Questions de société
Arrestations et violences policières: Strasbourg, Paris, Lille

Arrestations et violences policières: Strasbourg, Paris, Lille

Publié le par Bérenger Boulay

Photo ci-contre:

Une simple visite-conférence sur le Paris de 14-18 tourne au pugilat, le vendredi 13 Mars.

Sur cette page:


- Communiqué de presse desorganisations syndicales et collectifs des personnels et étudiants del'université de Starsbourg (SLU 12 mars 2009)

- Fac Strasbourg. Pluie de grenades lacrymos à la gare: Vidéos (ici et )

- Manifestation d'enseignants-chercheurs : « mes yeux pleurent, ma gorge brûle... » - D. Fellague, Médiapart, 13 mars 2009

- Communiqué de presse des enseignants mobilisés de Lille 2 (SLU 12 mars 2009)

- La visite "Le Paris de la Grande Guerre" accompagnée par les CRS

- Arrestation après le blocage de la gare de Lyon mercredi 11 mars.

-  Note de la Préfecture de Police sur les manifestation sauvages (Le Canard Enchaîné n° 4611 mercredi 11/0309)

Voir aussi: Multiplications des dérives policières (Vidcasts), Des collégiens frappés "par erreur" par les CRS, gare Montparnasse (Sud-Ouest, 8/3) et encore Lyon: Violents affrontements à l'occasion de la venue de V. Pécresse (9/3).

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Sur le site de SLU:

Communiqué de presse desorganisations syndicales et collectifs des personnels et étudiants del'université de Strasbourg (12 mars 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2113

Les organisations syndicales etcollectifs des personnels et étudiants de l'Université de Strasbourg etdes organismes de recherche, des enseignants du premier et seconddegrés condamnent vivement l'intervention sans sommation et la violencedes forces de police le mercredi 11 mars, à l'occasion de la journée degrève et de manifestation contre la casse du service publicd'enseignement et de la recherche.

Le trajet de la manifestation, déposé en préfecture,s'arrêtait effectivement place Kléber. Un millier de manifestants(étudiants, lycéens, enseignants, chercheurs, ingénieurs ettechniciens) a cependant décidé de poursuivre la manifestationpacifiquement et en musique, en direction de la gare de Strasbourg. Lesforces de l'ordre ont alors lancé, sans aucune sommation, des gazlacrymogènes sur les manifestants, mettant ainsi l'ensemble despersonnes présentes dans la rue du Maire Kuss en situation de danger.Manifestants, mais aussi passants et employés de magasin, ont ainsi étévictimes de ces tirs de gaz lacrymogènes.

Si cela ne suffisait pas, et alors qu'aucun signed'hostilité n'émanait des personnes en repli, les forces de l'ordre ontensuite chargé et matraqué les manifestants. Ils ont continué de lesharceler sur le parcours du retour à l'Université, via le carrefour duPolygone (pour plus de détails, voir le communiqué des étudiants).

Nous ne pouvons que condamner fermement cette violenceet cette répression gratuites, sans dialogue, sans concertation ousommation préalables. La répression du mouvement de contestation actueldans le service public d'enseignement, de la maternelle à l'université,et de recherche ainsi que du mouvement social dans son ensemble, nesauraient être, et ne peuvent être, une réponse démocratique acceptableaujourd'hui de la part du gouvernement.

Nous continuerons de condamner énergiquement touteforme de répression du mouvement social, comme celle qui s'est abattuece jour sur les personnels de l'éducation nationale, de l'Université deStrasbourg et des organismes de recherche, étudiants, lycéens, parentsd'élèves, qui manifestaient pacifiquement dans les rues de Strasbourg.

