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15e congrès de la société internationale des médiévistes de Paris (IMS-Paris)

15e congrès de la société internationale des médiévistes de Paris (IMS-Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : www.ims-paris.org)

Appel à communications

15e congrès de la société internationale des médiévistes de Paris (IMS-Paris).

28-30 juin 2018

Vérité et fiction

 

En 2016, dans le contexte des élections américaines et du référendum sur le Brexit, les dictionnaires d'Oxford ont choisi de consacrer comme mot de l'année, l'expression « post-vérité ». Cette dernière visait à souligner la tendance des faits objectifs à être moins influents dans les choix des individus que l'appel à leurs émotions, y compris lorsque celles-ci étaient suscitées par des « faits alternatifs ». Ce rapport à la vérité, au mensonge et à la fiction, qui se déconstruit sous nos yeux, est pourtant un héritage de longue date, que l’on peut faire remonter au Moyen Âge. C’est pourquoi, il nous paraît nécessaire de sonder selon différentes approches comment ce rapport à la vérité et à la fiction s'est construit et manifesté au cours du Moyen Âge.

Un premier aspect concernera le nouveau rapport à la Vérité introduit par la réforme grégorienne. Au niveau philosophique et doctrinale, d’une part, l’idée de l’infaillibilité du Pape, « docteur de la vérité », est introduite par Grégoire VII, reprenant à son compte les paroles du Christ, disant qu’il était la vérité (via, veritas et vita). D’un point de vue liturgique et sacramentel, d’autre part, on pourra étudier la capacité de l’Église à imposer la doctrine de l’eucharistie comme transsubstantiation à la fois comme défi pour le sens commun et comme mystère pour l’entendement humain, et ce, malgré les démonstrations rationnelles les plus sophistiquées. Ici se noue en effet un rapport très particulier à la vérité, marqué par le recours à l’émotion et à une profonde dévotion, mais aussi par toute une construction intellectuelle rationnelle imposant la nécessité de l’acte de foi plutôt que celle de la vérification. Les communications pourront ainsi porter sur la manière dont la réforme grégorienne place la question de la Vérité au centre des exigences de la société : par la construction de cette « idéologie de la vérité », mais aussi et, surtout, par la mise en œuvre de dispositifs tels que la prédication - qui vient dire la vérité aux chrétiens - et la confession, qui introduit l’obligation à tout un chacun de dire la vérité pour le salut de son âme. On s’intéressera en particulier à la place et au rôle des fictions dans ces dispositifs (sermons, exempla, vita, etc.).

Un deuxième angle pour aborder cette thématique se concentrera sur le langage, les discours et les formes narratives qui avaient pour fonction de produire des effets de vérité. On pourra ainsi s’interroger sur les rapports entre histoire et littérature et leur ambiguïté par rapport à la vérité. Pas plus que les Grecs n'ont cru à leurs mythes, les hommes du Moyen Âge ne confondaient l'histoire et la fiction. Cependant, les récits historiques fictionnalisés qui se développent au XIIe siècle se voyaient créditer une certaine véracité, parce qu’ils offraient une manière de décrypter l'ordre social comme le rappelle Jean de Salisbury lorsqu’il écrit que « même les mensonges des poètes servent la vérité [...]». Les communications pourront ainsi explorer les rapports entre vérité et fiction à travers la question des genres historiques et littéraires (roman, épopée, etc.) et des effets de vérité qu’ils produisaient en donnant un cadre de pertinence à partir desquels il était possible de croire aux faits relatés. Le poids de ces fictions historico-littéraires face à ce que Paul Veyne appelle « la doctrine des choses actuelles » pourra également être pris en compte.

Autres langages de vérité : le droit et la rhétorique qui viennent structurer le langage politique à partir du XIIe siècle. La rhétorique permet – entre autres – de contrôler le rapport entre l’auteur du texte et ses destinataires et de mettre en scène son statut de véridicité. On s’intéressera notamment à la manière dont la rhétorique associe étroitement la musique à la parole et utilise la métaphore comme moyen supplémentaire d’approcher la vérité. On pourra ainsi étudier la virtuosité des effets de vérité produit par le dictamen ou bien la quaestio scolastique, en tant que méthode permettant d’établir la vérité avec certitude, et la place de la fiction dans ces nouveaux langages politiques.

Un troisième aspect de cette question pourra prendre en compte le rôle des artefacts dans la production de ces effets de vérité et leur recours à des fictions. Selon saint Augustin, l’image n’est pas la vérité, mais le moyen de faire appréhender le vrai. L’esthétique qui en découle vise ainsi à rendre concrète des abstractions par des représentations particulières et individualisées. À titre d’exemples, on peut citer la perspective comme instrument de vraisemblance ou la technique du liant à l’huile qui permet l’exactitude du détail, dans le portrait comme dans les autres genres, tout en hybridant cette image vraie avec des formes symbolistes héritées des périodes antérieures.

