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Allocation de Thèse (espagnol) Mémoire au féminin : souvenirs comparés des dictatures dans le roman contemporain espagnol et argentin  

Allocation de Thèse (espagnol) Mémoire au féminin : souvenirs comparés des dictatures dans le roman contemporain espagnol et argentin

Publié le par Vincent Ferré (Source : Erich Fisbach)


APPEL Á CANDIDATURE

RECRUTEMENT D’UN DOCTORANT

POUR UNE THÈSE EN LITTÉRATURE HISPANIQUE CONTEMPORAINE

(Allocation de thèse de la Région Pays-de-la-Loire)

 

1.     Conditions

• Intitulé de la thèse :

Mémoire au féminin : souvenirs comparés des dictatures dans le roman contemporain espagnol et argentin

• Etablissement d’enseignement supérieur : Université d’Angers

• Ecole doctorale : ED 496 SCE (Sociétés, cultures, échanges)

• Laboratoire : 3L.AM – EA 4335 (Langues, Littératures, Linguistiques des Universités d’Angers et du Maine)

• Directeurs de thèse : Roselyne Mogin-Martin, professeure de civilisation et de littérature de l’Espagne contemporaine et Erich Fisbach, professeur de littérature hispano-américaine, co-directeur du 3L.AM

• Début de la thèse : automne 2013

• Durée de la thèse : 3 ans

• Financement :

Allocation de thèse de la région Pays-de-Loire (89 500€ brut sur trois ans)

2.     Description et dimensions du sujet

L’histoire de l’Espagne et de l’Argentine n’ont certes pas été parallèles au cours du XXe siècle, mais avec des différences chronologiques, des expériences communes se sont gravées dans les mémoires collectives. La guerre civile et la dictature franquiste, tout d’abord, ont poussé des vagues d’exilés espagnols vers une Argentine à l’époque globalement plus démocratique et aussi beaucoup plus prospère. Par contre, le sanglant coup d’état militaire de mars 1976 fera que de nombreux Argentins prendront le chemin d’une Espagne qui vient d’enterrer le général Franco et essaye d’enterrer définitivement son régime, grâce à un « pacte de l’oubli » implicite, vu alors comme inévitable pour construire une démocratie solide.

    La dictature initiée en 1976 sur les bords du Río de la Plata sera heureusement plus brève, mais aussi plus atroce que le franquisme, ce qui, malgré des tensions au sein de la société, poussera les Argentins à rejeter globalement un quelconque pacte de l’oubli. Ils seront très actifs et très revendicatifs dans leur recherche de la vérité sur les horreurs commises et leur exigence du châtiment des coupables. Leurs luttes éveilleront de profonds échos dans la société espagnole : la génération qui a subi la guerre civile a dû se taire, et, par force, elle n’a bien souvent transmis à ses enfants que la peur et l’ignorance ; par contre, la génération des petits-enfants a grandi dans une Espagne libre et démocratique, elle veut savoir, et se mobilise pour faire connaître son droit à la vérité. Des deux côtés de l’Atlantique, on s’implique dans ce qu’on considère comme une même lutte, ainsi que le prouvent les actions judiciaires du médiatique juge Garzón.

    Ces tensions omniprésentes trouvent leur traduction dans le genre littéraire populaire qu’est le roman, et depuis la fin du XXe ceux qui revisitent la mémoire des dictatures sont légion, autant en Espagne qu’en Argentine. Ils sont écrits par la génération des « petits enfants » en Espagne, et en Argentine à la fois par les survivants de la dictature, qui n’ont pas oublié, et  leurs enfants et petits-enfants, qui, arrivés à l’âge adulte, prennent le relais d’une mémoire familiale et collective dont ils ne veulent pas qu’elle s’éteigne.

   Les liens culturels ont toujours été forts entre les deux nations, des expériences similaires les ont resserrés, ainsi que l’organisation actuelle du « marché culturel » : les éditeurs de langue espagnole sont souvent des entreprises multinationales, qui publient simultanément dans plusieurs pays, et on a l’impression que les écrivain(e)s se lisent et s’inspirent les un(e)s les autres, par delà l’Atlantique.

   Il convient en effet de mettre l’accent sur la participation des femmes à cette réflexion. Même si les différentes dictatures militaires ont travaillé à retarder un processus d’émancipation inéluctable, les femmes ont été des protagonistes remarquables de la résistance –il suffit de rappeler les « mères de la place de mai »-, et elles sont également protagonistes du processus de mémoire, marquant de leur empreinte le roman contemporain. C’est pourquoi, dans le corpus des « romans de la mémoire », l’étude comparative menée dans la thèse, se centrera plus particulièrement sur les romans écrits par des femmes et ceux où elles jouent un rôle principal.

