ALLHiS
Approches Littéraire, Linguistique et Historique des Sources
Journées d'études 2014 -
18 et 19 septembre 2014
Université Jean Monnet - Saint-Étienne
Les circulations textuelles
Traditionnellement, dans le champ historique, les circulations textuelles sont considérées par le biais des passages, des communications entre genres, époques et textes. C’est ainsi que les hagiographies médiévales associent l’héritage de la biographie romaine antique, avec la combinaison de modèles hagiographiques précocement déterminés, Martin et surtout Antoine. Derrière ces deux modèles, se trouvent les hyper-modèles, ceux de l’Écriture sainte : les patriarches, les prophètes et le Christ. La Bible est donc le grand pourvoyeur de matière textuelle dont la circulation scande toute la documentation narrative, hagiographique, historique et apologétique de l’Occident (sans parler de l’iconographie), jusqu’aux Lumières. C’est l’hyper-texte par excellence, dont l’ombre surplombante n’empêche toutefois ni la créativité ni l’inventivité.
Désormais, le renouvellement des méthodes et des problématiques laisse entrevoir un autre aspect des circulations textuelles : celui des transferts entre genres documentaires. L’approche historique envisage maintenant la remise en cause des frontières génériques admises, par exemple entre hagiographie et norme, entre hagiographie et actes notariés, entre lettres et loi, entre chronique et droit, etc. Tel notaire, œuvrant au profit d’un duc, insère des passages entiers de la vie de saint Martin dans le préambule ; tel faussaire, appuie la validité du faux diplôme qu’il rédige, sur l’insertion d’un miracle ; tel autre, sur des modèles liturgiques. L’hagiographie se lit désormais comme une norme car elle produit de la contrainte ; lettres, chroniques et textes de loi se superposent et s’entremêlent. Ces nouvelles approches nous introduisent dans la porosité des genres de l’écrit. Elles permettent de renouer aussi avec les logiques anciennes de la conservation des textes et des documents, qui facilitent ces circulations (dans la mesure où la même pièce, sinon le même manuscrit, conservaient des textes de « genre » différent) et de les comprendre : derrière ce qui nous paraît être la négligence et la désorganisation, se manifeste la construction d’une documentation globale.
Dans le champ littéraire, la notion de circulation renvoie à une circulation interne aux textes. On pense notamment à la notion d'« intertextualité », qui retrace dans un texte un ensemble d'autres textes, chacun renvoyant à d'autres textes, potentiellement à l'infini : de manière générale, l’intertextualité intervient au cœur d'un réseau qui définit la littérature dans sa spécificité. On constate de ce point de vue l'existence de plusieurs grandes périodes de circulations : l'antiquité, où l'intertextualité est un des fondements de la littérature, la période médiévale, où se développe particulièrement une littérature de commentaire et d'érudition, la Renaissance, où le renouvellement culturel s'appuie sur le retour aux Sources antiques. et classiques. Ces évolutions n'empêchent pas la continuité de certains modèles, comme Virgile, dont les imitations et inspirations se poursuivent jusqu'à la période classique, en ancien français aussi bien qu'en néo-latin.
PROGRAMME
JEUDI 18 septembre : Antiquité
14h00 Accueil
14h30 Manuel De Souza (HiSoMA) : Circulations et manipulations textuelles autour de Gaius, Institutes, 2, 1-11.
15h 30 Aline Canellis (HiSoMA) : La réécriture de l'histoire du prophète Jonas dans le Carmen de Iona
16h 30 Pause
17h Florence Garambois-Vasquez (HiSoMA) : Enjeux et pratiques de l'intertextualité dans les ecglogues d'Ausone.
18h Conclusion
18h45 Cocktail dînatoire (MRASH)
VENDREDI 19 septembre : Moyen-Âge
9h30 Marco Maulu : Remarques sur la tradition textuelle des suites du Huon de Bordeaux
10h 30 Sylvain Trousselard (LEM-CERCOR) : Du Physiologus au Bestiaire moral dit de Gubbio : vers un bestiaire protéiforme
11h 30 Pause
12h Marie-Joëlle Louison-Lassablière (Institut Claude-Longeon ; UMR CNRS 5037) : L'intertextualité macaronique : Arena, passeur de textes.
