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Art et culture iraniens postrévolutionnaires :quel bilan ? (INHA, Paris)

Art et culture iraniens postrévolutionnaires :quel bilan ? (INHA, Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Asal BAGHERI)

Art et Culture Iraniens Postrévolutionnaires :

Quel Bilan ?

A l’occasion du 40e anniversaire de la révolution iranienne, une journée d’étude est consacrée à l’art et la culture iraniens postrévolutionnaires à l'Institut National d'Histoire de l'Art (INHA), vendredi 8 février, de 15h à 18h. 

Lors de cette journée, nous tenterons de produire une esquisse des enjeux et des évolutions artistiques et culturels de la République Islamique. Celle-ci, dès ses premiers pas, a mis en place une politique de « purification » et d’islamisation de l’art et de la culture, avec avant tout pour objectif de désoccidentaliser le champ de la représentation. La guerre Iran-Iraq, celle qui est devenue rapidement « la défense sacrée », s’est aussitôt imposée aux Iraniens, bouleversant le pays dans son ensemble et en particulier le domaine artistique.

Pourtant,  la quête de « pudeur » artistique ou encore la sacralisation de l’image de martyre n’ont pu empêcher l’avènement d’une certaine image moderne de la société iranienne. Celle-ci a réussi à puiser dans la nature paradoxale de la recherche de la République Islamique de Modernisme Islamisé, pour finalement revendiquer une forme singulière d’expression artistique et culturelle.

Les chercheurs invités de cette journée tentent de mettre au jour cette « iranité », qui a transcendé les quatre décennies de la République Islamique en Iran, nous faisant partager leurs études menées dans les domaines de l’urbanisme, du théâtre, du cinéma, de la peinture murale et des arts visuels.

Les Intervenants:

Asal BAGHERI (docteure en sciences du langage et sémiologie, spécialiste du cinéma iranien, chargée de cours à l'Institut Catholique de Paris et l'Université Paris Sorbonne) :
Le cinéma iranien post-révolutionnaire : cinéma de genre ou cinéma genré ?

Alice BOMBARDIER (agrégée de géographie, docteure en sociologie et civilisation arabe/persane, spécialiste de la peinture iranienne moderne et contemporaine, EHESS et Université de Genève) :
La peinture murale, marqueur de l’espace public en Iran

Yassaman KHAJEHI (docteure en arts du spectacle et Maître de Conférences

en Études théâtrales à l’Université Clermont Auvergne) :

Le double jeu des enjeux institutionnels du théâtre iranien

Shahrouz MOHAJER (spécialiste de la peinture iranienne classique et moderne, spécialiste de l’histoire de l'art iranien) :
Quatre décennies de l’art visuel iranien : enjeux et évolutions

Sébastien REGNAULT (docteur en sciences sociales,chercheur au laboratoire CNRS « Gestion et société ») :
Introduction (Modérateur)

Mina SAIDI-SHAROUZ (docteure en géographie, enseignante à l’École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-La Villette, chercheure au Laboratoire Architecture Anthropologie "LAVUE-CNRS7218") :

Transformation urbaine à Téhéran : une métropolisation à plusieurs vitesses

 

Les biographies des intervenants et les résumés des interventions :

Asal Bagheri est docteure en Sémiologie et linguistique. Spécialiste du cinéma iranien, elle est auteure de la thèse Les relations homme/femme dans le cinéma iranien postrévolutionnaire, stratégies des réalisateurs ; analyse sémiologique ainsi que plusieurs articles en français, anglais et persan. Elle assure, en tant que chargée de cours ou attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER), depuis 2009, plusieurs enseignements dans le domaine de la Linguistique, Sémiologie, Communication ainsi que Français langue étrangère dans différentes universités telles que Sorbonne Université, Institut Catholique, Paris Descartes, Paris Est Créteil, Paris Est Marne La Vallée et Rennes 1. Son livre "Sentiment, amour et sexualité. Les dilemmes du cinéma iranien de la République Islamique" est en voie de publication. Elle est par ailleurs, formatrice de français auprès de migrants en situation difficile à la Mairie de Paris et dans d’autres centres de formation. Elle est également traductrice et interprète pour des projets audiovisuels.