SUD, SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNES-FSU, SNTRS-CGT,SES-CGT, SGEN-CFDT, FO, UNSA-AI, UNEF, Confédération Etudiante,Collectif de l'Appel de Strasbourg

- Fac Strasbourg. Pluie de grenades lacrymos à la gare:  Vidéos (ici et )

Manifestation d'enseignants-chercheurs : « mes yeux pleurent, ma gorge brûle... » - D. Fellague, Médiapart, 13 mars 2009

 Témoignage d'une enseignante del'Université de Strasbourg sur les violences des forces de l'ordre lorsd'une manifestation des enseignants-chercheurs mercredi 11 mars

Aujourd'hui, une nouvelle manifestation pour protestercontre les réformes de l'Enseignement Supérieur ­ qui sont élaboréesdans le mépris, le mensonge et la non-concertation ­ s'est dérouléedans les rues de Strasbourg. Le défilé qui rassemblait desenseignants-chercheurs, des chercheurs, des étudiants, s'est déroulésans aucune violence jusqu'à ce que nous rencontrions les forces del'ordre. Certes, la manifestation aurait dû s'arrêter place Kléber etj'étais surprise de constater qu'elle se prolongeait au-delà. Etait-ceune raison suffisante pour déployer tant de violence ?

Arrivée rue du Maire Kuss, j'aperçois au loin lesforces de l'ordre qui barrent l'extrémité de la rue. Je continue àavancer parmi la foule pacifique. Les forces de l'ordre n'ont pasattendu longtemps pour lancer des grenades de gaz lacrymogènes, gazantnon seulement les manifestants, mais aussi les passants (dont despersonnes âgées) et les commerçants. J'espère au moins qu'il n'y avaitpas d'enfants en bas âge. La rue n'est pas très large et très vite lapeur et la panique s'installent alors que nous essayons de courir dansl'autre sens. Mes yeux pleurent, ma gorge brûle mais j'ai surtoutl'impression que je vais étouffer. Je n'arrive plus à respirer et ilest difficile d'avancer à cause des étudiants et des passants aveuglésqui peinent à courir. C'est la bousculade et j'ai très peur que dans lapanique des personnes se fassent écraser. Les gaz progressent plus viteque nous et ce n'est que sur le quai Saint Jean que je peux enfinrespirer un air sein, tout en me retenant de vomir. Si j'avais étébloquée plus longtemps dans ce nuage de gaz, je crois que j'aurais étébord de l'asphyxie. Après avoir repris mes esprits, je constate avecétonnement que les forces de l'ordre ne barrent plus la rue et unepartie des manifestants, choquée, se retrouve alors sur la place de laGare. Pourquoi avoir lancé des gaz lacrymogènes dans la rue pourensuite nous laisser passer ? Dans l'incompréhension et avec encorequelques nausées, je quitte la manifestation, en espérant qu'il n'yaura pas d'autres débordements, de quelque côté qu'il soit.

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- Communiqué de presse des enseignants mobilisés de Lille 2 (SLU 12 mars 2009)

Nous,enseignants-chercheurs de la Faculté des Sciences Juridiques,Politiques et Sociales de Lille, mobilisés depuis plusieurs mois sur laquestion des réformes de l'enseignement supérieur et de la recherche,mais également sur les problèmes locaux de sous-encadrement desétudiants et de détérioration de nos conditions de travail :

puce-68c92.gif dénonçonsvigoureusement l'entrée, ce jeudi 12 mars 2009 en fin de matinée, desforces de l'ordre dans la Faculté alors qu'aucun élément ne lejustifiait, ainsi que le manque de discernement des personnesresponsables quant aux conséquences possibles d'une telle décision.Nous regrettons par ailleurs qu'aucune autorité universitaire n'ait eule courage d'assumer cette décision ;
puce-68c92.gif jugeonsscandaleuses les intimidations dont ont fait l'objet les étudiants etcertains collègues mobilisés (menaces de procédure pénale, detraduction devant le conseil de discipline, agressions physiques de lapart de certains membres du personnel), ainsi que les entraves à laliberté de la presse ;
puce-68c92.gif nousalarmons des propos diffamants tenus à l'encontre de certainsenseignants qui ont pourtant joué, notamment depuis mardi 10 mars, unrôle de médiation et d'apaisement entre les étudiants, et affirmonsqu'à l'avenir nous n'hésiterons pas à entamer les démarches judiciairesappropriées contre toute dénonciation calomnieuse de ce type ;
puce-68c92.gif regrettons l'absence de dialogue de la part de la direction de la Faculté, qui a conduit à cette situation conflictuelle ;
puce-68c92.gif rappelonsque les enseignants mobilisés, organisés depuis plusieurs mois demanière autonome, avec leurs propres revendications et modes d'action,se félicitent de voir leurs étudiants, directement concernés par leseffets néfastes de la loi LRU et des autres contre-réformes actuellesde l'université et de la recherche publique, entrer à leur tour dans lamobilisation, et affirment leur solidarité ;
puce-68c92.gif considéronsque les étudiants, adultes et responsables, sont parfaitement capablesde définir eux-mêmes leurs propres revendications et modes d'action ;
puce-68c92.gif appelonsl'ensemble des personnels administratifs et enseignants de l'universitéLille 2 à s'investir dans la mobilisation, d'ampleur nationale, pourune autre réforme des universités ;
puce-68c92.gif appelons,en particulier, les enseignants à assumer pleinement leurresponsabilité pédagogique et administrative en étant présents à lafaculté pour veiller au bon déroulement, dans un esprit de dialoguedémocratique et de respect mutuel, des nécessaires débats dans le cadredes mouvements actuels.

