Essai
Nouvelle parution
Amos Reichman, Jacques Schiffrin. Un éditeur en exil. La vie du fondateur de la

Amos Reichman, Jacques Schiffrin. Un éditeur en exil. La vie du fondateur de la "Pléiade"

Publié le par Marc Escola

Né dans une famille juive aisée de la Russie impériale, Jacques Schiffrin (1892-1950), éditeur de renom, connut à deux reprises l’exil. D’abord à Paris, où il fut en 1931 le fondateur de la « Bibliothèque de la Pléiade », puis, dans les années 1940, à New York, où il participa à la création de Pantheon Books.
Si la « Bibliothèque de la Pléiade » contribua grandement au prestige de la culture française dans les années 1930, la Seconde Guerre mondiale mit fin à l’idylle française du fondateur de la « Pléiade ».

Après la guerre, à New York, Schiffrin voulut revenir à Paris. Il aurait en effet semblé évident qu’il reprenne la direction de la « Bibliothèque de la Pléiade ». Devenue, avec son accord, la propriété de Gallimard dès 1933, il en était resté l’unique directeur. Mais les conséquences de la politique d’« aryanisation » avaient incité Gaston Gallimard à congédier, en novembre 1940, Schiffrin de la direction de cette collection qu’il avait lui-même créée.
Amos Reichman évoque avec une grande sensibilité la tristesse de l’exil tout en nous offrant, grâce à ses recherches minutieuses dans les archives des deux côtés de l’Atlantique, la correspondance de Schiffrin avec ses amis, notamment Roger Martin du Gard.

En cet âge d’or de l’édition, Schiffrin imprima sa marque durable. L’héritage qu’il nous laisse est immense. Ses deux créations perdurent jusqu’à aujourd’hui. En France, la « Bibliothèque de la Pléiade » est devenue l’arbitre du classicisme et Pantheon Books a beaucoup enrichi l’édition en langue anglaise.

Avec son lot de malheurs personnels et de succès magnifiques, la vie de Jacques Schiffrin offre un parfait reflet du XXe siècle.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Jacques Schiffrin, itinéraire d’un exilé", par Gisèle Sapiro (en ligne le 17 novembre 2021).

L’intérêt pour les biographies d’intellectuels, d’écrivains et d’artistes contraints d’émigrer en raison d’événements politiques s’est accru dans la conjoncture actuelle de l’afflux de réfugiés. L’accent a été mis sur la contribution de ces personnes déplacées à la culture d’accueil. On a moins parlé des obstacles auxquels ils ont été confrontés et de l’expérience de la vie en exil, décrite de manière si poignante par Hannah Arendt dans son article de 1943 « Nous, les réfugiés » et par Edward Saïd dans ses Réflexions sur l’exil. C’est ce que fait Amos Reichman dans cette biographie de Jacques Schiffrin, qui se distingue aussi par sa focalisation sur un intermédiaire culturel plutôt que sur un créateur. Fondée sur des archives inédites de la famille Schiffrin, en particulier sur la correspondance, cette biographie éclaire ainsi un volet méconnu de l’histoire culturelle, qui est la façon dont l’édition fut renouvelée par des éditeurs étrangers.

Lire sur Actualitte.com un article sur cet ouvrage…

Lire aussi sur Diakritik.com…

Ainsi que sur nonfiction.fr…

Et sur larepubliquedeslivres.com, le blog de Pierre Assouline :

"De la Pléiade et de son inventeur, Jacques Schiffrin (en ligne 30 octobre 2021)

"Il y a une vingtaine d’années, en me mêlant à la foule littéraire qui se pressait au fameux cocktail annuel des éditions Gallimard dans ledit « jardin de la Pléiade », j’aperçus de loin leur Pdg Antoine Gallimard en grande conversation avec l’éditeur américain de Pantheon Books,  André Schiffrin. Animée, elle me parut de plus en plus vive sinon nerveuse. Lorsqu’ils me virent, ils me firent signe de m’approcher. Ils pensaient avoir trouvé en le biographe de Gaston Gallimard l’arbitre de leur querelle : le grand éditeur a-t-il « tué » le fondateur de la Pléiade en le licenciant parce que juif au début de l’Occupation ? Comme je fis remarquer au fils de Jacques Schiffrin (Bakou 1892- New York 1950) qu’il m’avait une fois promis de m’ouvrir « la valise aux archives » afin que j’y étudie la correspondance et les archives de son père qui s’y trouvaient enfermées depuis la fin de la guerre, le petit-fils de Gaston Gallimard proposa aussitôt de financer le voyage et d’en publier le résultat « quel qu’il fut » dans la Nouvelle revue française.

Ces fameux documents, censés faire toute la lumière sur ce point précis de l’histoire de l’édition sous la botte nazie, riches de révélations annoncées, je n’ai jamais pu les consulter malgré les rapports cordiaux que j’ai pu entretenir par la suite avec l’éditeur new yorkais. […]"