Le cinéma iranien postrévolutionnaire : cinéma de genre ou cinéma genré ?

"Dans un contexte difficile, faire rêver une génération qui a connu une révolution, une guerre, plusieurs embargos économiques et le bouleversement de la plupart des codes de conduites publiques, en un laps de temps aussi court que quarante ans, est un acte salutaire. De plus, la rigidité et l’incertitude qui règnent sur la production cinématographique iranienne rendent l’avenir d’un film ainsi que l’avenir économique de son auteur instables et laissent peu de place à la prise de risque.
Dans ce papier, nous tenterons de décrypter les enjeux et les évolutions de ce cinéma iranien postrévolutionnaire. La grande particularité de celui-ci demeure dans la grammaire de modestie imposée à l’image en ce qui concerne la représentation de la femme et de son rapport avec l’homme. En effet, la République Islamique s’est massivement efforcée de rendre le cinéma iranien « pur» et « pudique ». Paradoxalement, 40 ans après la révolution iranienne, les femmes, leur corps filmés, leurs problèmes privés et publiques, sont aujourd’hui devenus les leitmotivs du septième art en Iran.
Dans cette communication, nous nous poserons la question de «l’iranité» en tant que genre cinématographique, dans sa relation complexe et paradoxale à la représentation de la femme au sein d’une société patriarcale."

Alice Bombardier a soutenu en 2012 un doctorat de civilisation persane/arabe à l’Université de Genève et de sociologie à l’EHESS-Paris. Agrégée de géographie, elle est aussi spécialiste de la peinture iranienne moderne et contemporaine. Parmi ses publications récentes : Les pionniers de la Nouvelle peinture en Iran. Œuvres méconnues, activités novatrices et scandales au tournant des années 1940 (Peter Lang, Berne, 2017).


La peinture murale, marqueur de l’espace public en Iran

"Au moment de la Révolution iraniennne de 1979, la vague de contestation s’est inscrite dans l’espace public, d’abord par des graffitis puis par quelques peintures murales. Mais c’est dans le cadre de la guerre Iran-Irak à la fin de 1980 que la peinture murale est institutionnalisée par la Fondation des Martyrs et devient un marqueur de l’espace public iranien, avant d’influencer le reste du Moyen-Orient. Aujourd’hui, la municipalité de Téhéran renouvelle l’expression murale en tenant compte des principes du marketing urbain."

Yassaman Khajehi est docteure en arts du spectacle et Maître de Conférences en Etudes théâtrales à l’Université Clermont Auvergne. Elle est chercheure attachée au centre d’Histoire Espaces et Cultures de l’Université Clermont Auvergne et chercheure associée au laboratoire Histoire des Arts et des Représentations de l’Université Paris Nanterre ainsi qu'enseignante en études persanes à l’INALCO. Elle est par ailleurs auteure dramatique, metteure en scène et codirectrice de la Maison de l’Art et de la Culture de Fanous de Téhéran.


Le double jeu des enjeux institutionnels du théâtre iranien:

"L’histoire du théâtre contemporain en Iran depuis la Révolution Islamique de 1979, témoigne d'une volonté importante des artistes de renouveler et d'adapter ce mode d’expression par rapport aux conditions sociopolitiques. Traversant la Révolution culturelle et la guerre Iran-Irak dans les années quatre-vingt, se stabilisant et même se dévoilant à la télévision dans les années quatre-vingt-dix, se développant et confirmant son identité au début du XXIe siècle et enfin sortant de son cadre habituel institutionnel tout en allant vers la privatisation durant cette dernière décennie, le théâtre iranien a toujours pu conserver son dynamisme. Cette communication tout en introduisant un état des lieux du théâtre post-révolutionnaire, s’intéresse particulièrement à la création théâtrale à l’épreuve des enjeux institutionnels. Elle démontre comment, depuis quarante ans, ces enjeux peuvent, à la fois, devenir protagoniste ou antagoniste selon la démarche artistique théâtrale iranienne."

