Aragon sur France Culture
(détail du programme)
Les chemins de la musique
du lundi 17 au vendredi 21 juin de 10h30 à 11h00
par Jean-Yves Bosseur, avec la collaboration de Daniel Bougnoux
chargé de réalisation : François Viet
Aragon et la musique
Tout au long de son activité créatrice, Louis Aragon a entretenu des relations très diversifiées avec la musique. Son uvre romanesque contient de multiples allusions aux pratiques musicales de son époque, notamment au jazz ; la présence de la voix chantée y apparaît souvent en filigrane. Et, bien sûr, ses poèmes ont fortement stimulé plusieurs chanteurs (Monique Morelli, Léo Ferré, Jean Ferrat), ainsi que des compositeurs comme Francis Poulenc, Georges Auric et plus près de nous, Rachid Gurbaf. Cest cet éventail très large de conséquences musicales par rapport au monde littéraire dAragon que nous avons souhaité mettre en relief, avec des témoignages de lauteur à lappui, dans cette série des « Chemins de la musique ».
lundi 20 juin : Lunivers sonore des romans dAragon
Musiques de Schumann, Wagner, musique traditionnelle balinaise, chansons de Damia, Mistinguett, Yvonne George
mardi 21 juin : Aragon et le bel canto
Musiques de Rossini, Puccini, Verdi, Bellini
mercredi 22 juin : Aragon et la chanson des autres
Jean-Baptiste Clément, Joseph Kosma, cante jondo
jeudi 23 juin : Les chanteurs de Louis Aragon
Léo Ferré, Jean Ferrat, Lino Leonardi, Colette Magny, Philippe Gérard, Marc Ogeret
Avec Jean Ferrat.
vendredi 24 juin : Aragon et la création musicale du XXème siècle
musiques de Antheil, Poulenc, Auric, Kosma, Nono
Avec Martine Cadieu et Rachid Gurbaf.
Les chemins de la connaissance
du lundi 17 au vendredi 21 juin de 8h30 à 9h00
par Jacques Munier
chargée de réalisation Laetitia Coia
Louis Aragon : parler en prose et le savoir
Dans ces entretiens avec Robert Mallet, diffusés en février 1955, Aragon arpente lhistoire du style français en littérature avec ses parti-pris, ses traits de génie, ses pointes et ses sautes dhumeur.
Lauteur du Traité du style revient notamment sur sa conception de la prose « catapulte », sur son exécration du « grand style » romantique de Chateaubriand et son goût pour Stendhal en illustrant ses propos par des lectures.
En retour, cest sa propre pratique de lécriture qui sen trouve éclairée.
Textes lus par Louis Aragon, Gérard Philipe, Jean-Louis Barrault
lundi 17 juin : Il y a prose et prose
mardi 18 juin : Les proses classiques
mercredi 19 juin : La prose française de Fontenoy à Fleurus
jeudi 20 juin : La prose du destin moderne
vendredi 21 juin : Ebauches en prose
Mémorables
du lundi au vendredi, du 17 au 28 juin, de 11h00 à 11h30
chargée de réalisation : Nicole Salerne
première diffusion : décembre 1963.
Louis Aragon avec Francis Crémieux
Au cours de ces entretiens, Aragon évoque :
lundi 17 juin : la fascination dAragon pour la civilisation espagnole du XVème siècle, la révélation de lislam par la voie de lEspagne et les évènements dAfrique du Nord.
Lécriture est pour lui une démarche réaliste vers la mise au point de la connaissance ; ce qua été le surréalisme à ses débuts, le rôle quil y a joué, lentrée de la réalité dans la littérature et lexploration de cette réalité.
mardi 18 juin : la guerre, ce quil en pense, ce quelle est au travers de ces livres en particulier dans Anicet.
mercredi 19 juin : analyse le personnage dAurélien, comment il est à la fois Drieu la Rochelle et Aragon. Il parle de son livre Les Beaux quartiers et la description du meurtre du policier qui lui vient dun souvenir de journaliste.
jeudi 20 juin : léclairage nouveau du « Fou dElsa » sa conception philosophique de la vie, son combat, contre le fascisme et lexaltation de la femme. Sa définition du mysticisme qui pour lui se transforme en poésie. Le rapport amour-création, le rôle de la femme objet du mysticisme.
vendredi 21 juin : la complexité du problème temps en littérature ; comment dans le fou dElsa, le temps est devenu un héros de son livre.
lundi 24 juin : « Il ny a pas damour heureux » et limpossibilité du bonheur dans le malheur commun, évocation de la période difficile vécue par le couple Aragon/Triolet durant la résistance qui pour des raisons objectives aurait du se séparer. Les problèmes du couple dans ses romans « le monde réel » et « Aurélien ».
