ART & MAISON
Journée d'étude, 11 avril 2011, Institut Supérieur des Arts & Métiers de Gabès (Tunisie).
Argumentaire :
La maison représente, concurremment, un espace vécu (« enracinement »), familial (la domus) et intime (le « chez soi »). C'est bien en son sein que germe la 'sculpture' de soi qui s'y trouve bien ou mal, à sa place ou à l'étroit, protégé ou menacé (F. Kafka). Partout, elle articule des dualités dont les acteurs entretiennent entre eux des relations non moins dialectiques : entre « ici » et « ailleurs », « sphère privée » (H. Arendt) et « espace publique », « vie intime » et « systèmes sociaux » (A. Moles), etc.
A ce propos, il importe de rappeler que Gaston Bachelard nous a laissé des pages insignes sur l'importance de la maison dans notre imaginaire. Pour lui, cette unité d'habitation de base dépasse allègrement l'idée peu ou prou commune qu'on se fait d'elle, à savoir une construction strictement fonctionnelle. En tant que vecteur de songes, elle nous incite plutôt à rêver : c'est ce que Bachelard appelle la « maison onirique ».
L'artiste oeuvrant au tournant du XXIe siècle, n'a de cesse de faire du thème de la « maison » une « obsession artistique » (P. Ardenne). Autrement dit, celui-ci s'érige comme étant l'une des problématiques promptes à mobiliser tout un pan de la création plastique.
Pour exemplifier cette doxa, songeons d'abord (pour la période 1960 à 1990) aux Demeures d'Etienne-Martin, aux espaces domestiques reconstitués par Ilya Kabakov ou aux chambres de méditation de Tania Mouraud. Reportons-nous ensuite (dans les années 2000) aux travaux de l'architecte japonais Kengo Kuma, à la maquette géante d'une bâtisse du quartier Penhars à Lorient de Séverine Hubard. Il serait ici vain de prétendre pouvoir recenser l'intégralité des parangons théoriques et/ou artistiques qu'alimente le thème « maison ».
Cette journée d'étude ambitionne d'inciter les chercheurs tunisiens, quels que soient leur obédience et leur champ disciplinaire, à spéculer sur la nature même des rapports qui peuvent se tisser entre les vocables « maison » et « art ». Ce faisant, elle tente d'apporter quelques éléments de réponse à des questionnements plus actuels que jamais pivotant autour des axes suivants:
- Quelles sont les soubassements ayant favorisé, depuis les années 60, l'intrication entre « art » et « vie » ?
- Pourquoi valorise-t-on sans cesse tout ce qui a trait au « quotidien », en l'occurrence « domestique » ?
- Quelle légitimité saurait-on octroyer à ces déclinaisons artistiques ; puis, quelles en sont les mobiles, les corollaires et les visées ?
Sont conviés à nous faire part de leur pensée, les esprits qui explorent la notion de « maison » et/ou interrogent ses éventuelles correspondances avec l'art, l'architecture, la philosophie, la psycho-sociologie, la littérature, etc. Et ce, afin de donner libre cours à des échanges interdisciplinaires que l'on espère riches et fructueuses.
- Nizar Mouakhar -
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Les propositions de communication ne devront pas dépasser 300 mots et devront être accompagnées d'une brève note bio-bibliographique. Veuillez faire parvenir votre proposition avant mi mars 2011 à l'une ou l'autre des adresses électroniques suivantes : nizarmouakhar@yahoo.fr / esmahenm@yahoo.fr
Bibliographie sélective :
- Paul ANDREU, La Maison, Paris, Ed. Stock, 2008.
- Paul ARDENNE, Art, le présent. La création plasticienne au tournant du XXIe siècle, Paris, Ed. Du Regard, 2009.
- Gaston BACHELARD, La Terre et les rêveries du repos, Paris, Ed. J. Corti, 2004.
- Pierre BOURDIEU, Esquisse d'une théorie de la pratique, Paris, Ed. du Seuil, 2000.
- Richard CONTE, Qu'est-ce que l'art domestique ?, Paris, Publications De La Sorbonne, 2006.
- Florence MARCIANO, L'architecture domestique à Marseille au XIXe siècle, Marseille, Ed. La Thune, 2005.
Comité d'organisation :
Nizar MOUAKHAR, Maître assistant en « Arts & Sciences de l'Art », ISAM de Gabès.
Ismahen BEN MOUSSA, Assistante en « Histoire de l'Art », ISAM de Gabès.