Le collectif d'enseignants mobilisés de l'Université Lille 2

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- La visite "Le Paris de la Grande Guerre" accompagnée par les CRS

 http://sorbonneengreve.revolublog.com/article-76968-389846-la-visite-le-paris-de-la-grande-guerre-accompagnee-par-les-crs.html

Une simple visite-conférence sur le Paris de 14-18 tourne au pugilat, le vendredi 13 Mars

Commentaire de Christian Chevandier (Maître de conférences à l'Université Paris1) :

Certainesphotographies prises lors de ce cours consacré à "La Grande Guerre àParis" ont pu surprendre quelques internautes et il a semblé nécessairede faire un rapide compte rendu des conditions dans lesquelles il s'estdéroulé 

Trois enseignants (Elise Julien, de Lille 3, NicolasOffenstadt et moi-même, de Paris 1) qui ont eu l'occasion de mener desrecherches sur la Première Guerre mondiale ainsi que des étudiantsétaient bien présents ce vendredi à 11 heures sous l'Arc de Triomphepour la première étape de cette visite pédagogique dont laproblématique mettait en rapport l'histoire d'un conflit et sa mémoiretelle qu'elle est construite en un milieu urbain spécifié.

Avertisgrâce à l'excellent site "Sorbonneengreve", des policiers étaientégalement venus en nombre. En dépit de nos précisions et profitantd'une supériorité numérique tout comme du caractère explicitementpacifique de nos intentions, ils nous ont poussés hors du plateau etdans le souterrain jusqu'aux Champs-Elysées, assurant une singulièreséance de travaux (très) dirigés d'instruction civique et suscitant lacuriosité des nombreux touristes présents. La présentation liminaire de"Paris et sa population au début du XXe siècle" a ainsi été abrégée.Les nombreux policiers présents ont ensuite pu profiter d'une courteconférence "Histoire et mémoire du soldat inconnu", tout en regrettantsans doute avec nous qu'elle n'ait pas pu se tenir à proximité de laflamme, ce qui aurait été bien plus pertinent.

Puis nous avons, accompagnés par des policiers en civil, descendu les Champs-Elyséesen réfléchissant notamment sur l'inscription de ce conflit dans latoponymie. Deux fourgons sont venus renforcer les équipages desvéhicules déjà présents. La force publique a alors effectué unmouvement tournant pour nous encercler tandis que les policiersécoutaient avec attention une analyse de la place de la statue deClemenceau au sein de la statuaire parisienne. Entravant notre libertéde circulation en une désagréable promiscuité, la police ne nous alaissé partir qu'en groupes de cinq en direction de la station de métro.

Quelquesinstants plus tard, nous nous sommes retrouvés, comme prévu dans notreprogramme initial, dans la cour des Invalides. Nous y avons développéune réflexion sur la mémoire de la Grande Guerre telle qu'elle estconstruite et vécue par l'institution militaire et la population. Lecours s'est terminé devant l'escalier d'honneur de la mairie du VIIearrondissement où le caractère singulier du monument aux morts qui yest situé a été mis en perspective avec les pratiques de deuil dansl'ensemble du pays.

