Actualité
Appels à contributions
Jeunes Chercheurs Médiévistes de l'Université de Genève & de la Conférence Universitaire de Suisse Occidentale (Genève)

Jeunes Chercheurs Médiévistes de l'Université de Genève & de la Conférence Universitaire de Suisse Occidentale (Genève)

Publié le par Vincent Ferré (Source : JCM)

Vrai, faux, mensonge : appel à communications

Huitièmes journées internationales d’études médiévales des Jeunes Chercheurs Médiévistes de l’Université de Genève & de la Conférence Universitaire de Suisse Occidentale

5-6 mars 2018

Si le mensonge renvoie à toute forme de discours contre la vérité, nous ne pouvons comprendre le premier sans définir la seconde et son rapport au faux. Ce lien, d’autant plus complexe au Moyen Âge, constitue l’enjeu de ces Huitièmes journées d’études.

La conception augustinienne lie étroitement le mensonge à la parole et, par extension, au Verbe divin qui témoigne d’une dichotomie entre Dieu et le Diable. Au-delà des enjeux théologiques et moraux qu’elle soulève, cette question suggère plus largement des pistes de réflexion sur le langage et la corrélation entre forme et vraisemblance. Au plan littéraire, outre l’opposition classique entre vers et prose, nous proposons d’explorer les stratégies d’effets de réel et autres formules langagières qui, tout en visant à accréditer le discours, concourent parfois à l’affaiblir. Le paradoxe de la notion de représentation émerge alors, synonyme à la fois de traduction mensongère de la parole première et de support pédagogique au Verbe divin. L’Ovide moralisé, dans lequel l’allégorie apparaît comme un moyen de prémunir les fables païennes antiques de l’oubli en les ramenant à une forme de vérité chrétienne, interroge le pouvoir persuasif et didactique de la fiction : l’expression d’une vérité peut-elle se passer de la séduction du texte, le docere peut-il se dissocier du placere ? Cette réflexion amorce le débat des intérêts mutuels de la littérature et de l’histoire – si la première se nourrit du pouvoir d’accréditation de la seconde, elle peut également doter celle-ci d’une attractivité supérieure –, mais aussi celui de la conception de la “vérité historique”, qui varie en fonction des époques et des disciplines et appelle d’ailleurs à étudier le problème des faux diplomatiques.

L’allégorie – dont l’essoufflement à la fin du Moyen Âge invite à interroger la métamorphose des régimes épistémologiques à cette époque – offre une ouverture de la littérature vers l’histoire de l’art : l’inscription du représenté dans le représentant, mais également le concept des ‘‘vraies images’’ dans l’iconographie religieuse sont autant de pistes permettant d’alimenter notre réflexion sur le vrai et le faux. Le corps occupe également une place importante dans la réflexion sur la vérité. Souvent considéré comme intrinsèquement authentique, le corps peut être craint pour son potentiel révélateur, mais peut également être objet de manipulations. Cette dimension problématique de la vérité et de ses variantes nourrit encore la réflexion sur le statut philosophique ou théologique de la vérité à l’Université de Paris notamment. Dans cette lignée, le discours du fou remet exemplairement en question ces catégories entre vrai et faux, acceptable et inacceptable, même si, paradoxalement, la folie semble au final offrir une réaffirmation de l’ordre normatif qu’elle met en cause. La possibilité d’une vérité mauvaise ou au contraire d’un mensonge utile reconditionne à son tour le rapport usuel aux catégories axiologiques.

Par ailleurs, une approche codicologique apporterait un éclairage neuf sur les vérités complémentaires ou alternatives caractérisant le dialogue entre le texte et l’image, de même qu’une réflexion philologique permettrait d’envisager un texte dans la perception schématique de son stemma codicum. Enfin, une réflexion sur les concepts de vrai, faux et mensonge ne saurait se dispenser de sonder l’hypocrisie et le jeu des masques de Faux-Semblant dans le Roman de la Rose ou la renardie du goupil dans le Roman de Renart. Au-delà de ces deux personnifications, les textes parodiques et satiriques méritent d’être examinés à la lumière de notre problématique : de l’hypocrisie des frères mendiants fustigée par Rutebeuf à la fausseté honnie du cheval Fauvel, l’ironie ne saurait manquer de soulever, dans ses emplois divers, les interrogations des médiévistes.

Telles seront les grandes lignes de la thématique que nous voudrions explorer à l’occasion de ces Huitièmes journées d’études. Des propositions de communication de 30 minutes relevant de tous les domaines des études médiévales (histoire, histoire de l'art, philosophie, théologie, langues et littératures, philologie, codicologie, diplomatique…) sont les bienvenues, en français (langue de déroulement du colloque) ou en anglais.

Les propositions de contribution, d’une demi-page environ, accompagnées de renseignements pratiques (statut, institution de rattachement, domaine de recherche) sont à envoyer au format PDF avant le 1er décembre 2017 à l’adresse suivante : journeesetudesjcm@gmail.com. Un comité scientifique procédera à la sélection des communications.