mardi 25 juin : « Il ny a pas damour heureux », le bonheur le malheur dans « le Fou dElsa » et dans la littérature espagnole du XVème siècle. Les obstacles au bonheur du XXème siècle, ceux décrits par Elsa Triolet dans Lâge du nylon, ceux vécus pendant la guerre dAlgérie ou pendant lépoque stalinienne.
mercredi 26 juin : son activité de critique littéraire, sa recherche du « génie » Les influences dans sa jeunesse de Apollinaire, Reverdy, Eluard. Son goût pour la poésie en particulier Saint- John Perse et Marie Noël . Sa découverte de Philippe Sollers, les poètes inconnus, commente un jugement de Roger Garaudy sur sa période 34-40 comment il a vécu la guerre de 14-18, la forme quil a donnée à sa poésie durant la deuxième guerre mondiale.
jeudi 27 juin : labsence de ponctuation dans sa poésie, les rôles exacts de la ponctuation et de la versification.
vendredi 28 juin : laccueil de la critique au fou dElsa les références multiples dans son uvre à celle dElsa Triolet le rôle important du mot « âme » comme lui comme pour elle, les raisons pour lesquelles Aragon napparaît pas dans luvre dElsa Triolet, ses projets, une uvre romanesque croisée avec Aragon.
Poésie sur parole
du lundi 17 au vendredi 21 juin, à 14h55 et à 20h25
par Jean-Baptiste Para et André Velter
chargée de réalisation : Vanessa Nadjar
On a pu dire que la poésie dAragon quelle était le chant dun siècle. Par la voix dAntoine Vitez, de Jean-Louis Barrault et dautres comédiens, « Poésie sur parole » nous propose cette semaine un parcours à travers cette uvre considérable. Une anthologie sonore qui nous mènera de laventure surréaliste aux années de la Résistance, puis du Roman inachevé, sa célèbre autobiographie poétique (1956), au Fou dElsa que lon peut tenir pour le couronnement de son uvre (1963) et aux Adieux, livre ultime et poignant où senlacent les voix de la romance et les voix de la mort.
Fiction
mardi 18 juin de 20h30 à 22h00
une sélection proposée par Christine Goémé et Daniel Bougnoux
réalisation : Claude Guerre
Quoi de commun entre « Larmoire à glace un beau soir », extrait du recueil intitulé Le libertinage paru en 1924, en pleine époque dadaïste et surréaliste, le « Poème à crier dans les ruines » publié en 1929 dans La grande Gaité, et la fin du roman La mise à mort de 1965 ? Il y est question des grands thèmes aragoniens : lamour et ses pièges, la jalousie, le leurre, les jeux de miroir et les doubles, la liberté, le désespoir.
On redécouvre lexplorateur du langage que fut toute sa vie Louis Aragon : ses constructions polyphoniques sur fond musical, son lyrisme, son amour pour labsurde et linsolence, sa manière de brouiller les frontières entre les genres.
« Larmoire à glace un beau soir », dédié à Roger Vitrac, est un drame de la jalousie, sur le mode du vaudeville. Aragon brouille la réalité, introduit dans la fiction des personnages réels, ajoute de la poésie au texte en prose, utilise un objet banal, larmoire à glace, pour faire surgir tout ce qui peut se proposer à limagination.
« Poème à crier dans les ruines », paru en 1929 au moment où Aragon sinstalle avec Elsa, mais écrit après sa rupture avec Nancy Cunard,, qui faillit lui coûter la vie, est un texte qui ressaisit toutes les violences dun homme « hanté » pour qui « tout est atroce, atrocement irréparable ».
La mise à mort, publié au printemps 1965, permet à Aragon de renouer sur le terrain du roman avec la période surréaliste de sa jeunesse, et de subvertir les formes romanesques de lépoque. Seront lues les quatre dernières pages du dernier mouvement du texte qui sintitule « le miroir brisé ».
Textes présentés par Daniel Bougnoux.
Distribution en cours.
Surpris par la nuit
du lundi 17 au vendredi 21 juin de 22h30 à 0h00
lundi 17 et mardi 18 juin : Un amour d'Aragon
par Daniel Bougnoux ; chargée de réalisation : Anna Szmuc
Deux émissions pour révéler un Aragon personnel et intime, qui eut le don d'exciter les passions contraires. On y présentera les amours d'Aragon, tels qu'il les écrit ou les chante au fil de son oeuvre, depuis les écrits surréalistes des années vingt, époque de frénésie et de désespoir, mais aussi d'analyse lucide, et cruelle. Le développement du mythe d'Elsa dans le cycle de la Résistance, l'amour courtois mais aussi l'impossibilité du couple illustrée dans les grands romans, notamment Aurélien, puis l'explosion mélancolique du Fou d'Elsa et de La Mise à mort permettront de pointer la liaison, fatale, entre l'amour et la politique. Car la politique communiste fut aussi une affaire d'amour, et elle touche pour le meilleur et pour le pire aux liens intraitables de la famille.
