Essai
Nouvelle parution
A. Mothu, La Pensée en cornue. Matérialisme, alchimie et savoirs secrets à l'âge classique

A. Mothu, La Pensée en cornue. Matérialisme, alchimie et savoirs secrets à l'âge classique

Publié le par Marc Escola (Source : Sylvain Matton)

Référence bibliographique : Alain MOTHU, La Pensée en cornue. Matérialisme, alchimie et savoirs secrets à l'âge classique, SÉHA (Paris) - Archè (Milan), collection "Textes et Travaux de Chrysopoeia, 13", 2012. EAN13 : 9788872523278.


 

Fruit d’une recherche de longue haleine, cet ouvrage montre que l’alchimie d’inspiration paracelsienne et certains « savoirs secrets » qui lui furent commu­nément rattachés à partir de la Renaissance (comme l’hermétisme antique, la kabbale ou le millé­narisme joachimite) ont paradoxalement fertilisé la libre pensée et le matérialisme des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces savoirs-sources que l’on désignera plus tard par le terme d’« occultisme », les penseurs des Lumières, puis leurs historiens, n’eurent cependant de cesse de les renvoyer au secret de leur influence, après en avoir philosophi­quement digéré et recomposé les apports. Quoi de plus normal, au vu de la longue tradition rationaliste et satirique qui les avait rendus (ainsi que leurs adeptes) extravagants et ridicules ? Ce refoulement ne nous interroge pas moins sur les processus de légitimation rationnelle de nos sciences modernes et sur le rôle qu’ont souvent joué certaines fascinations, que nous dirions obscures, dans leur constitution his­torique. C’est ce qui apparaît ici au détour d’enquêtes variées qui piqueront certainement la curiosité du lecteur, qu’elles concernent le « mythe » paracelsien faisant de l’âme humaine une sorte de gaz rare cousin de l’alcool (étude qui inspire le titre du présent ouvrage, La Pensée en cornue), les prophéties proto-rationalistes d’un disciple illuminé de Guillaume Postel, le travestissement sexuel des in­quié­tants secrets de la kabbale et de la Franc-maçonnerie, le combat épique d’une bête à feu et d’un animal glaçon chez Cyrano de Bergerac, ou encore la démons­tration clandestine que l’Être suprême, que nous devons prier et vénérer, est strictement matériel.