Shahrouz Mohajer, spécialiste de la peinture iranienne classique et moderne, ainsi que de l’histoire de l'art iranien, s’apprête à s’inscrire en tant que doctorant à l’Université Paris Sorbonne. Ses recherches portent sur l’historiographie des arts visuels iraniens à partir du 19ème siècle. Il a été chargé de cours en Histoire de l’art à l’Université de Science & Culture à Téhéran entre 2012 et 2016. Parmi ses ouvrages récents en persan : Un regard sur l’histoire de l’autoportrait dans la peinture iranienne (en voie de publication, Téhéran, Vista, 2019), Illustrations populaires dans les œuvres du peintre iranien Mohammad Tajvidi (en voie de publication, Téhéran, Edition 009821, 2019), Historiographie de l’art en Iran, (Téhéran, Herfeh Honarmand, 2018), Recherche sur le graphisme des boîtes d’allumettes iraniennes (Téhéran, Nazar, 2017), Antécédents de l’embellissement urbain de Téhéran (Téhéran, Peykareh, 2015), École de peinture de Kamal al-Mulk (Téhéran, Peykareh, 2014).


Quatre décennies de l’art visuel iranien : enjeux et évolutions

"L’art visuel iranien en général et la peinture moderne en particulier, connaissent beaucoup de changements après la révolution islamique de 1979, à tel point que l’on assiste à la naissance d’une nouvelle école de la peinture révolutionnaire. Peu après, la guerre qui suit la révolution fait émerger une sorte d'art hégémonique dont ses missions sont de défendre les valeurs nationales et religieuses. Avec la fin de la guerre ou comme convenu dans la langue officielle, « la défense sacrée », la deuxième vague de l’art postrévolutionnaire voit le jour pendant les années 1990. Se rapprochant au fur et à mesure de la fin de cette décennie, les réformes sociaux-politiques conduisent l'art moderne vers une nouvelle expression qui ressemble beaucoup à l'art contemporain occidental. Ce temps est le début de ce que nous appelons l'art iranien contemporain qui est la troisième vague de l’art visuel iranien actuel. Ce Papier tente de mettre au jour les changements fondamentaux qui ont donné naissance à ces trois vagues artistiques."

Sebastien Regnault (modérateur de la journée d’étude) est l’auteur de La modernité iranienne (l’Harmattan, 2017). Docteur en sciences sociales, il a vécu plus de dix ans en Iran. Il poursuit ses recherches au sein du laboratoire CNRS « Gestion et société », entre la France et l’Iran, où il enseigne à l’université.

Mina SAIDI-SHAROUZ est enseignante à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-La Villette (ENSAPLV) et Chercheure au Laboratoire Architecture Anthropologie (LAVUE-CNRS7218). Elle a publié de nombreux articles sur l'Iran et un ouvrage collectif : "Le Téhéran des quartiers populaires. Transformation urbaine et société civile en République Islamique." (Karthala & IFRI, France, 2013). Elle a réalisé le film documentaire « lettre au ministre. L'histoire du quartier Sirous à Téhéran » (48mn, 2015).

Transformation urbaine à Téhéran : une métropolisation à plusieurs vitesses

Il s'agit d'un tour d'horizon sur les transformations urbaines en Iran depuis les années 1980 jusqu'aujourd'hui en mettant l'accent sur les politiques publiques et les initiatives citoyennes. Nous tenterons d'établir des ponts entre le social et le spatial en s'appuyant sur des thématiques comme la place des femmes dans ville, les mobilités, les aménagements urbains, etc.

 

 

Adresse:
Institut National d'Histoire de l'Art (INHA)
Salle Vasari (1er étage)
2 rue Vivienne, 75002 Paris
Entrée est libre dans la limite des places disponibles

https://www.facebook.com/events/2084851788203900/

(Conception et coordination: Asal BAGHERI)