13h Repas Bleuets
Après-midi : Renaissance
14h15 Castagnetti Philippe (LEM – CERCOR) : Résumer la vie des nouveaux saints dans les bréviaires post-tridentins : des récits judiciaires à la biographie liturgique
15h15 Arnaud Dufêtre : Imitatio et uariatio dans la poésie néo-latine. L'exemple de Jean Visagier, poète français (1505 (?) - 1540)
16h15 Conclusion
Journées d'études 2014 -
18 et 19 septembre 2014
Université Jean Monnet - Saint-Étienne
Les circulations textuelles
Traditionnellement, dans le champ historique, les circulations textuelles sont considérées par le biais des passages, des communications entre genres, époques et textes. C’est ainsi que les hagiographies médiévales associent l’héritage de la biographie romaine antique, avec la combinaison de modèles hagiographiques précocement déterminés, Martin et surtout Antoine. Derrière ces deux modèles, se trouvent les hyper-modèles, ceux de l’Écriture sainte : les patriarches, les prophètes et le Christ. La Bible est donc le grand pourvoyeur de matière textuelle dont la circulation scande toute la documentation narrative, hagiographique, historique et apologétique de l’Occident (sans parler de l’iconographie), jusqu’aux Lumières. C’est l’hyper-texte par excellence, dont l’ombre surplombante n’empêche toutefois ni la créativité ni l’inventivité.
Désormais, le renouvellement des méthodes et des problématiques laisse entrevoir un autre aspect des circulations textuelles : celui des transferts entre genres documentaires. L’approche historique envisage maintenant la remise en cause des frontières génériques admises, par exemple entre hagiographie et norme, entre hagiographie et actes notariés, entre lettres et loi, entre chronique et droit, etc. Tel notaire, œuvrant au profit d’un duc, insère des passages entiers de la vie de saint Martin dans le préambule ; tel faussaire, appuie la validité du faux diplôme qu’il rédige, sur l’insertion d’un miracle ; tel autre, sur des modèles liturgiques. L’hagiographie se lit désormais comme une norme car elle produit de la contrainte ; lettres, chroniques et textes de loi se superposent et s’entremêlent. Ces nouvelles approches nous introduisent dans la porosité des genres de l’écrit. Elles permettent de renouer aussi avec les logiques anciennes de la conservation des textes et des documents, qui facilitent ces circulations (dans la mesure où la même pièce, sinon le même manuscrit, conservaient des textes de « genre » différent) et de les comprendre : derrière ce qui nous paraît être la négligence et la désorganisation, se manifeste la construction d’une documentation globale.
Dans le champ littéraire, la notion de circulation renvoie à une circulation interne aux textes. On pense notamment à la notion d'« intertextualité », qui retrace dans un texte un ensemble d'autres textes, chacun renvoyant à d'autres textes, potentiellement à l'infini : de manière générale, l’intertextualité intervient au cœur d'un réseau qui définit la littérature dans sa spécificité. On constate de ce point de vue l'existence de plusieurs grandes périodes de circulations : l'antiquité, où l'intertextualité est un des fondements de la littérature, la période médiévale, où se développe particulièrement une littérature de commentaire et d'érudition, la Renaissance, où le renouvellement culturel s'appuie sur le retour aux Sources antiques. et classiques. Ces évolutions n'empêchent pas la continuité de certains modèles, comme Virgile, dont les imitations et inspirations se poursuivent jusqu'à la période classique, en ancien français aussi bien qu'en néo-latin.
PROGRAMME
JEUDI 18 septembre : Antiquité
14h00 Accueil
14h30 Manuel De Souza (HiSoMA) : Circulations et manipulations textuelles autour de Gaius, Institutes, 2, 1-11.
15h 30 Aline Canellis (HiSoMA) : La réécriture de l'histoire du prophète Jonas dans le Carmen de Iona
16h 30 Pause
17h Florence Garambois-Vasquez (HiSoMA) : Enjeux et pratiques de l'intertextualité dans les ecglogues d'Ausone.
18h Conclusion
18h45 Cocktail dînatoire (MRASH)
VENDREDI 19 septembre : Moyen-Âge
9h30 Marco Maulu : Remarques sur la tradition textuelle des suites du Huon de Bordeaux
10h 30 Sylvain Trousselard (LEM-CERCOR) : Du Physiologus au Bestiaire moral dit de Gubbio : vers un bestiaire protéiforme
11h 30 Pause
12h Marie-Joëlle Louison-Lassablière (Institut Claude-Longeon ; UMR CNRS 5037) : L'intertextualité macaronique : Arena, passeur de textes.
13h Repas Bleuets
Après-midi : Renaissance
14h15 Castagnetti Philippe (LEM – CERCOR) : Résumer la vie des nouveaux saints dans les bréviaires post-tridentins : des récits judiciaires à la biographie liturgique
15h15 Arnaud Dufêtre : Imitatio et uariatio dans la poésie néo-latine. L'exemple de Jean Visagier, poète français (1505 (?) - 1540)
16h15 Conclusion