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Archive, Texte, Performance Congrès biennal de l'APELA (Association pour l'Etude des Littératures Africaines)

Archive, Texte, Performance Congrès biennal de l'APELA (Association pour l'Etude des Littératures Africaines)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Maëline Le Lay)

Archive, Texte, Performance

Congrès biennal international de l’APELA - Bordeaux, 26-28 septembre 2013.

Appel à communications

    L’Association pour l’Étude des Littératures Africaines (APELA), fondée à Bordeaux en 1984, tiendra en septembre 2013 dans cette même ville, son congrès biennal qui sera accueilli par le laboratoire « Les Afriques dans le Monde » (CNRS, UMR 5115) de l'Université de Bordeaux. Cette association internationale rassemble près de 150 chercheurs d’Europe, d’Afrique et d’Amérique, unis par un même intérêt pour la question de la littérature et des textes en Afrique, au-delà des langues, des media (oral, écrit) et des époques.

    La création africaine contemporaine, tant dans le domaine des arts de la scène que des arts plastiques, s’envisage aujourd’hui volontiers comme polymorphe, faisant voler en éclats les frontières génériques entre disciplines (études littéraires, artistiques et sciences humaines) et pratiques artistiques. Ce congrès voudrait faire dialoguer ces disciplines qui donnent chacune aux textes une place dans laquelle la littérature est toujours à réinventer. Nous souhaitons à cette occasion mettre en évidence la genèse et les modes de circulation du texte par l’interrogation des archives, la mise en scène des objets et des images, la création de narrations spécifiques à partir de ressources trop souvent négligées dans les études littéraires.
    Tout un courant de l’anthropologie contemporaine étudie la constitution des textes et leur contribution à la création de corpus patrimoniaux ; les clivages dualistes du passage de l’oral à l’écrit cèdent face à des représentations du mélange des différents modes d’expression. Des thématiques centrales en sociologie politique telles que les capacités des acteurs locaux, l’articulation du local et du global, les dynamiques Sud-Sud et les façons d’entreprendre, sont ainsi interrogées à partir du nœud complexe qui relie archives, textes et performances, trois notions qui appartiennent à des univers différents mais dont la concaténation nous semble aujourd’hui porteuse de dynamiques originales et posséder une pertinence analytique nouvelle.
    En couplant cette activité scientifique au projet artistique qui aura lieu au même moment (l’exposition du Musée Iwalewa de l’Université de Bayreuth dans quatre espaces d’exposition à Bordeaux), notre objectif est d’inciter la communauté scientifique, les étudiants et le grand public à prêter une attention particulière à la dimension historique et anthropologique des études littéraires, trop souvent occultée par la priorité accordée aux aspects strictement formels du texte écrit. Nous entendons ainsi élargir le champ d’action de notre association et tenir compte des croisements de plus en plus fréquents entre poètes, dramaturges et plasticiens, en tenant compte du fait que les études sur les textes, naguère relevant d’abord de la philologie, sont aujourd’hui le lieu d’une rencontre entre anthropologues, historiens, plasticiens, dramaturges, comédiens et évidemment écrivains.

