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Affabulations

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On a récemment appris de P. Bayard comment améliorer les œuvres du passé, mais aussi comment on pouvait parler des livres que l'on n'a pas lus: G. Steiner nous invite aujourd'hui à parcourir les livres qu'il n'a pas écrits et auxquels donc nous n'échapperons pas. S. Audeguy était venu l'an passé combler quelques ellipses dans le texte des Confessions de Rousseau en inventant un frère à ce faux Fils Unique: avec quelques comparses, il nous donne aujourd'hui des Nouvelles de La Fontaine, tant il est vrai que les Fables et les Contes ont bien le même auteur, et que certaines fables eussent mérité d'être des contes (et réciproquement?). J.-P. Dubois, C. Millet et d'autres fins observateurs ajoutent quelques chapitres aux Mythologies de R. Barthes. R. Benhayoun nous apprend que l'œuvre cinématographique d'Alain Resnais est "un film à déduire", la genèse de chacun "renvoyant le récit qui lui sert de support à l’ordre du possible". Et H. Marienské réédite l'exploit de Proust en donnant différentes versions d'une même fable successivement attribuée à Montaigne, La Fontaine, Céline, Houellebecq et quelques autres, série de pastiches réunis sous le titre paradoxal de Le degré suprême de la tendresse. Comme disait à peu près Genette: un texte peut toujours en lire ou en cacher un autre, et il n'est peut-être pas de meilleure lecture que celle des textes manquants au catalogue des bibliothèques.