Questions de société
Appel de

Appel de "Sauvons la Recherche" / réunion publique

Publié le par Vincent Ferré (Source : Sauvons la Recherche)

"Pour sauver la recherche et l’université, utilisez aussi votre bulletin de vote."

  Sauvons la Recherche (SLR) s’est constitué en 2004 pour réagir à la mise en péril de la recherche publique française causée par la baisse drastique des crédits et des recrutements imposée par le gouvernement. Notre action a fait découvrir au grand public les difficultés des laboratoires et des chercheurs français, la misère des universités et la crise qui nous attend si les jeunes se détournent de la recherche. Elle a permis l’élaboration, longue et démocratique, en association avec un grand nombre de scientifiques du pays, de propositions innovantes présentées lors des Etats Généraux de la Recherche en octobre 2004.

Nous donnons ici le texte diffusé par SLR, qui entend ainsi participer aux débats de l'entre-deux tours de la Présidentielle:


  "Après avoir laissé pourrir la situation, le gouvernement a imposé en 2006 un "Pacte pour la recherche" prenant le contre-pied de ces propositions : programmation en stagnation des moyens de la recherche publique, création de structures bureaucratiques pilotées par le gouvernement, part grandissante des financements de court terme, absence de perspective stable donnée aux jeunes chercheurs, subventions publiques massives à la recherche privée sans évaluation de ses retombées. Lors de la discussion de cette loi, de nombreuses propositions faites par "Sauvons la Recherche" concernant le financement des organismes de recherche, la mise en place d’un plan pluriannuel pour l’emploi, la pression faite sur les entreprises (via des mesures fiscales) pour embaucher des docteurs... ont reçu le soutien de nombreux parlementaires du PCF, des Verts, du PS et même de l’UDF. L’UMP présidé par N. Sarkozy et le gouvernement, dont il était le numéro deux, se sont opposés à ces mesures.

  Avant ces élections présidentielles, SLR a de nouveau fait connaître ses propositions, organisé des débats, interrogé les candidats et rendu publiques leurs réponses (http://recherche-en-danger.apinc.org).

  Nicolas Sarkozy persiste et signe. Il propose, dans la continuité de l’action qu’il a menée pendant cinq ans, d’amplifier la logique du « Pacte pour la recherche » avec une généralisation du financement par projet, ce qui signifie donner la priorité à une recherche à court terme sur des thématiques que le gouvernement croit les plus rentables, au risque de passer à côté des grandes avancées scientifiques à venir et de sacrifier des disciplines sans applications industrielles, mais pourtant essentielles pour l’intelligence du monde dans lequel nous vivons. En cohérence, il propose de créer des contrats de cinq ans pour les docteurs, sans engagement sur des emplois permanents, ce qui dissuadera les meilleurs étudiants de s’engager dans une carrière scientifique trop peu reconnue. Sa conception de l’autonomie des universités, en associant directement l’entreprise à la gouvernance et au financement des universités, ne peut qu’accroître les inégalités territoriales et la sélection  sociale au détriment de l’autonomie réelle des universités et de la recherche. S’il annonce un accroissement des moyens des universités, rien de tel pour la recherche. Dans sa vision, les EPST, tels le CNRS ou l’INSERM, qui ont joué un rôle essentiel dans le développement de la recherche française, se verront dorénavant cantonnés à un rôle d’agence de moyens, sans politique scientifique propre.

  Enfin, peut-être plus gravement encore, ses déclarations péremptoires sur la détermination génétique de la pédophilie ou du suicide des jeunes, mais aussi ses propos sur les limites des sciences humaines et sociales (« Mieux vaut admettre qu’il y a là une part de mystère irréductible plutôt que de rechercher des causes ») ne peuvent qu’inquiéter les hommes et les femmes de science, et les citoyens.

  En face de ce projet, celui de Ségolène Royal, même s’il ne reprend pas toutes nos propositions, avance un certain nombre de mesures qui montrent clairement qu’une partie importante de nos arguments a été entendue : remplacement du Pacte par une nouvelle loi négociée, programmation d’un accroissement annuel de 10% du budget, statut du doctorant, création d’emplois et lutte contre la précarité, rôle central des organismes et des universités dans le financement de la recherche, importance du progrès des connaissances, engagement fort pour la démocratisation de l’accès et du succès à l’université, volonté de développer la recherche industrielle en redéployant et conditionnant les aides de l’Etat au privé. Ses propositions sur l’éducation, la formation, la démocratie vont dans le bon sens.

  Certes, le bilan en matière de recherche et enseignement supérieur des années où la gauche était au gouvernement a des aspects critiquables. Mais en comparaison avec les cinq dernières années ou avec la période 1993-1997 (voir le graphique provenant de la revue internationale Nature, en ligne sur le site), le bilan est clair. Or nous ne souhaitons pas juger sur les intentions, mais sur les faits attestés.

  En lançant à l’automne 2006 le débat sur la recherche et l’enseignement supérieur avec les présidentiables, SLR souhaitait que les propositions des Etats-Généraux figurent en bonne place dans les programmes des candidats. Or nous sommes aujourd’hui en face de deux projets très différents qui auraient des conséquences totalement opposées sur le futur de la recherche et de l’enseignement supérieur. Même si son projet est perfectible, nous pensons que Ségolène Royal dessine une ambition renouvelée pour la recherche et l’enseignement supérieur, alors que Nicolas Sarkozy programme leur déclin par des mesures que nous jugeons profondément destabilisatrices.

  La recherche et l’enseignement supérieur sont des enjeux essentiels pour l’avenir de notre société, tout le monde en convient. Nous appelons donc toute la communauté académique et l’ensemble des citoyens à ne pas les oublier quand ils voteront dimanche. Quelle que soit l’issue de ces élections, SLR continuera bien sûr à agir pour l’enseignement supérieur et la recherche, et à se battre pour faire appliquer les propositions des Etats Généraux.

  C’est aujourd’hui qu’il faut sauver la recherche, dans 5 ans ce sera trop tard  !

  Le CA de Sauvons la recherche"
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Lundi 30 avril à 11h30, une conférence de presse/réunion publique aura lieu au cours de laquelle Sauvons la Recherche exposera sa position face à l'échéance politique du second tour de la présidentielle. D'ores et déjà je vous communique le texte que nous diffuserons à cette occasion (ci-dessus).

  Au cours de cette réunion publique, des scientifiques de premier plan feront connaitre également publiquement leur position, ce qu'ils n'avaient pas fait auparavant pour plusieurs d'entre eux. Sont notamment attendus:

  André Brahic, astrophysicien, prix Jean-Perrin 2006 de la Société Française de Physique, directeur du laboratoire Gamma-gravitation
  Alain Fischer, immunologue, directeur de l’Institut des maladies rares
  Axel Kahn, généticien, directeur de l’Institut Cochin, médaille d’argent du CNRS
  Christine Petit, Professeur au Collège de France, Chaire de génétique et physiologie cellulaire
  Thomas Piketty, économiste, Directeur d'Etudes à l'EHESS
  Dominique Wolton, directeur de l'Institut des Sciences de la Communication du CNRS
 

  La réunion aura lieu lundi 30 avril à 11h30 au Centre des Cordeliers, 15, rue de l’École de médecine, Paris 6ème. Elle est ouverte à tous. Les informations seront actualisées sur la page :
  http://recherche-en-danger.apinc.org/spip.php?article1572


  Texte adopté par le CA de SLR, disponible à l'adresse :
  http://recherche-en-danger.apinc.org/spip.php?article1573

  • Adresse :
    Centre des Cordeliers, 15, rue de l’École de médecine, 75006