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Agencements – arrangements – a-genre-ments ?

Agencements – arrangements – a-genre-ments ?

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Perin Emel Yavuz)

Agencements – arrangements – a-genre-ments ? Narrations en tous genres (France-Allemagne) Colloque junior - Centre Interdisciplinaire d'Études et de Recherches sur l'Allemagne Organisé par Cécile Chamayou-Kuhn (Paris III), Patrick Farges (Paris III) et Perin Emel Yavuz (EHESS)

Si le questionnement du (des) genre(s) a émergé assez tardivement enFrance, il constitue l'un des axes fondamentaux d'analyse de la cultureet de la société dans la recherche germanophone, souvent plus avancéesur le sujet. Par-delà les contextes nationaux et les traditionsuniversitaires toutefois, l'un des postulats des Gender / Queer Studiesest de penser le genre à partir de sa performativité, c'est-à-dire dedéfinir les constructions genrées comme résultant d'actes discursifs,notamment narratifs. Par ailleurs, la parution en français des textesde Judith Butler sur la théorie du genre a lieu alors même que laphilosophe aborde une réflexion centrée sur la narration de soi, commeen témoigne la traduction de son ouvrage Le récit de soi [2005], Paris,PUF, 2007. Considérant le « phénomène-retard » propre à la réceptionfrançaise de Butler, il semble opportun de se confronter aux avancéesdes chercheurs germanophones sur le sujet. Enfin, la question desnarrations et de leurs circulations est au coeur de la recherche (cf.Christian Salmon, Storytelling. La machine à fabriquer des histoires età formater les esprits, Paris, La Découverte, 2007).

Partant de ce double constat, la présente journée d'étudefranco-allemande a pour objectif de procéder à une lecture approfondiede la problématique « genre(s) et narration(s) » et d'interroger lesmodes privilégiés d'expression du genre (mode ludique, mimétique,expérimental, normatif, subversif, etc.) et de mise en voix narrative.Paul Ricoeur signalait déjà que « l'histoire d'une vie ne cesse d'êtrerefigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu'un sujetraconte sur lui-même. Cette refiguration fait de la vie elle-même untissu d'histoires racontées ». Cette refiguration est alors une manièresignifiante pour soi de ré-agencer son récit propre pour les autres, aumoyen de masques et – serait-on tenté d'ajouter – de travestissements.

Les axes suivants pourront être développés :

Axe 1 : Le pouvoir genré des mots
Il faut avant tout disposer de normes – psychologiques, sociales – etde pouvoirs – discursif, politique, religieux – pour dire le genre.Quelles sont les contraintes qui encadrent la performance et quel estle poids historique des représentations dans ce domaine ? « Je » narré/ narrant : le sujet peut-il narrer le genre sans pour autant êtreobjectivé dans son propre récit et, partant, dépossédé de lui-même ?

Axe 2 : La fabrique du récit genré
Pour qu'un récit soit communicable, il faut qu'il soit compréhensiblepar d'autres. En effet, n'avons-nous pas recours dans nos performancesgenrées à des trames collectives, à des scripts préexistantssocialement compréhensibles, sinon validés, qui, parce que nous lesincorporons en les ré-assemblant sans cesse, finissent par nousressembler ? Existe-t-il des modèles de tels agencements narratifs, des« modèles du genre » ? Existe-t-il, enfin, des formes narrativesprivilégiées qui permettent une re-signification des genres ?

Axe 3 : Fragments du genre
Ou bien le genre-performance est-il impossible à stabiliser ? Le genreserait-il le domaine par excellence du fragmentaire et de l'éclaté ?L'interpellation vient-elle interrompre la narration ? Peut-on parlerde « narrations secrètes », ce qui implique des processus d'encodage etde décodage parfois difficiles à déchiffrer ? Pour que le récit dugenre reste subversif, doit-il demeurer caché ?

Cette journée d'étude aura pour vocation de confronter les spécificités« nationales » de la recherche sur la question et de constituer unréseau durable de jeunes chercheurs travaillant sur les questions degenre, en France et en Allemagne notamment. Nous invitons lesparticipants à proposer des modèles théoriques et à expérimenter desméthodes pour appréhender la narration du genre (analyse du discours,narratologie, histoire orale, Konversationsanalyse…).

Cette journée d'études soutenue par le CIERA qui s'adresse de manière privilégiée aux jeunes chercheurs aura lieu les 13 et 14 mars 2009 à Paris (École des Hautes Études en Sciences Sociales).

Une participation aux frais de transport et d'hébergement est prévue. Une publication est souhaitée.

Les propositions doivent faire une page maximum et être accompagnéesd'un bref CV. Les propositions en allemand sont à envoyer à CécileChamayou-Kuhn (cecile.chamayou@wanadoo.fr) et les propositions enfrançais à Patrick Farges (patrick.farges@univ-paris3.fr) le 15 octobre 2008 au plus tard.