Quelques éléments de corpus :

Dulce CHACON : Cielos de barro (2000), La voz dormida (2002).

Carlos FONSECA : Trece rosas (2004).

Almudena GRANDES : El corazón helado (2007), Episodios de una guerra interminable

Alicia GIMÉNEZ BARLETT : Donde nadie te encuentre (2011).

Carme RIERA : La mitad del alma (2004)

 

Liliana HEKER : El fin de la historia (1996)

Elsa OSORIO : A veinte años, Luz (1998), La capitana (2012)

Sara ROSENBERG: Un hilo rojo (1998), Contraluz (2008)

Luisa VALENZUELA : Cola de lagartija (1983), Realidad nacional desde la cama (1990), Novela negra con argentinos (1990).

 

3. Orientations du travail de recherche

La fiction est un mode de représentation du monde qui permet de dévoiler la représentation elle-même. Cette démarche ou processus est de toute évidence fondamental dans le sens où il interroge à la fois le signifié et la façon dont ce signifié est dévoilé. C’est ce retour et ce recul sur elle-même qui donnent à la fiction sa dimension critique et qui en font un vecteur de transmission mémorielle. Or, une mémoire se construit à partir d’un événement réel ou fictif, et elle se transmet à partir de cette création, dont s’approprieront sur le moment, dans une relation d’immédiateté, ou bien des siècles plus tard, d’autres spectateurs, d’autres lecteurs ; or, toute transmission étant déformation, chaque transmetteur ajoutant sa propre marque, son propre regard, volontairement ou involontairement, qu’il se veuille neutre ou qu’il ait un point de vue idéologique affirmé et revendiqué, cette transmission nous en apprend autant sur le passé que sur le présent. Le doctorant devra intégrer ces dimensions dans sa recherche ce qui implique, outre la parfaite connaissance des contextes historiques des deux pays, la maîtrise des outils d’analyse littéraire.

Programme de travail du doctorant :

             1° année :

 - Définition d’un corpus pertinent de romans en fonction de la problématique, autant pour la partie argentine que pour la partie espagnole

 

- Constitution d’une bibliographie critique autour des rubriques suivantes :

• Roman espagnol de la fin du XX° et du début du XXI° siècle

• Roman argentin de la fin du XX° et du début du XXI° siècle

• Histoire de l’Espagne, postérieure à la guerre civile.

• Histoire de l’Argentine, postérieure au péronisme.

• Ouvrages théoriques sur l’analyse du roman, en particulier du roman historique, et du « roman de la mémoire »

• Ouvrages sur les questions du genre, et de « l’écriture féminine »

 

             2° année :

  -Analyse du corpus, à l’aide des instruments critiques.

 

3° année :

 -Elaboration d’un plan, et travail de rédaction.

 

4. Recrutement    

Le profil recherché est celui d’un-e étudiant-e ayant obtenu de très bons résultats au cours de son Master 2 en études hispaniques. Il / elle devra également posséder de solides connaissances en littérature espagnole et hispano-américaine, ainsi qu’une très bonne connaissance des évolutions historiques récentes en Argentine et en Espagne.

Il-elle devra maîtriser les outils de l’analyse littéraire, et tout particulièrement du roman historique.

 

Jury de recrutement :

-Yves Denéchère, professeur d’histoire contemporaine, CERHIO, Université d’Angers, directeur de l’ED SCE.

-Erich Fisbach, professeur de littérature hispano-américaine contemporaine, Université d’Angers, co-directeur du 3L.AM, co-directeur de thèse.

-Sandra Hernandez, MCF HDR de littérature hispano-américaine, CRINI, Université de Nantes.

-Pilar Martínez-Vasseur, professeure de civilisation espagnol contemporaine, CRINI, Université de Nantes

-Roselyne Mogin-Martin, professeure de civilisation et de littérature espagnoles contemporaine, 3L.AM, Université d’Angers, co-directrice de thèse.

-Christine Rivalan, professeure de littérature espagnole contemporaine, Université de Rennes 2.

 

 

 

Les candidatures (lettre de motivation, notes obtenues en M1 et M2 et curriculum vitae complet)

sont à envoyer aux adresses suivantes :

erich.fisbach@univ-angers.fr

et

roselyne.mogin@univ-angers.fr

avant le 3 juillet 2013

Entretien avec le jury : 9 juillet 2013 (14h)