Enfin dernier aspect des processus de véridiction qui auront une place dans ce colloque : la diffusion de l’enquête et le développement des procédures inquisitoires, en ce qu’elles illustrent un rapport nouveau à la vérité entretenu par les sociétés du Moyen Âge central. A partir du XIIe siècle, la généralisation de cette procédure, qui tend à marginaliser épreuves et ordalies, imposa la prestation du serment de vérité, mais surtout le témoignage ou bien l’aveu comme mode de preuve et comme moyen de connaître la vérité – vérité des actes authentifiés et des faits relatés lors de procès. On accordera un intérêt particulier aux usages et au statut des faits fictifs dans ces procédures inquisitoires, ainsi qu’à la manière dont les fictions sont démasquées à l’occasion de procès. La façon dont la participation des individus à l’enquête constitua tour à tour un instrument de légitimation du pouvoir laïc et ecclésiastique et un moyen de faire reconnaître leur propre vérité et interprétation des faits pourra également être explorée.

Cette diversité des thématiques entend permettre la participation de chercheuses et de chercheurs aux formations et aux domaines d’expertise les plus variés : historiens, historiens de l’art et du droit, musicologues, philologues, littéraires, spécialistes des sciences auxiliaires (paléographes, épigraphistes, codicologues, numismates)… Comme c’est l’usage, l’IMS-Paris se concentre prioritairement sur l’espace de la France médiévale, sans exclusivité cependant. En réunissant des propositions aussi diverses, le colloque de l’IMS entend poser un nouveau regard sur la notion de Vérité et son articulation avec celle de Fiction, dans la culture médiévale.

Les résumés de 300 mots maximum (en français ou en anglais) pour une communication de 20 minutes devront être envoyés à communications.ims.paris@gmail.com.

La date de clôture des formulaires de dépôt en ligne des résumés est le 24 novembre 2017.

Le processus de sélection de propositions sera effectué par un comité scientifique composé de Catherine Croizy-Naquet (Univ. Paris 3/CERAM), Marie Dejoux (Univ Paris 1/LAMOP), Lindsey Hansen (IMS) et Fanny Madeline (LAMOP/IMS) et Valerie Wilhite (Univ. of the Virigin Islands/IMS).

Cette procédure, très compétitive, s'effectue en préservant l'anonymat des propositions.

L’IMS-Paris fera connaître sa réponse par courriel dans le courant du mois de décembre. Les titres des communications retenues seront disponibles sur le site internet de l’IMS. Les auteurs dont les communications auront été sélectionnées prendront en charge leurs dépenses personnelles de voyage et leurs frais d’inscription au colloque (35 € par personne, 20 € pour les étudiants, gratuit pour les membres du LAMOP et du CERAM + frais d’adhésion à l’IMS-Paris 10 €).

L’IMS-Paris est une association interdisciplinaire et bilingue (français-anglais) créée pour favoriser les échanges entre les médiévistes qui effectuent des recherches, travaillent ou étudient en France. Pour plus d’informations sur l’IMS et le calendrier des colloques des années passées, merci de consulter notre site internet : http://www.ims-paris.org et https://imsparis.hypotheses.org

IMS-Paris Prix pour doctorants

La Société Internationale des Médiévistes propose un prix qui sera décerné pour la meilleure proposition de communication de la part d'un(e) doctorant(e). Le dossier de candidature qui sera envoyé à communication.ims.paris@gmail.com avant le 17 novembre 2017 comprendra :

1) la proposition de communication,

2) une esquisse du projet de recherche actuel (thèse de doctorat),

3) les noms et coordonnées de deux références universitaires.

Le lauréat sera choisi par le bureau de l'IMS-Paris et un comité de membres honoraires ; il en sera informé dès l’acceptation de sa proposition. Une prime de 150 € pour défrayer une partie des coûts d’hébergement et de transport à Paris depuis la France (350 € depuis l’étranger) lui sera versée lors du Congrès.

 

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Call for Papers

15th Annual Conference of the International Medieval Society-Paris (IMS)

28-30 June 2018

 

Truth and Fiction

In the wake of the US presidential election and the Brexit referendum, the Oxford English Dictionary chose the expression “post-truth” as its word of the year. This expression underlines the growing tendency to dismiss objective facts in favor of impulsive—and often prejudicial—feelings, frequently supported by “alternative facts.” The contentious relationship between the truth and lies, or truth and fiction, which is currently playing out in the public arena has, in fact, a long-standing legacy—one which can be traced back to the Middle Ages. For this reason, this year’s IMS conference seeks to investigate the variety of different approaches to truth and fiction that existed in the Middle Ages.

