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Appels à contributions
Art, littérature, communauté : France-Russie

Art, littérature, communauté : France-Russie

Publié le par Julia Peslier (Source : Olivier Kachler)

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Colloque : Art, littérature, communauté :France-Russie

22-23 octobre 2010 => DATES MODIFIEES : décembre 2010, voir la nouvelle http://www.fabula.org/actualites/article41130.php

(Université de Picardie Jules Verne UPJV – Université d'État de Moscou MGU – Centre franco-russe de recherche ensciences humaines et sociales)

Organisation : OlivierKachler, Igor Sokologorsky et Ekaterina Belavina

Pour qui tente de penser le rapport entre lescultures française et russe, l'idée de communauté peut s'avérer une questionféconde. Non seulement en raison de sa globalité, impliquant un regardidéologique au sens large (philosophique, religieux, éthique, politique) autantqu'artistique et littéraire, mais aussi et surtout en raison du problèmespécifique qui la caractérise : celui du rapport entre l'individuel et lecollectif. Les différentes réponses données à un tel problème distinguent cesdeux cultures autant qu'elles organisent leurs rapports. Pour ne donner qu'unexemple, Bakhtine voyait en Rabelais l'héritier du « rire millénaire dupeuple » là où les commentateurs français ont plutôt lu l'acte denaissance de l'auteur dans la littérature moderne.

On se propose ici d'étudier ce problème dansune sphère spécifique, celle de l'art et de la littérature. Cependant, laperspective adoptée ne consistera pas à étudier empiriquement telle ou tellecommunauté artistique-littéraire s'étant développée historiquement, ni àenvisager l'art sous l'angle de pratiques artistiques qui seraient plus oumoins communautaires (les arts de la scène vs la littérature). Elle consistera à se pencher sur un problème qu'onpourrait formuler ainsi : en quoi l'art, la littérature représentent-ils unequestion pour une communauté (culturelle, idéologique) et en quoiréciproquement la communauté constitue-t-elle une question propre à l'art et àla littérature ? Qu'il suffise par exemple de songer à l'idée d'une« communauté désoeuvrée » par laquelle Jean-Luc Nancy a caractérisél'oeuvre de Jean Genet, ou à l'expression de Rémy de Gourmont, qui considéraitla fin du classicisme comme le moment de « l'individualisation del'art », ou encore au doublet par lequel le russe désigne la communauté, obshnost' et sobornost' et aux débats que ces termes ont suggéré, notamment au XIXe, en écho àla situation définie par Gourmont. On ne souhaite pas limiter les travaux à ungenre ou une période donnée. Cependant, trois directions générales de recherchepourront organiser les contributions.

On pourra envisager ce problème sous l'anglethéorique du rapport entre communauté et création artistique. Comment penserleur implication réciproque ? Si en effet, d'une part, toute oeuvre engagel'individuation d'une communauté culturelle qu'elle travaille et transforme, lacommunauté formant, d'autre part, le moment de reconnaissance de l'oeuvre etdonc le moment de sa valeur, on peutalors penser que l'oeuvre, selon un mouvement inverse, agit comme une inventionde son public, comme une utopie de la communauté. Les questions esthétiques,rhétoriques, pourront également constituer des ancrages possibles : qu'enest-il du rapport entre l'individu et le collectif dans le classicisme, avecses corollaires esthétiques (le pastiche, l'imitation, la codification) ourhétoriques (les figures, le sens commun) et quels enjeux spécifiques sedégagent de ce point de vue de la modernité ?

Un second ancrage peut être constitué par lesrapports que des oeuvres établissent, mais de leur point de vue propre, à l'éthique et au politique. Quelle pensée dusujet, du collectif y est en jeu, ou en conflit ? La question de l'engagement peut ici en constituer un aspect particulier :qu'est-ce qu'une littérature engagée, comment et dans quoi exactement une oeuvre(plus qu'un auteur) est-elle engagée ? On peut aussi songer au problème durapport au public et desquestions qui lui sont liées (réception, passage d'une oeuvre d'une communauté àune autre, littérature de l'immigration et samizdat en Russie). D'un point devue plus discursif, on pourra encore se poser la question du peuple et du populaire. Qu'est-ce qu'un langage populaire et un langage littéraire ?Comment sont-ils articulés et/ou réinventés dans les oeuvres, et quelle poétique du peuple y est en jeu ?

Enfin, il est souhaitable qu'un dernier voletdu colloque porte plus spécifiquement sur les questions de traduction et la façon dontelles problématisent la communauté par le passage d'une oeuvre d'une culture àune autre autant que par l'influence de traductions sur des oeuvres, voireleur intégration (implicite ou explicite) à ces dernières. Il s'agit en sommede penser le rapport entre identité et différence, dans l'hétérogénéité deslangues, des cultures et des historicités française et russe.

Lespropositions de contributions peuvent être envoyées sous forme d'une pageWord maximum, avec indication del'institution de rattachement, jusqu'au 01 mars 2010, aux adresses suivantes :

kachlero@free.fr ; igorsokologorsky@yahoo.fr ; kat-belavina@yandex.ru

La liste descommunications retenues sera communiquée en Avril 2010.

  • Responsable :
    Olivier Kachler
  • Adresse :
    Université de Picardie Jules Verne