

The organizers would welcome contributions on contemporary literature as well as contemporary art from scholars and postgraduate students. The participants will have 20 minutes to give their papers in French or English. Please e-mail a 250 word abstract with a short bio/bibliography before March 30 to emilie.walezak@univ-lyon2.fr and maximedecout@yahoo.fr

Selected papers will be considered for publication.