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Appels à contributions
Au contact des mentalités dans les textes francophones

Au contact des mentalités dans les textes francophones

Publié le par Vincent Ferré (Source : Ngetcham)

APPEL A CONTRIBUTION POUR UN OUVRAGE COLLECTIF

Au contact des mentalités dans les textes francophones

Argumentaire :

Au-delà des fictions  avec ou sans incidence sur  le vécu, la littérature est avant tout un art. En cela, elle révèle chez l’écrivain des aptitudes essentiellement individuelles, définissant ainsi le champ de ses expériences sensorielles, sa perception de la cité, sa capacité à construire une société peuplée d’êtres imaginaires, de mythes, de croyances ou d’objets. Celui-ci est alors un créateur dans la mesure où il conçoit et organise  un univers, assignant à chaque élément un ou des rôles, les orientant vers des fins qu’il définit au préalable.

Cette vision déterministe de l’art, depuis la contestation du narrateur omniscient et la revendication de la liberté du héros par André Gide ou Jean-Paul Sartre, a laissé la place au personnage en création permanente, reléguant l’écrivain au rôle d’observateur, surpris qu’il est parfois des démarches ou des initiatives de ce personnage. S’ensuit une orientation nouvelle qui fixe les limites de l’artiste en le valorisant une fois de plus dans son aptitude à créer des actants libres de choisir leur voie.

Ces deux postures de l’écrivain, en revanche, ne s’accommodent pas mal d’une constante : par les actes, par les paroles ou par les attitudes, les personnages du texte dévoilent des usages, des codes de conduite ou des façons de faire qui se renouvellent d’un individu à d’autres avec lesquels il forme un clan, une tribu, un peuple, une société en somme. Il est intéressant de voir comment ces codes ou ces usages s’inscrivent dans la longue durée, définissant de ce fait une ou plusieurs  mentalités qui peuvent subir des changements, souvent lents, parfois inaperçus. Pour l’historien des mentalités, une démarche  s’offre, qui emprunte aux nouvelles sciences de l’homme – comme la linguistique – en introduisant les notions de diachronie et de synchronie.

Le champ d’étude des mentalités — aux contours d’ailleurs très flous, et revendiqués comme tels par Jacques Le Goff — a acquis sa légitimité dans le sillage des travaux de Robert Mandrou au début des années soixante, mais il était déjà présent dans les questions que posaient les travaux de Georges Lefebvre, dès les années vingt, sur les mécanismes de la Grande Peur. Il était présent aussi dans les travaux biographiques de Lucien Febvre sur François Rabelais ou Martin Luther. Lucien Febvre, maître de Robert Mandrou, cofondateur avec Marc Bloch de l’école des Annales, peut être considéré comme le premier historien à avoir tenté d’identifier le domaine de l’histoire des mentalités. L’on ne saurait ignorer les travaux de Philippe Ariès, auteur des Essais sur l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen Age à nos jours, (Seuil, 1975) ou sa co-production avec George Duby intitulée Histoire de la vie privée. De la Première Guerre mondiale à nos jours, (Seuil, 1999).

 

Il est évident que le contexte de la mondialisation, parce qu’il induit des contacts de plus en plus fréquents entre peuples venant d’horizons divers, est inévitablement porteur  des chocs de mentalités, celles-ci pouvant se côtoyer dans une pluralité où chacune conserve ses frontières fermées aux autres. En revanche, des phénomènes de philie ou d’hybridité peuvent naître, qui placent l’individu ou le groupe au coeur d’interactions où la pureté ou l’orthodoxie mentalitaire est refoulée, condamnée à disparaître sinon à se compromettre ou à subir quelques inflexions. C’est ce que pensent Edouard Glissant dans Introduction à une poétique  du divers, (Gallimard, 1996) ou Marc Gontard dans Le Roman français postmoderne. Une écriture turbulente (Prétexte, 2003).

A l’heure où des législations de plus en plus rigoureuses développent des thèses perceptibles comme des relents de xénophobie en France (lois sur l’identité française, loi Sarkozy sur l’immigration, etc.), où des nationalismes aux frontières de l’arabisme, du judaïsme, de la créolité  ou l’antillanité s’observent, il est possible cependant qu’à l’observation des textes prospèrent des manières de faire ou d’être au monde communes à plusieurs sphères de l’espace francophone. Au contraire, l’identification des champs de contraste entre celles-ci ne serait pas sans intérêt dès lors qu’elle permet de mieux cerner la diversité qui donne à chaque groupe qui l’incarne cette spécificité sans laquelle l’ouverture à l’autre est difficile à quantifier.

L’ouvrage collectif en projet rassemblera des contributions autour des mentalités ; il cherchera à cerner les spécificités, les ressemblances, les symbioses remarquables au sujet des attitudes communautaires face à la mort, à la peur, à la vie privée, au  manger comme au boire ou aux modes d’expression. L’on cherchera aussi à observer la circulation des réponses  communautaires face aux problèmes de l’existence dans un espace construit autour d’un centre du fait de la colonisation : la France, point de départ d’une vision du monde, a dû influencer des peuples dans leurs manières de voir ou de vivre le quotidien. Cependant,  à la lumière des textes d’auteurs de l’espace francophone, il semble intéressant de voir en quoi  les attitudes qu’elle a longtemps entretenues ont subi des influences au contact d’autres peuples ou d’autres cultures.

Axes de recherche :

-Mentalités spécifiques : évolution et altérations d’origine endogène ;

-Mentalités au contact de l’autre : résistances ou influences ;

-De la difficulté de cerner l’origine des mentalités en contexte multiculturel ;

-Mentalité et hybridité ;

-L’écriture comme champ de manifestation des mentalités ;

-L’écriture comme manifestation d’une révolte contre un ordre établi / L’écriture refuge de conservatisme idéologique;

-L’intermédialité comme forme de fusion des mentalités artistiques.

Calendrier pratique pour les manuscrits :

-Les résumés des propositions, en français ou en anglais, qui comprendront de 250 à 300 mots, précédés des titres, seront envoyés au plus tard le 15 janvier 2013 aux adresses suivantes : cermelfa@gmail.com et lngetcham@yahoo.fr.

- Les auteurs des propositions seront notifiés des résultats de la sélection le 30 janvier 2013.

- Les textes définitifs attendus après sélection des propositions seront reçus au plus tard le 28 mars 2013.

- Le collectif sera publié en octobre 2013.

Responsable du projet 

Ngetcham
Département des Langues Etrangères Appliquées
Coordinateur du Cercle d’Etudes et de Recherches sur les Mentalités en Littératures.
Université de Dschang/ Cameroun
Tél : (237) 77 74 06 89/