Questions de société
Articles et entretiens sur le mouvement universitaire (Libération 12-13-14/05/09)

Articles et entretiens sur le mouvement universitaire (Libération 12-13-14/05/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur le site de Libération le 12-05-09:

  • L'Etat veut noircir le tableau, par V. Soulé. Contrairement aux annonces du ministère, les facs en grève ne pâtiraient pas d'une mauvaise image auprès des lycéens.
  • Le savant calcul du ministère, par S. Huet. Valérie Pécresse aurait sciemment misé sur la politique du pire pour faire plier les universitaires.


Blocage : ils passent à l'oral. Une enseignante, un président et deux étudiants à l'heure du bilan.

Exams reportés : un mois de bourse en plus ? - Marie Piquemal, Libération, 12 mai 2009

L'Unef, le Snesup-FSU et SLU appellent à valider l'année universitaire

Libération le 13-05-09

Attention! Dans la presse, et notamment dans Libération (liens ci-dessus), l'université Stendhal est parfois considéréecomme une fac débloquée. Or à la mi-mai, il n'y a toujours aucun cours à Grenoble 3,le déblocage n'est pas celui descours, mais des bâtiments. Les étudiants ont voté massivementla neutralisation et la non reprise des cours (ils ont aussi voté pourla reprise de contacts pédagogiques à l'intérieur des bâtiments....dans les bureaux des enseignants, à la demande).

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Libération le 14/05/2009: Facs: «Je préfère perdre un semestre que mon avenir»

http://www.liberation.fr/societe/0101567287-facs-je-prefere-perdre-un-semestre-que-mon-avenir

Une nouvelle manifestation d'enseignants-chercheurs a rassemblé cejeudi à Paris entre 1300 et 5000 personnes. Propos d'étudiantsrecueillis au fil du cortège.

Près de quinze semaines aprèsle début de la grève, plusieurs milliers d'étudiants etd'enseignants-chercheurs étaient encore dans la rue aujourd'hui pourréclamer tout à la fois l'arrêt des suppressions de postes, larévocation de la loi LRU (sur l'autonomie des universités, adoptée àl'été 2007), le retrait du projet de décret sur le statut desenseignants-chercheurs et le retrait définitif de la masterisation(formation des enseignants du primaire et du secondaire).

A Paris, sous la grisaille, beaucoup d'étudiants dans le cortège parti de Jussieu direction Sèvres-Babylone.Pourquoi sont-ils là, quel regard portent-t-ils sur ces mois deconflit, quel est leur sentiment à l'approche de la fin de l'annéeuniversitaire: témoignages.

Coline, 21 ans, en licence 3 de socio à Evry, entee-shirt blanc gribouillé «l'éducation n'est pas une marchandise» etparsemé d'autocollants «Rêve générale». Après un mois de blocagefiltrant, les cours reprennent partiellement dans son UFR et la tenuedes partiels a été votée il y a quinze jours. Elle a voté contre.

«Je suis là parce que je suis contre la LRU et le processus deBologne (cursus LMD). Nous à Evry, petite fac interdisciplinaire debanlieue, on a tout à y perdre. Pas assez rentable. L'autre point noir,pour moi qui voudrait enseigner, c'est la masterisation. Pour laquestion de exams, je suis pour la neutralisation du semestre. Maisbon, la dernière AG unitaire a voté pour la tenue des exams, en lesrepoussant de deux-trois semaines. Ils nous ont donné des poly pourbosser chez nous. S'il y a au moins quelque chose de positif dans ceconflit, c'est que ça a créé un lien très fort entre les profs et nous.On a beaucoup échangé, beaucoup appris, plus peut-être que si on étaitrestés assis au fond de l'amphi. Un vrai cas pratique sur lesmouvements sociaux.

Sébastien, 22 ans, en licence 3 d'espagnol à Paris IV,«fidèle au poste», comme le lui lance une de ses profs au départ ducortège: depuis le début du mouvement de grève début février, il est detoutes les manifs, AG, actions.

«J'ai choisi cette filière en connaissance de cause: pour être prof.J'en parlais avec les enseignants, j'avais un projet défini, l'IUFM, jesavais où j'allais. Là, avec la masterisation (de la formationd'enseignant) et les suppressions de postes, je ne sais pas comment jevais faire. Au delà de ça, la LRU, c'est comme si on nous disait «vous,les sciences humaines, vous servez à rien». C'est déprimant etaffolant. Le gouvernement dit qu'il ne reviendra pas sur la LRU, jouele pourrissement, mais nous non plus on lâchera pas. L'enjeu est tropimportant.
Les exams ? On n'en sait rien, c'est le flou total. On aeu aucun cours ce semestre, même si on a appris des choses dans lescours alternatifs, par exemple sur la civilisation britannique ou lePotugal. Tant qu'à faire, je suis pour la neutralisation du semestre(une licence validée en cinq semestres au lieu de six). Si c'est pourbidouiller un exam' au dernier moment, c'est pas la peine. Je préfèreperdre un semestre que mon avenir.»

Rachel, 27 ans, et Jérémie, 28 ans, en deuxième année de thèse de lettres à Paris VII et Paris VIII.Perruques vertes sur la tête avec explication sur le tee-shirt:«Pécresse verte... de rage», ils étaient déjà dans le premier mouvementcontre la loi LRU.

«En doctorat, on n'a pas de cours en tant que tel. Mais, sur leprincipe, on est mécontents que les cours aient repris. Legouvernement, et les médias, ont tellement joué sur l'angoisse desétudiants, tellement agité le spectre des exams que, forcément,certains ont baissé les bras. Mais la lutte est loin d'être finie. Sile gouvernement reste sur la même ligne, il est même très probable, quele mouvement se radicalise. On continuera à se battre jusqu'au retraitde la loi LRU, de la masterisation et du contrat doctoral unique (quidoit remplacer à terme les différents statuts existant pour lesdoctorants), qui va précariser les jeunes chercheurs.