Questions de société

"Afflux d'élèves dans les écoles catholiques" (lefigaro.fr, 5/10/11)

Publié le par Marc Escola

En cinq ans, l'enseignement privé a gagné 24.342 élèves et perdu 5 594 professeurs.

par Marie-Estelle Pech

Cette année encore, l'enseignement catholique -qui représente 95% de l'enseignement privé- est confronté à une hausse de ses effectifs d'élèves. Ils sont 12.053 élèves de plus que l'an dernier à franchir les portes d'établissements catholiques qui accueillent plus de 2 millions d'enfants. «C'est un chiffre record, nous n'avions pas connu de progression aussi forte depuis 1991», affirme Éric de Labarre, le secrétaire général de l'enseignement catholique. Il est impossible aujourd'hui de dire si c'est plus ou moins que l'évolution démographique puisque les chiffres de l'enseignement public pour la rentrée 2011 ne sont pas connus. «Mais cette hausse confirme une tendance lourde observée depuis dix ans», insiste l'enseignement catholique. Selon les enquêtes disponibles sur le sujet, ce succès n'a plus grand-chose à voir avec l'instruction religieuse, un des derniers critères entrant en ligne de compte dans le choix des parents. C'est la qualité de l'encadrement qui est plébiscitée, suivie de la capacité de l'école catholique à s'adapter aux spécificités des enfants et à les faire s'épanouir. L'enseignement de la ri­gueur, de l'autorité mais aussi de la tolérance est apprécié, selon les sondages.

Pas de favoritisme
La progression de l'enseignement catholique est «quasi générale» en France, sauf dans les académies de Lille, de Dijon et de Clermont-Ferrand, qui perdent des élèves. La liberté de choix des familles n'est pas respectée, affirme Éric de Labarre, pointant le fait que «de 30.000 à 40.000 demandes d'inscription n'ont pu être satisfaites», cette année encore. Les demandes ont été particulièrement fortes en Ile-de-France et dans le Sud-Est, comme d'habitude, mais aussi en Bre­tagne et dans les Pays de la Loire. «Il devient difficile d'expliquer aux parents qu'on ne peut accepter leur enfant alors que les retraits d'emplois se poursuivent», dit-il. Le collège Sainte-Geneviève, à Asnières, a refusé 800 demandes, Jeanne-d'Arc, à Colombes, en a refusé 600. Alors qu'il a gagné 24.342 élèves depuis cinq ans, le privé a perdu 5.594 emplois dans la même période. «Contrairement à ce que j'entends parfois, l'enseignement privé n'est pas favorisé par rapport au public. Nous sommes logés à la même enseigne.»

Des classes de 38 élèves
Contractuels de droit public, les professeurs de l'enseignement catholique sous contrat passent le même concours que ceux du public et sont rémunérés par l'État. Ils n'échappent pas aux réductions des emplois de fonctionnaires en proportion de ses effectifs, soit un peu moins de 20% des élèves français. Les syndicats de l'enseignement public, eux, affirment que les suppressions de postes, en réalité toujours moindres que dans le public, approcheraient plutôt les 17%. Mais la situation de l'enseignement catholique est particulière: tous ses enseignants sont devant des élèves, ce qui n'est pas le cas du public, où l'on compte des enseignants en «surnombre» dans certaines disciplines, des remplaçants ou encore des professeurs spécialisés dans l'aide aux écoliers en difficulté. Le ministère tient donc compte de cette spécificité du privé lorsqu'il lui retire des postes. L'année dernière, les suppressions d'emplois avaient été «amorties» grâce aux emplois de stagiaires supprimés par le gouvernement. Mais, cette année, «nous avons subi les retraits d'emplois de plein fouet» et les effectifs s'en ressentent dans les classes, dit Éric de Labarre, affichant des classes de seconde «à 38» dans certains lycées. Une réforme «structurelle » est nécessaire si «on veut continuer ainsi », conclut-il.