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Appel à communication : sens de l'humour (Montréal)

Appel à communication : sens de l'humour (Montréal)

Appel à communication

Sens de l'Humour

14-16 novembre 2018

6e édition du Colloque arts et médias de l’Université de Montréal

Dans son livre intitulé Playing to the Gallery (2014), Grayson Perry écrit que l’hu- mour n’a pas sa place dans le monde de l’art actuel. Une œuvre d’art pourrait donc être sati- rique, subversive, parodique, caricaturale, mais pas vraiment drôle ; elle risquerait de ne pas être prise au sérieux. Pour Wendy Wick Reaves (2001), en revanche, l’humour a une trop grande place dans la culture visuelle pour être ignoré. Elle reconnaît toutefois qu’il est com- pliqué pour les critiques d’en saisir les subtilités. De fait, tout sens de l’humour est éminem- ment situé—il varie selon le temps, l’espace, et les communautés qui le partagent—mais il n’em- pêche que certains, à l’instar de Henri Bergson, ont tenté d’en cerner les mécanismes universels. L’humour peut-il donc être un angle approprié sous lequel appréhender un objet culturel ?

À partir de cette question, ce colloque propose d’examiner les possibilités que dégagent l’hu- mour et le rire comme pistes d’analyse ou moteurs de création pour toute production artistique. Le but de l’humour en art est-il nécessairement de faire rire ? Que provoque-t-il ? Dans son ouvrage intitulé On Humour (2002), Simon Critchley posait en ce sens que l’humour et le rire peuvent autant réunir des individus qu’établir une distance entre eux, voire les deux en même temps. L’étude des arts et des pra- tiques médiatiques devient-elle alors un moyen de (re)former et retrouver un humour? Ou notre regard contemporain peut-il contribuer à trouver de nouveaux sens à des œuvres et des motifs anciens, comme le célèbre « arbre à phallus » du Roman de la Rose illustré par Jeanne de Montbaston (ca. 1350) ?

Au moyen d’élaborations et d’expérimentations de formes humoristiques ou de styles comiques (ironie, parodie, absurde...), les pratiques artistiques et médiatiques ex- priment di érents sens de l’humour qu’elles in uencent en retour, et contribuent à (dé/ re)construire. Des enluminures aux mèmes Internet, du cinéma au jeu vidéo, de la sculp- ture à l’installation multimédia en passant par la performance, à quelles esthétiques corres- pondent quels humours? Et quelle part ont le médium, la technique, le mode de di usion et de présentation, dans la formation d’un sens de l’humour chez les artistes et leurs publics?

Dans Images on the Edge (1992), Michael Camille posait en revanche que, si des œuvres peuvent sembler subversives et remettre en cause les régimes d’oppression, elles ne le feraient qu’en surface et donneraient donc une impression de liberté aux regardeurs, ren- forçant ainsi le système que ces images auraient semblé défaire. La caricature, par exemple, ne révèle pas forcément la « vérité » et n’œuvre pas toujours non plus du côté des contre-pou- voirs; il est aisé de démontrer que les œuvres de James Gillray tombent parfois dans le cli- ché raciste ou l’injure misogyne, entre autres. De ce fait, entre satire et stéréotype, le rire s’avère une arme politique parfois redoutable, à double tranchant cependant. C’est là une autre di- mension que nous cherchons à explorer : l’e cacité politique de l’humour et ses limites.

À propos d’une vague d’ironie dans le cinéma des années 1990, Je rey Sconce (2002) soutient que cette forme d’humour taxée de dé- sengagement, voire de cynisme, traduirait peut-être plutôt le refus de se conformer à une certaine vision du monde. Plus récemment, la sé- rie Girls (2012-2017) a suscité de nombreux débats : doit-on y voir une critique du narcissisme ou son a rmation? Autrement dit, l’ironie dans cette série apporte-t-elle un nouveau regard ou ne reproduit-elle que les codes contemporains de l’humour? De quoi la place qu’oc- cupe aujourd’hui l’ironie dans les arts et médias est-elle le symptôme?

Ce sont là autant de questions que nous voudrions voir abordées (sans s’y restreindre) lors de ce colloque multidisciplinaire, qui cherchera donc à interroger les liens en tout genre réunissant l’humour, l’art et le rire.

Considérant les multiples avenues de ré exion possibles autour du thème, les communications pro- posées pourront s’inscrire dans l’un ou plusieurs de ces trois axes, sans y être pour autant limitées :

Ethique/politique : pouvoir, hiérarchies, morale, responsabilité, subversion, fonction carnavalesque...

Culturel/historique : identités, conventions sociales, sensibilités, interculturalité, historicité, générations, sous-cultures, Zeitgeist...

Esthétique/poétique : genres, formes, styles, pratiques, techniques, objets, a ects, ludisme...

Nous invitons les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs ainsi que les professeur. es, chercheur.euses et professionnel.les de musées, de tous les horizons disciplinaires, à sou- mettre une proposition de communication (environ 300 mots) avant le vendredi 15 juin 2018.

Les propositions en recherche-création sont également bienvenues. Pour nous trans- mettre votre proposition, vous devez remplir le formulaire prévu à cet e et et nous le retourner à

colloqueharudem@gmail.com

Veuillez noter que certaines communications pourront être sélectionnées pour publication par le comité des actes du Colloque. Pour toute question concernant le colloque, vous pouvez nous écrire à la même adresse.