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Le legs de Jean Metellus: de Jacmel à Paris

Le legs de Jean Metellus: de Jacmel à Paris

Publié le par Emilien Sermier (Source : Axel Arthéron, Ayelevi Novivor)

Le legs de Jean Metellus: de Jacmel à Paris

 

A l’heure où la mémoire de Jean Metellus, poète, dramaturge, romancier et essayiste, est saluée de toute part, fort est de constater que cet auteur à la production abondante, reste mal connu. En dépit d’une trentaine d’ouvrages publiés en France et dans des maisons d’édition prestigieuses ou reconnues (Gallimard, Hatier, Lettres Nouvelles, Présence africaine, etc.), la critique universitaire s’est peu intéressée à son œuvre. Aucun grand colloque, ni étude majeure à l’exception de l’ouvrage éclairant Jean Metellus de Françoise Naudillon ou de la thèse de Joseph Ngango[1], ne lui est consacré. Ce paradoxe se renforce d’autant plus que l’auteur s’est vu plusieurs fois couronné au cours de sa carrière, d’illustres prix littéraires à l’instar du Grand Prix de la Francophonie, ultime récompense décernée par l’Académie française en 2010.

D’où vient ce hiatus ?

Au plus fort de sa production dans les années 1980 et 1990, les littératures francophones et anglophones des anciennes colonies européennes connaissent un regain d’intérêt dans bon nombre de pays sur le vieux continent ainsi qu’en Amérique du Nord notamment avec la tenue de colloques internationaux et congrès d’envergure[2]. Néanmoins, Metellus ne semble pas prendre part à ces grands rendez-vous, ni en tant que conférencier, ni en tant que sujet d’étude. Manquement, oubli ? Pourquoi n’est-il pas intégré à ces colloques ? Comment le situer par rapport aux écrivains haïtiens restés vivre en Haïti à l’instar d’un Frankétienne et ceux souvent contraints à l’exil tels que Marie Vieux-Chauvet ou René Depestre ? Telles sont les grandes questions que nous souhaitons inscrire au cœur de ce projet.

Né à Jacmel en 1937, Jean Metellus fuit la dictature duvaliériste et arrive à Paris en 1959 en pleine vague décolonisationiste. Après avoir réussi le concours de médecine, il se consacre à ses études sans nourrir d’ambitions particulières sur le plan littéraire. Toutefois, cette période se révèle propice à ses premiers essais poétiques[3]. Dès 1969, il se fait connaître par plusieurs publications dans les revues Lettres Nouvelles, Temps modernes, Présence Africaine ou encore Acomat avant que Maurice Nadeau n’édite son désormais célèbre recueil Au Pipirite chantant en 1978, opus salué entre autres par André Malraux ainsi que par le champ littéraire. Ce premier recueil consacre le début de sa longue et fructueuse carrière d’écrivain. Auteur de quatorze recueils de poésie, onze romans, cinq pièces de théâtre, cinq essais, deux entretiens publiés, sans compter les nombreux articles et autres écrits, Jean Metellus nous invite à la rencontre d’une œuvre frappée du double sceau de l’exil et du lyrisme. Ayant vécu en France la majeure partie de sa vie, son œuvre est hantée par sa terre natale, sa culture et son histoire.

Le projet

C’est donc cette complexe et attachante production que nous souhaitons mieux saisir dans un ouvrage collectif dédié. A l’heure de sa disparition survenue en janvier 2014, il nous semble pertinent de revenir sur le cheminement intellectuel et littéraire d’un auteur dont la réception en demi-teinte demeure problématique. L’objectif de cet ouvrage collectif sera donc de rendre compte de la question de son héritage dans la littérature haïtienne et francophone.

Quatre axes principaux seront privilégiés à cet effet :

Axe 1 : Réception

Il s’agira d’analyser la problématique des réceptions (journalistique, académique, lectorat) et de s’interroger sur le positionnement de l’œuvre de Metellus dans le champ littéraire haïtien, caribéen et francophone.

  • Réception de l’œuvre de Jean Metellus en Haïti
  • Réception de l’œuvre de Jean Metellus en dehors d’Haïti
  • Réception journalistique et académique de l’œuvre
  • Influences et réseaux littéraires
  • Paroles d’écrivains

Axe 2 : Histoire et poétique des genres

Ce deuxième axe traitera du rapport qui existe dans l’œuvre entre l’histoire, ses représentations et les genres littéraires qu’investit Metellus

  • Quelle poétique pour quelle Histoire ou quelles histoires?
  • Comment l’histoire est revisitée en fonction des différents genres?

Axe 3 : Les personnages chez Metellus : figures mythologiques, métonymiques, symboliques et autobiographiques

Cette troisième thématique nous amène à la rencontre des facettes du personnage chez Metellus : héroïque, tragique, historique, autobiographique, etc.

  • Personnages comme interprètes d’une époque
  • Autofiction et/ou Histoire — Comment combiner le récit du Je avec l’histoire d’une communauté ?
  •  Statut des personnages dans le théâtre

Axe 4 : Ecrire la perte : Haïti

Topos majeur chez Metellus, l’exil conditionne son rapport à l’écriture et à ses représentations d’Haïti.

  • De l’exil : Haïti fantasmé
  • Processus de reconstruction d’une terre perdue
  • Approches diachroniques et synchroniques de l’exil

Vos propositions de contribution (entre 10 et 15 lignes), accompagnées d’une notice bio-bibliographique succincte, sont à faire parvenir avant le 15 Février 2015 à axel.artheron@gmail.com, ayelevi.novivor@gmail.com

 

Le comité scientifique                                                               

Axel Arthéron (Université Paris III, Université des Antilles)

Ayelevi Novivor (Chercheuse indépendante)

Françoise Naudillon (Université de Concordia)

Joubert Satyre (Université de Guelph)

Sylvie Chalaye (Université Paris III)

Jean-Georges Chali (Université des Antilles)

Myriam Moïse (University of West Indies, Université Paris III)

Jean Jonassaint (University of Syracuse)

 

[1] Ngango, Joseph, L'univers romanesque de Jean Métellus, Thèse, Université de Yaoundé, Cameroun, 1991.

[2] Colloque international Poétiques d'Edouard Glissant, Paris-Sorbonne, 11-13 mars 1998.

[3] Cf. Françoise Naudillon, Jean Metellus, Paris, coll. Classiques pour demain, l’Harmattan, 1994.