One possible avenue of inquiry concerns new ideas of Truth introduced by the Gregorian reforms. On a philosophical and doctrinal level, the idea of the infallibility of the Pope, the “Doctor of Truth,” was introduced by Gregory VII who, taking up the words of Christ, contended that he was the Truth (via, veritas, et vita). From a liturgical and sacramental point of view, on the other hand, we can study contemporary tenets of Eucharistic doctrine as a challenge to common sense as a mystery of human understanding—albeit articulated in rationalist terms. Papers thus might address the manner by which the Gregorian reforms placed the question of truth at the center of the demands of society: by constructing this “ideology of truth,” but also—and above all—by implementing mechanisms like preaching, which spread Truth to Christians, and confession, which introduced the obligation to speak the truth. We are particularly interested in the place and the role of Fictions in these devices (sermons, exempla, vita, etc.).

A second approach to this theme is through language, discourse and narrative forms that aimed to produce a supposed truth. We could examine the relationships between literature and history and their ambiguity with respect to the truth. For example, fictionalized historical narratives throughout the medieval period were frequently thought to be true because they provided a means of decrypting the social order. As John of Salisbury wrote, “even the lies of poets served the Truth.” Papers might explore relationships between truth and fiction through the lens of historical and literary genres (novels, epics, etc.) and the ‘truths’ they produced, placing special emphasis on the way that it was possible to believe the facts related in these works. The importance of these historico-literary fictions—what Paul Veyne called “doctrine in the face of facts”—might also be taken into account.

Law and rhetoric also construct notions of truth. Rhetoric permits the control of the relationship between the author and the audiences of a text and the establishment of the status of a text as veridic, among other things. It can even create direct links between music and words, using metaphor as a means of approaching the truth. Papers could consider, for instance, the virtuosity of the effects of Truth produced by the dictamen or even the quaestio scholastique as a method for establishing Truth with certitude, as well as the place of fiction within these new political languages.

Images throughout the medieval period play a fundamental role in the construction or undermining of truth(s). According to Augustine, the image is not truth, but rather a means of understanding Truth. For him, the work of art renders abstractions concrete using representations hat are both specific and individualized. What is the art object’s role in dispelling truth or decrying falsehoods? Through what formal and material means does it achieve either? Papers might consider the use and forms of medieval diagrams, the role of the art object in spiritual form, etc.

Finally, the conference aims to examine the origins and development of interrogative procedures in the medieval period, in that they illustrate relationships with the truth maintained by medieval societies. We are especially interested in the uses and status of fictive facts in inquisitorial trials, the manner that fictions were revealed during trials, or even how the participation of individuals in inquisitorial trials was viewed as an instrument of legitimization of power and as a way of acknowledging those individuals’ own truths and interpretations of facts.

This great diversity of themes opens participation to researchers working in a variety of different fields and coming from a variety of backgrounds: historians, art historians, musicologists, philosophers, literary scholars, specialists in auxiliary sciences (paleographers, epigraphists, codicologists, numismatists)… While we focus on medieval France, compelling submissions focused on other geographical areas that also fit the conference theme are welcomed. In bringing together such diverse proposals, the IMS conference seeks to take a new look at the notion of Truth, its articulations, and its relationship with Fiction in the medieval world.

Abstracts of no more than 300 words (in French or English) for a 20-minute paper should be sent to communications.ims.paris@gmail.com. Each proposal should be accompanied by full contact information, a CV, and a list of the audio-visual equipment required for the presentation.

The deadline for abstracts is 24 November 2017.

Paper selections will be made by a scientific committee composed of Catherine Croizy-Naquet (Univ. Paris 3/CERAM), Marie Dejoux (Univ. Paris 1/LAMOP), Lindsey Hansen (IMS), Fanny Madeline (LAMOP/IMS), and Valerie Wilhite (Univ. of the Virgin Islands/IMS), as well as the members of the Board of Directors of the IMS.

Please be aware that the IMS-Paris submissions review process is highly competitive and is carried out on a strictly anonymous basis.

The selection committee will email applicants in mid-December to notify them of its decisions. Titles of accepted papers will be made available on the IMS-Paris website thereafter.

Authors of accepted papers will be responsible for their own travel costs and conference registration fees (35€ per person, 20€ for students, free for members of LAMOP and CERAM; 10€ membership dues for all participants).

The IMS-Paris is an interdisciplinary, bilingual (French/English) organization that fosters exchanges between French and foreign scholars. For more than a decade, the IMS has served as a center for medievalists who travel to France to conduct research, work or study. For more information about the IMS-Paris and for past symposium programs, please visit our websites: www.ims-paris.org and https://imsparis.hypotheses.org.

 

IMS-Paris Graduate Student Prize:

The IMS-Paris is pleased to offer one prize for the best paper proposal by a graduate student. Applications should consist of:

1) a symposium paper abstract

2) an outline of a current research project (PhD dissertation research)

3) the names and contact information of two academic referees

The prize-winner will be selected by the board and a committee of honorary members, and will be notified upon acceptance to the Symposium. An award of 350€ to support international travel/accommodation (within France, 150€) will be paid at the symposium.