Tout en regrettant que des élémentsperturbateurs nous aient fait perdre un temps précieux et contraints ausacrifice de deux parties du cours ("Paris bombardé, 1914-1918" et "Lesusines de Paris pendant la Grande Guerre"), nous avons tous, étudiantset enseignants, fort apprécié ce cours "hors les murs" très instructif.

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Une arrestation après le blocage de la gare de Lyon mercredi 11 mars

Source: Bellaciao

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Peu après la manifestation del'éducation du mercredi 11 mars, les CRS ont repoussé de manièrebrutale la poignée de manifestants réunis place de la Nation,discutant, chantant ou jonglant.

A 18h30, suite à un mot d'ordre qui s'est faufilé àtravers les oreilles trainardes des BACeux en civils, plus d'unecentaines de manifestants se sont rejoints sur les quais grandes lignesde la Gare de Lyon. Après quelques slogans, dont le souriant"Guadeloupe partout, Grèce générale", les manifestants sont descendussur les voies, bloquant tout départ ou arrivée de train pendant à peuprès une demi heure.

Puis retour dans la gare en chanson. En passant devantdes boutiques, un flic en civil, sur les dents, a profité d'undébordement qu'aurait provoqué un manifestant pour lui sauter dessus,le plaquant à terre, tête contre sol, et les CRS placés non loin sontintervenus empêchant toute possibilité au reste du groupe d'intervenir,avant d'utiliser leurs gazeuses familiales sur les étudiants.

 Un étudiant.

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Note de la Préfecture de Police sur les manifestation sauvages:

Selon le Canard Enchaîné (n° 4611) du mercredi 11 mars 2009, la préfecture de police de Paris fait circuler une note ordonnant d'arrêter sur le champ le « meneur » de chaque manifestation qui n'aurait pas été précédemment déclarée dans les procédures légales. L'article:

Unenote en date du10 février a atterri sur le bureau des commissaires depolice parisiens. Le préfet Michel Gaudin, un ancien du cabinet deSarkozy, a décidé de mener la vie dure aux organisateurs de « manifestations inopinées et non déclarées ». Tous ces cortèges, notamment à Paris, ça exaspère le Président.

Pourménager ses nerfs, ordre express est donné d'appliquer désormais unenouvelle procédure en cas de « manif sauvage ». Lesquelles,reconnaissent déprimées, les huiles déprimées de la Préfecture, sont deplus en plus fréquentes à Paris. Dorénavant, le « meneur » devra être identifié et sommé d'ordonner une dispersion immédiate. S'il refuse, le « commissaire ou officier de police rédigera un procès-verbal de saisine et de ‘'constatation' ». But avoué de l'opération : « l'interpellation de l'auteur en cause aux fins de présentation à l'Officier de Police Judiciaire (OPJ) territorialement compétent. Dans tous les cas, le procès-verbal sera transmis à la SIC ( ….) dans les meilleurs délais ».

Cequi en français peut se traduire par : « Vous arrêtez le meneur. Etvous laissez faire les grands chefs. La SIC*, c'est , c'est la salled'information et de commandement unique de la sécurité d'Ile-de-France,placée sous l'autorité du Préfet de police.

Lorsque les leaders se seront retrouvés plusieurs fois devant le tribunal correctionnel, la Préfecture espère que cela « dissuadera les organisateurs de tells pratiques ».Certains syndicalistes policiers médisants soupçonnent leur préfet devouloir ainsi « criminaliser le mouvement social ». Mais ils expliquentaussi que cette approche musclée cache une certaine fébrilité de lahiérarchie. « Ils ne savent plus où donner de la tête. On n'aplus assez de gars pour faire face à toutes les contestations. Chaquedéplacement ministériel donne lieu à des manifs sauvages ! » D'ailleurs, dans la note, au détour d'une phrase, le préfet l'avoue : « Ces rassemblements fortuits mobilisent un nombre d'effectifs important. » D'où l‘idée de mobiliser aussi un nombre de juges importants…