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Giovanni Testori : une scène entre les arts et entre les langues 

Giovanni Testori : une scène entre les arts et entre les langues

Publié le par Emilien Sermier (Source : Erica Magris)

Giovanni Testori : une scène entre les arts et entre les langues

Journée d’études, Maison de l’Italie, Paris, 22 novembre 2013

 

Giovanni Testori (1923-1993) est un artiste et intellectuel complexe et protéiforme : critique d’art, peintre et sculpteur, auteur de romans, de pièces de théâtre et de scénarios de cinéma – il collabora notamment à la réalisation de Rocco et ses frères de Visconti – , éditorialiste pour Il Corriere della Sera après la mort de Pier Paolo Pasolini, il a contribué à la culture italienne contemporaine par de multiples approches, en suscitant des réactions polémiques pour son catholicisme affiché et son homosexualité douloureuse. A cause de la radicalité de ses positions et du caractère politiquement inclassable de sa vision de la vie et de la société, Testori est une figure solitaire, controversée, qui a été injustement marginalisée dans le milieu culturel italien.

Son œuvre théâtrale, qu’il développe à partir des années 1960, explore de manière originale le rapport entre le corps et la parole, à partir d’une expérimentation linguistique radicale conduisant à l’invention d’une nouvelle langue pour la scène, mélange inouï de différents registres de l’italien, dialecte lombard, latin, français et anglais. En 1968, la même année où Pier Paolo Pasolini écrit son manifeste de Per un teatro di parola, Testori publie son essai Il ventre del teatro, dans lequel il exprime sa vision organique de la relation entre l’acteur, le langage et le jeu. Il pourra la mettre en œuvre dans les années qui vont suivre grâce à sa rencontre avec le comédien et metteur en scène Franco Parenti, la metteure en scène Andrèe Ruth Shammah, le critique littéraire Dante Isella et le scénographe Gian Maurizio Fercioni. Ensemble, en 1972, ils fondent le Salone Pier Lombardo, un lieu culturel pluridisciplinaire, où plusieurs pièces de Testori seront créées, nées donc pour et sur la scène, comme la célèbre Trilogia degli Scarrozzanti [Trilogie des roulottants], composée de réécritures des « mythes théâtraux » d’Hamlet, Macbeth et Œdipe. A partir des années 1980, Testori se concentre sur l’écriture de monologues qu’il confie à l’acteur Franco Branciaroli, avec lequel il collaborera jusqu’à sa mort.

Les pièces de Testori (dont L’Arialda, L’Ambleto, Macbetto, Edipus, Tre lai) ont été publiées par des maisons d’éditions majeures et mises en scène en Italie par des artistes de premier plan, dont Federico Tiezzi et Sandro Lombardi. Néanmoins, bien que son œuvre théâtrale ait été étudiée dans le milieu universitaire de manière monographique, elle reste souvent aux marges des recherches sur le théâtre italien contemporain et n’est pas suffisamment considérée dans l’interprétation générale de l’histoire récente des scènes transalpines. Par exemple, la relation entre le travail de Testori, Pasolini et Carmelo Bene, dont les expériences posent pourtant des questions à la fois communes et cruciales pour la pratique et la théorie du théâtre, n’a presque jamais été abordée. De plus, Testori demeure fort peu connu en France, en dépit de quelques traductions de ses textes et d’une unique mise en scène. 

 

La journée d’études sera articulée sur les trois axes de recherche évoqués dans le titre, qui correspondront à trois séances animées à titre indicatif par trois intervenants chacune :

1.    Testori entre les arts : nous explorerons l’activité protéiforme de l’artiste, en particulier son travail de scénariste, de peintre et de critique d’art, ainsi que sa position dans la vie culturelle italienne.

2.    La scène de Testori : nous étudierons sa production théâtrale, en réfléchissant sur son écriture pour la scène, sur sa pensée sur le théâtre et sur les mises en scène de ses pièces en relation avec les mouvements, les expériences et les débats de son époque.

3.    Testori entre les langues : nous aborderons la question de la langue composite et unique des pièces, et de sa traduction en français, en soulignant en particulier les défis qu’elle pose tout d’abord au traducteur et aussi au metteur en scène et au comédien désirant ensuite la rendre vivante sur la scène.

Etant donné le caractère de divulgation de la manifestation, nous souhaitons que la réflexion théorique et historique soit accompagnée par le contact direct avec la personnalité, les œuvres et la pratique théâtrale de Testori. Les trois séances de communications scientifiques alterneront avec des projections d’entretiens, films et enregistrements vidéo de spectacles, choisis dans les archives de l’Associazione Giovanni Testori, et seront suivies par une table ronde réunissant des anciens collaborateurs de Testori et des praticiens français et italiens. Finalement, une lecture des textes conclura la journée, réalisée par Sylvia Bagli et Giampaolo Gotti, qui créeront une partition d’extraits en italien et en français, permettant d’écouter le transfert culturel, avec les échos et les écarts entre les langues, et ce en direct. 

 

Pour réaliser une découverte collective de cet artiste en valorisant la complexité et la richesse de son activité par les modalités mêmes de la recherche, les contributions souhaitées de deux types :

1. Des communications scientifiques  « classiques » d’environ 30 minutes sur des problématiques assez larges (la langue, le rapport avec Pasolini et Bene, la vision du théâtre et de l’acteur, etc.)

2. Des courtes interventions d’analyse de 10-15 minutes sur des œuvres précises, des mises en scène, des aspects ponctuels

Une publication des contributions pourra recueillir les travaux de la journée.

Les propositions (300 mots maximum) avec une courte notice biographique sont à adresser avant le 30 septembre à Erica Magris, en précisant le type de contribution envisagée. 

 

 

 

  • Responsable :
    Erica Magris
  • Adresse :
    Maison de l'Italie, Cité Internationale, Paris