    La question de la textualité en Afrique, trop souvent envisagée d’un point vue strictement littéraire dans les études africanistes francophones, nous paraît mériter un nouvel examen. En effet, les actes concrets sous-jacents à la création ou la consécration des textes s’inscrivent dans la matérialité de lieux, de réseaux et de communautés spécifiques. Cette traçabilité du fait littéraire invite à penser les notions d'archive, de texte et de performance à la lumière des approches sociologique et anthropologique qui envisagent les textes comme des objets pris dans les dynamiques sociales et politiques propres aux sociétés dans lesquelles ils sont produits. L’étude approfondie de ce contexte complexe implique - pour une compréhension optimale des enjeux socio-politiques de la production artistique - la mise en œuvre d'une archéologie des discours qui habitent ou accompagnent les textes et les œuvres d’art.
    Dans cette perspective, les archives constituent un ensemble textuel très riche souvent situé en amont de la recherche littéraire et de plus en plus souvent de la création artistique: de leur simple consultation à des fins documentaires à leur exploitation par des procédés de réappropriation artistique en passant par leur intégration dans un corpus primaire d'étude. L'intérêt grandissant pour les travaux de génétique textuelle et la multiplication des publications de fragments textuels « inédits » extraits des archives d'auteurs, nous conduisent à nous interroger sur le statut de l'archive : de son éventuelle mutation du matériau (source d’étude et matériau de création) au texte (objet d'étude en soi).
    Des recherches sur la place de l'archive dans la constitution d'une mémoire collective et d'une littérature nationale en Afrique du Sud ont montré la dimension nécessairement politique de la constitution, la gestion, la conservation et l'usage de l'archive dans le contexte de l'apartheid (Carolyn Hamilton, Verne Harris, Jane Taylor, Michele Pickover, Graeme Reid & Razia Saleh, eds., Refiguring the Archive. Cape Town : David Philip, 2002, 368 p.).
    Dans ce même volume, un article est consacré à l'analyse de l'archive comme source d'inspiration – et parfois support de création - des artistes contemporains comme en témoignent les nombreuses initiatives en ce sens, au cours des années 2000 : outre donc l’exposition de Johannesburg en 1999 (qui donna lieu à l’ouvrage susmentionné), « Congo Far-West » au Musée Royal d'Afrique Centrale de Tervuren en 2009 et en 2012-2013, « Distance and Desire : Encounters with the African Archive » au Walther Collection de New-York et Berlin et « C'est à ce prix que nous mangeons du sucre » au Musée d'Aquitaine de Bordeaux.
Le recours aux archives coloniales par des artistes contemporains apporte un regard neuf sur la réappropriation d'un patrimoine commun sous la forme d’une mise en représentation publique, donc d’une performance. Elle peut aussi être comprise comme une forme de texte, au sens où l'entend Karin Barber pour qui la performance est toujours performance d'un texte, texte qui n'est lui-même qu'une citation d'un discours plus vaste qu'est la « tradition » (Karin Barber, « Text and Performance in Africa », Oral Tradition, 20 (2), pp. 264-277). L'archive d'une performance qui aurait fait l'objet d'une commande d'une organisation x, confère un éclairage nouveau à la création artistique en en exposant son contexte, la genèse et le cadre thématique voire idéologique de sa conception.
    L'approche de la notion d'archive sera envisagée tant du point de vue de la pratique épistémologique que d'un point de vue plus conceptuel : l'archive comme texte, voire comme œuvre d'art d'un côté, et l'archive comme matériau de l'autre. Les contributions proposant des pistes de recherche sur les modalités de constitution des archives et leur usage par les chercheurs, à l'instar de la réflexion menée par Johannes Fabian dans son essai « méta-épistémologique » Ethnography as Commentary. Writing from the Virtual Archive (Durham & London: Duke University Press, 2008, 139 p.), seront les bienvenues. Les études de cas sur la recherche artistique menée à partir de l'archive ou sur les enjeux contemporains de la création et l'usage des archives de performances seront tout autant considérées.


Propositions d’ateliers :    

  •     La peinture comme fiction narrative
  • Le plasticien, le photographe et l’archive (la réappropriation des archives par les artistes plasticiens et photographes)
  • Modalités et enjeux de la constitution d'archive sur l'Afrique (la question de l'archive virtuelle par exemple et la valorisation de l'archive par le l'édition critique)
  • Le rapprochement entre archives et textes littéraires contemporains : l'archive comme intertexte ?
  • Les archives d'écrivains : usage et pertinence
  • L'archive : mémoire et nostalgie
  • La place du texte dans le théâtre d’improvisation
  • Spatialité du fait littéraire : ancrage des archives, mobilité des performances
  • Performer l’archive
  • La place de l’archive dans le processus d’élaboration du spectacle vivant
  • Les archives de la vie quotidienne : le statut des « petites histoires » et témoignages divers qui prolifèrent sur la Toile
  • La textualité de la mode




Les propositions de communication qui pourront être rédigées en français ou en anglais, devront comporter 1500 signes maximum et être adressées avant le 15 mars 2013 à :

  • Alain Ricard : alainricard45@gmail.com
  • Maëline Le Lay : m.le.lay@sciencespobordeaux.fr



Pour plus de renseignements sur l'APELA et le laboratoire LAM :

site de l'APELA : http://www.apela.fr/

site de LAM : http://www.lam.sciencespobordeaux.fr/