En marge de cette exploration des thèmes aragoniens, on essayera de dire aussi les raisons d'aimer, ou de détester, cet auteur : qu'est-ce qui dans cette oeuvre multiple, en constante recherche, touche encore ses lecteurs aujourd'hui ? Dans quelle mesure Aragon peut-il, par l'ampleur de son uvre à la fois poétique et romanesque, autant que par les ennemis qu'il suscite, être considéré comme le Victor Hugo du siècle vingt ?
Avec la participation de Marie-Thérèse et François Eychart, qui dirige deux revues de la Société des Amis d'Elsa Triolet et d'Aragon, Nathalie Piégay, Philippe Forest, François Taillandier, Bernard Leuilliot, Pierre Juquin, Philippe Caubère et Jean-Claude Fall, comédiens, Bernard Vasseur qui veille sur le Moulin de Saint-Arnoult en Yvelines, Nicolas Mouton, et Olivier Barbarant, coordinateur et directeur des deux volumes de la Pléiade Poésie sur Aragon.
mercredi 19 juin : Entretien inédit Louis Aragon, Jean Ristat
par Jean Ristat ; chargée de réalisation : Anne-Pascale Desvignes
« Jai commencé à travailler à France Culture en 1969 pour Les Lundis de l'Histoire et Un livre des voix de Pierre Sipriot, pour Culture Matin, l'Atelier de Création Radiophonique, les Idées et l'Histoire, etc
Cest en 1971 quAragon a lidée déditer son uvre poétique complet (le masculin est voulu par Aragon).
On sait que pour Aragon toute poésie est de circonstance. Il ne se contente pas de réunir ses recueils déjà publiés mais donne à lire, en même temps, les circonstances de sa poésie. Les seules mémoires laissées par le poète auront été écrites pour luvre poétique complet.
Je lassiste alors dans lélaboration de cet ensemble monumental (pas moins de quinze volumes) et je signe lappareil critique.
Jai fait avec Aragon, dans cette perspective dun travail de mémoire, en particulier pour France Culture, de nombreux entretiens.
Celui consacré au libertinage, inédit jusquà ce jour, évoque les circonstances dans lesquelles louvrage a été composé. Aragon donne sa définition du libertinage, un « amoralisme » et parle longuement du « surréalisme », de Breton, de la sexualité, de lamour »
Jean Ristat
jeudi 20 juin : Aragon lu par Antoine Vitez
première diffusion : « Nuits Magnétiques » du 17 novembre 1983, par Alain Veinstein
En juillet 1983, six mois après la mort d'Aragon, Antoine Vitez - qui fut son collaborateur pendant des années - lui rend hommage, à sa manière, dans le cadre du festival d'Avignon. Deux heures durant, seul sur une estrade devant une salle comble, dans le Verger d'Urbain V derrière le Palais des Papes, il va lire quelques livres parmi les quatre-vingt huit quAragon a publiés, puisant, comme il le dit, dans sa bibliothèque « aragonienne », mêlant prose et poésie. Sa lecture est ponctuée des improvisations au piano de Georges Aperghis.
Nous vous invitons ce soir à découvrir, ou à réécouter, de larges extraits de cette lecture unique aux allures de « feu de joie », pour reprendre le titre du premier recueil de poésie d'Aragon, qu'il a fait paraître en 1920.
vendredi 21 juin : Ouvrez-vous aux poètes surréalistes ?
par Petr Kral ; chargée de réalisation : Anne Fleury
Grâce à l'exposition du centre Pompidou, la révolution Surréaliste fait reparler d'elle. On évoque les vertus « dépaysantes » des tableaux de Max Ernst, de Dali ou de Magritte, on rappelle le bouleversement radical des murs que les surréalistes visaient en réhabilitant la libre imagination humaine. On dit moins que ce bouleversement devait être aussi poésie, et que tout le surréalisme se situe sous le signe de celle-ci.
Les surréalistes ont laissé également de nombreux poèmes. C'est d'eux qu'il est question dans cette émission : sont-ils dépassés comme certains le prétendent ? Gardent-ils au contraire toujours un pouvoir d'appel ? En quoi ? Des citations et des propos de quelques lecteurs attentifs permettront de le préciser, au cours d'une libre promenade à travers les images.
Avec Jean-Christophe Bailly, Thierry Beauchamp, Michel Deguy.