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Appels à contributions
Casinos et spectacle aux XIXe et XXe s. (Revue d’Histoire du Théâtre)

Casinos et spectacle aux XIXe et XXe s. (Revue d’Histoire du Théâtre)

Publié le par Marc Escola (Source : Sarah Di Bella)

Appel à contribution pour la Revue d’Histoire du Théâtre

Dossier thématique | Publication courant 2017 

Casinos et spectacle aux XIXe et XXe siècles

 

Le « casino » en tant qu’espace d’une histoire culturelle des XIXe et XXe siècles, et d’une histoire du spectacle, puis d’une histoire de l’économie du spectacle vivant, mérite une recherche historiographique approfondie. Aussi le calendrier de publication du numéro de laRevue d’Histoire du théâtre qui lui sera consacré tient compte du caractère exquisément nouveau de ce sujet et il a été conçu pour donner aux auteurs le temps nécessaire à une éventuelle démarche de recherche.

L’histoire des scènes artistiques des casinos commence à la fin du XVIIIe siècle, alors que sa pré-histoire remonterait, sinon à la romanité comme le voudraient les récits romantiques, du moins au Cinquecento italien. Le climax de l’histoire des scènes théâtrales des casinos se situe entre le Second Empire et la Seconde Guerre mondiale, l’offre culturelle ayant été profondément modifiée en France à partir des grands chantiers de la décentralisation menés après-guerre.

Le casino s’annonce comme le lieu par excellence d’une sociabilité qui se définit au croisement d’activités mondaines et ludiques, économiques et esthétiques, et d’une expérience spectatrice rendue singulière par des superpositions qui ne sont pas si ordinaires dans l’espace culturel de la ville. C’est ce qui détermine son intérêt aux yeux de l’historien des arts du spectacle et de la représentation.

En outre, les archives des casinos français sont le plus souvent dispersées entre archives municipales, bibliothèques diverses et collections privées. Ceci complique la démarche du chercheur et pose la question d’une éventuelle reconstitution des archives des nombreux casinos présents sur le territoire français par la voie de la numérisation.

Nous proposons sans volonté d’exhaustivité quelques premières pistes de réflexion qui nous semblent caractériser cette histoire culturelle des casinos :

Durant la période 1850-1950, la programmation dans les casinos permettait la diffusion en dehors des grandes villes et dans le monde entier (les casinos sont par exemple très importants dans l’histoire du théâtre dans les colonies) de spectacles de « haute tenue », tant en danse, en théâtre qu’en musique.

Cette mise à disposition d’œuvres artistiques reconnues et le plus souvent réservées à une élite sociale sur l’ensemble des territoires participe d’une histoire de la circulation et de la démocratisation culturelle qui mérite que l’on s’y intéresse, afin d’en cerner les usages et les enjeux tant sociaux, économiques qu’esthétiques.

Les attractions des casinos auraient également permis la ritualisation contemporaine de l'espace-temps de la « fête » dans le cadre de la pratique de la villégiature. L’étude de la dimension festive nous amène à l’histoire des festivals, d’autant que tout un pan de l’histoire de la culture festivalière est lié, déjà sur le plan urbanistique, à l’histoire des casinos.

À ce titre, la mise en regard de l’histoire des casinos et de l’histoire des festivals offre des axes de réflexion particulièrement probants pour penser la dimension festivalière et divertissante du théâtre.

Pour chacun de ces points – spectacle et villégiature, spectacle et fête, casino et festival –, il serait opportun de dresser des typologies car le caractère de la mondanité et de la place donnée au spectacle, la nature des spectacles dans les murs d’un casino, ainsi que l’éventuelle issue festivalière, sont autant d’aspects de l’histoire culturelle déterminés par des facteurs multiples – le lieu de villégiature (bains de mer, villes d’eau de source à la montagne ou d’eau sulfureuse en territoire volcanique), le cadre urbain et les lieux à proximité déterminant l’identité des touristes, les dynamiques concurrentielles, etc.

Il semble ainsi possible de dégager quelques pistes de travail, qui ne peuvent toutefois cesser de s’entrecroiser et de s’enrichir :

L’approche historique et esthétique liée plus précisément au spectacle, à l’exploitation du produit artistique et à une éventuelle incidence des dynamiques liées à cet espace sur l’évolution de l’idée de spectacle et de son histoire.

L’approche urbaine des casinos, bâtis en dehors des grandes villes, incluant les politiques menées dans un espace urbain destiné principalement à la villégiature : argent-tourisme-culture.

L’approche sociale et économique qui s’intéresse à la sociabilité, aux publics et à leur rapport au dispositif économique. Dans cet espace-temps de la fête saisonnière, espace du jeu et de la circulation d’argent, se construit autour des jeux de hasard un dispositif de l’illusion, où chacun est censé tester sa chance en défiant le pouvoir économique. Le casino est en effet un temple que l’on fréquente pour défier la fortune, mais on y voit aussi du ballet et de la danse moderne, on y entend jouer de la musique, du théâtre, du cabaret, des revues, et surtout on assiste et on participe au jeu de la représentation sociale qui n’est pas le moins attendu entre les murs des casinos entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.

Ces jeux de mondanité, de sociabilité, d’interactions ou de spécularité entre illusion de l’argent et illusion du spectacle pourraient être approfondis dans le cadre de ce dossier.

En outre, les casinos représentaient un réseau indispensable pour la survie de tout un pan de l’art vivant – orchestres, ensembles lyriques, compagnies de danses. Espaces privilégiés de diffusion des spectacles, ils représentent à ce titre des enjeux économiques pour le monde théâtral et sa survie financière.

L’équipe rédactionnelle préconise d’accorder une place importante aux images, aussi bien dans le cadre de la publication papier que numérique.

Dossier coordonné par Sarah Di Bella.

Comité de pilotage :

Christian Biet, Léonor Delaunay, Marion Denizot, Anaïs Flechet, Pascale Goetschel, Mélanie Traversier, Jean-Claude Yon.

 

Les propositions sont attendues pour le 14 décembre 2015

à l’adresse suivante :

Sarah Di Bella dibellasarah@gmail.com

Léonor Delaunay, pour la Revue d’Histoire du Théâtre leonor.delaunay@sht.asso.fr