Actualité
Appels à contributions
Le parasite au théâtre

Le parasite au théâtre

Publié le par Frédérique Fleck (Source : Isabelle Barbéris, Florence Fix)

 

APPEL A CONTRIBUTION

 

Le parasite au théâtre, collectif

 

 

Editions Orizons, collection « Comparaisons »

 

Florence Fix, Isabelle Barbéris eds

 

Le projet d’ouvrage collectif entend faire appel à tous les théâtres, de l’Antiquité à nos jours sans choix particulier de langue ou d’espace géographique. Ce plan large toutefois se donne pour objectif d’établir un portrait que l’on espère aussi exhaustif que possible d’un personnage dont la compréhension est liée à notre appréhension à travers les âges de l’étranger et de son insertion dans nos systèmes de valeur.

 

Le parasite n’a pas toujours la connotation hâtive que le langage courant lui accorde aujourd’hui d’hypocrite ou de profiteur ; il convient de revenir à son acception en biologie : l’intrus peut être le bienvenu, il ne colonise pas nécessairement son hôte pour le détruire, mais établit avec lui un microsystème au fonctionnement équilibré. C’est cet équilibre fragile, parfois contesté, que la situation théâtrale met sous tension. Si l’on convient en outre avec Michel Serres que « le parasite précède toute relation de dire et de don », alors ce personnage interroge également la capacité du théâtre à venir à bout de cette tension par le dialogisme. L’usage de la langue est parasitage permanent, emprunt et déplacement tout comme d’ailleurs la pratique de la réécriture littéraire (Botho Strauss qualifie de Parasitdramen ses réécritures de pièces shakespeariennes). Mais un parasitage sonore entrave l’écoute ou l’identification de la source première…

 

Du parasite au théâtre qui, malgré sa fonction repoussoir, incarne une figure tout à fait nécessaire au maintien de la mana sociale, jusqu’au « parasitage », qui, chez Beckett (puis dans l’art multimédia) devient une véritable fonction sociale multidirectionnelle, en passant par Bartleby et Schweik, le parasite est une figure limitrophe du basculement dans l’anomie, un signe de civilisation qui cristallise les angoisses du délitement social, et un symbole économique qui permet de mesurer la notion de « profit » dans un équilibre social donné. Le parasite sert d’étalon-maître à la solidité du lien social. L’essai analyse différentes incarnations littéraires et artistiques du parasite, en commentant l’axiologie plus ou moins positive des représentations dans leur contexte : bouffon, acteur de théâtre, joker, personnage picaresque, courtisan, autodidacte ( le neveu de Rameau), truand (Vautrin), bohème, étudiant, aristocrate (chez Tchekhov), malade, vieillard, homme à femmes, pirate, « Folle », voire intellectuel, artiste, écrivain, dilettante.

 

Le parasite interroge le maniement de notions connexes comme la contamination, l’intrusion, la colonisation, l’accueil, l’hospitalité, mais aussi la nourriture ou la dévoration ; il se définit également à l’aide d’autres personnages limitrophes comme le Tartuffe, l’étranger, le fâcheux, le gêneur. Hostile et inquiétant, dévorant son hôte sans rien offrir en retour (les prétendants appauvrissant l’île d’Ulysse dans Ithaka de Botho Strauss), il accompagne les réflexions sur les déficiences de l’exercice politique, sur l’abus de pouvoir, voire sur une société de surconsommation s’asphyxiant dans l’ingestion au mépris de la production et de la création. Les déclinaisons du parasite de la tragédie au drame convoquent des situations de retour impromptu voire d’invasion : le soldat se nourrissant de rapines aux dépens des pays qu’il envahit (Anéantis de Sarah Kane), le criminel fragilisant l’espace intime (Le retour de Pinter ou Monsieur Bonhomme et les incendiaires de Max Frisch) ne sont jamais loin. Mais il est aussi constitutif du théâtre comique, benêt provincial ou viveur sans scrupules, cocotte dépensière ou parent sans le sou, pique-assiette, omniprésent et agaçant récidiviste dont tente de se protéger le théâtre insulaire de Marivaux, il peut insuffler chez Feydeau ou Labiche, un dynamisme nouveau, un mouvement nécessaire. C’est le parasite dans Le soldat fanfaron de Plaute qui donne une leçon à son maître abusif, restituant alors l’équilibre par la pratique maîtrisée et temporaire du mensonge. Echec de l’hospitalité ou vivace rappel d’une altérité nécessaire à tout système vivant, le parasite résiste du reste au démon de l’analogie comme à celui de l’assimilation : il demeure autonome et singulier au coeur même du système dans lequel il s’insère voire se dissimule, brouillant ainsi le caractère visible des identités.

 

Afin de cerner au mieux le personnage et la fonction du parasite au théâtre, on privilégiera les approches monographiques proposant un éclairage sur un auteur déterminé, une période précise, un corpus singulier.

 

Remise des propositions (500 signes) : 1er décembre 2012

Remise définitive des articles (20000-30000 signes) : 1er juin 2013

 

 

Coordination et contacts :

 

Florence Fix, Professeur des universités (Nancy 2), et Isabelle Barbéris, Maître de conférences (Paris 7)

 

florence.fix@gmail.com

isa.barberis@gmail.com