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Colloque international :

Colloque international : "Risquer de vivre" (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : PHILéPOL Paris Descartes)

Risquer de vivre

 

Colloque international : 14 décembre 2018

Université Paris Descartes – Salle F763-Sorbonne

 

PRÉSENTATION

Risquer n’a pas, dans la langue française, d’équivalent positif ; à cet endroit comme à d’autres, la langue est bancale, asymétrique. Ainsi, risquer aimante le dysphorique et attire le négatif : risquer de mourir, risquer d’être blessé. A tel point que lorsqu’on veut énoncer l’espoir que quelque chose de positif arrive, le seul terme disponible est risquer et cela produit un effet pour le moins paradoxal dans les conversations ordinaires comme dans les argumentaires scientifiques : « Je risque de… gagner », par exemple, dont la seule périphrase si l’on veut éviter le terme pourrait être : « J’ai une chance de gagner ».

Les contraires de risquer sont assurer et s’assurer et le seul contraire de risque est certitude. Voilà qui nous dit que peut-être le propre de l’humain est précisément de s’engager dans la quête (impossible) de la certitude, avec cette idée comme seule arme, comme le dit l’adage populaire, que « l’espoir fait vivre »…

Les synonymes de risque sont par ailleurs rarement positifs ­— chance, fortune —  ou neutres — hasard, aléa, responsabilité — et majoritairement négatifs : danger, inconvénient, menace, péril, gageure, incertitude, etc. Risquer a lui aussi de nombreux synonymes, dont la plupart sont en revanche positifs et témoignent d’un rapport euphorique au monde : affronter, s’aventurer, braver, chercher, défier, s’engager, entreprendre, essayer, expérimenter, miser, oser, se lancer, y aller, etc. et également, et pas des moindres : jouer et pouvoir.

Pouvons-nous envisager de jouer avec le risque ? Et d’y aller ?

Les expériences de risques et de menaces font partie des phénomènes ordinaires de nos vies quotidiennes. Ces risques existent, selon nos visions du monde et selon nos expériences, dans tous les secteurs : du sanitaire au professionnel en passant par le nucléaire, le militaire et l’écologie, etc. Ils concernent aussi bien la vie et l’avenir des individus que des sociétés, voire du monde et de l’humanité. Les discours quotidiens, journalistiques et scientifiques, font réaliser aux sujets que leur existence et leur avenir sont incertains car des forces extérieures pèsent sur l’existence et sur son avenir. Ces discours influencent profondément les visions du monde.

Certes, les expériences ainsi que les discours sur le risque et la menace ne sont pas nouveaux, loin de là, mais ils sont depuis quelques décennies au centre aussi bien des expériences de la société que de beaucoup d’analyses des sociétés contemporaines.

La libéralisation et l’individualisation radicales depuis les années 1980 ont constitué la matrice de ce phénomène. C’est pour cette raison que, par exemple, la conception de la « société du risque » (Beck), publiée en 1986, reste une référence dans le débat des sciences sociales.

Le fait de vivre dans une situation de risque et de menace engendre différentes manières de se situer dans le monde contemporain et vis-à-vis de l’avenir du monde ainsi que par rapport à son avenir individuel. Ces rapports au monde et aux autres s’expriment de maintes façons, par exemple dans les discours quotidiens, dans des œuvres de fiction, dans les discours politiques et scientifiques.

 

AXES DE RECHERCHE

Le colloque Risquer de vivre se penche sur les expériences de risques et de menaces, leurs différentes expressions ainsi que sur les analyses des sciences humaines et sociales : quelles sont les perspectives actuelles ?

Le colloque est structuré autour de trois axes :

Les expériences de risques et menaces : quelles expériences de risques et de menaces ? Les expériences de risques et de menaces peuvent se fonder sur des vécus très différents. Elles peuvent faire comprendre aux individus leur impuissance par rapport à ces phénomènes et, par conséquent, les obliger à se conformer à cette situation, à subir et à prendre sur soi. En revanche, cette situation peut également être vécue comme un défi : en s’affrontant au risque et à la menace afin de les maîtriser, l’individu grandit et se libère des forces extérieures qui le menacent. Entre ces deux extrêmes, on trouvera une multitude d’autres constellations.

Les expressions des risques et menaces : Les risques et menaces s’expriment non seulement dans les récits auto-biographiques mais également dans la littérature romanesque, d’essai et d’investigation journalistique, dans des films de fiction et des documentaires, dans des séries et des clips etc. Ils s’incarnent aussi dans les discours politiques et scientifiques. Que disent les analyses de ces discours sur le rapport entre moi/nous, le risque et la menace ? Ces analyses des sciences sociales et des sciences du langage révèlent, sous la surface discursive/visuelle, les visions du monde, les structures narratives, les univers sémantiques, les tensions passionnelles, la façon dont la crainte se module et quelles parades sont en germe, quels défis s’énoncent, et livrent quelques pistes de réflexion.

Les analyses des risques et des menaces en sciences humaines et sociales : Dans les sciences humaines et sociales, les analyses oscillent entre des positions apocalyptiques (souvent inspirées par le point de vue anthropocène de l’écologie politique) et des réflexions sur le dépassement possible des situations de risques et de menaces, en passant par les analyses des replis identitaires ainsi que des quêtes en vue de maîtriser ou d’éviter les risques et menaces, pour se limiter seulement à quelques positions. Ces études s’appuient souvent sur les mêmes constats, mais leurs finalités sont différentes. C’est pour cette raison qu’elles sont très souvent incompatibles.

Nous tenterons d’avancer vers une lecture synthétique de différents travaux consacrés depuis longtemps à ce sujet. Les risques et les menaces sont-ils une fatalité, peut-être maîtrisable ? Allons-nous vers l’apocalypse inévitable ou existe-t-il des potentiels de dépassement de la situation de risques et de menaces ?

 

 

COMMUNICATIONS

Date de soumission des communications : 24 octobre.

Un résumé de 3000 signes est attendu ;  l’auteur.e indiquera en en-tête son institution de rattachement ainsi que son laboratoire et à la fin du résumé : 5 mots-clés maximum et une bibliographie de 5 ouvrages maximum. Elle/il indiquera également l’axe (1, 2 ou 3) dans lequel la communication s’inscrit préférentiellement.

L’ensemble devra être envoyé pour le 24 octobre à l’adresse suivante :

Adresse : risquerdevivre.colloque@gmail.com