Revue
Nouvelle parution
Adorno, E. Bloch, Europe n°949 (mai 2008)

Adorno, E. Bloch, Europe n°949 (mai 2008)

Publié le par Alexandre Gefen

86e année — N° 949 / mai 2008 T.W. ADORNO / ERNST BLOCH

Un des axiomes les plus caractéristiques du conformisme politique à notre époque, c'est le congédiement de tout mouvement de contestation de l'ordre établi comme « purement négatif », « uniquement critique », « sans propositions alternatives ». Or, ce qui fait la force de ces mouvements c'est précisément cet instinct intraitable de révolte, cette disposition d'insoumission. Sans ce sentiment viscéral de refus, aucune justice n'est possible, car aucun dissensus à l'égard d'un ordre injuste n'est même plus imaginable.

En réalité, négativité et utopie son dialectiquement inséparables. On ne peut critiquer la réalité sociale sans avoir, implicitement ou explicitement, un paysage de désir, l'image, même abstraite, même purement négative — « image dialectique » (Adorno) ou « image souhait » (Bloch) — d'une réalité différente, c'est-à-dire une utopie. Et inversement : il ne peut exister d'utopie authentique sans le travail de la négativité, sans cette « science sublime des âmes simples » (Rousseau) qui, au niveau même de la conscience, est déjà « critique radicale de tout ce qui existe » (Marx). C'est en partant de cette hypothèse qu'il peut s'avérer fructueux de confronter l'oeuvre de deux des plus importants penseurs de la théorie critique du XXe siècle : l'auteur de L'Esprit de l'Utopie (1923) et celui de Dialectique négative (1966).

Malgré leurs indéniables divergences théoriques, politiques et épistémologiques, il existe entre les deux penseurs un rapport de réciprocité, qui est mis en évidence par plusieurs des essais ici rassemblés. L'un des objectifs de ce numéro d'Europe est de proposer, par la mise en regard des thèses de Bloch et d'Adorno, un dépassement de certaines approches binaires, antidialectiques, qui opposent non seulement la négativité à l'utopie, mais aussi la littérature à la philosophie, les Lumières au Romantisme, l'éthique à la poésie, l'optimisme au pessimisme.

Max BLECHMAN et Michael LÖWY : Négativité et utopie. Pierre FURLAN : Ernst Bloch incognito. Claudio MAGRIS : Du côté de Sancho Pança. Arno MÜNSTER : De l'amitié à la polémique. Ernst BLOCH et Theodor W. ADORNO: Il manque quelque chose…

Christian DAVID : Adorno et la conception blochienne de l'utopie.

Laura BOELLA : Une philosophie vécue.

Jack ZIPES : Un regard éclairé sur les contes de fées et le désir d'utopie.

Jean LACOSTE : Ernst Bloch et Faust, la lecture paradoxale.

Michael LÖWY : Lumières du romantisme chez Adorno et Bloch.

David MUNNICH : Ernst Bloch et la théologie de l'action.

Stathis GOURGOURIS : Dialectique lyrique.

Max BLECHMAN : « Pas encore ». Adorno et l'utopie de la conscience.

Gérard RAULET : La mélancolie de l'exaucement.

Lucio CORTELLA : La théorie critique de la dialectique à la dialogique.

Carlo MIGLIACCIO : La musique et la possibilité future d'un monde authentique.

Olivier Revault d'Allonnes : Qu'y a-t-il de social dans le système tonal ?

Guy GIRARD : Les thermomètres sur des hallebardes.

Elisabeth LENK : L'espoir n'est pas le souvenir conservé…

T.W. ADORNO et Elisabeth LENK : Deux lettres.

____________________JEAN-FRANÇOIS LYOTARD______________

Aliocha WALD LASOWSKI : Signé Lyotard.

Jean-François LYOTARD : De bons vieillards que j'ai connus.

Gilles DELEUZE : Lettre à Jean-François Lyotard.

Anne TOMICHE : Le philosophe, l'oeuvre littéraire et la psychanalyse.

Avital RONELL : Ravages de l'impossible. Robert HARVEY : Témoinité.

__________CAHIER DE CRÉATION_______________

Isabella LEARDINI : La colocataire aux pieds nus. Hu DONG : Trois strophes de la rivière Zheduo. Tua FORSSTRÖM : Jours sans fièvre. Éric LEVERGEOIS : Un manoir en Touraine. Gilles MENTRÉ : Mémoires d'un hagiographe. ______CHRONIQUES____ La machine à écrire Pierre GAMARRA : La mémoire de Stefan Heym. Les 4 vents de la poésie

Charles DOBZYNSKI : Ce qu'il y a de vrai dans la poésie de Bernard Vargaftig.

Le théâtre Karim HAOUADEG : Le théâtre tel qu'en lui-même. La musique Béatrice DIDIER : Orphée et Médée. Les arts Michel DELON : Un priapisme de dessin. ____NOTES DE LECTURE___ POÉSIE

Claude ROYET-JOURNOUD : Théorie des prépositions, par Jean-Baptiste Para

Jong N. WOO : L'Ébranlement, par Françoise Hàn.

Gérard CARTIER : Le Petit Séminaire, par Marie-Claire Bancquart.

Pierre CHAPPUIS : La Rumeur de toutes choses, par Jacques Lèbre

Alain SUIED : Laisser partir, par Richard Blin

Claude VIGÉE : La Nostalgie du père, par Anne Mounic.

Sofia QUEIROS : Carabines, par Ménaché.

Georges SAINT-CLAIR : Les Roses de la Brenta, par Bernadette Engel-Roux.

ROMANS, CONTES, RÉCITS Sandrine WILLEMS : À l'espère, par Jan Baetens.

Eric FAYE : L'Homme sans empreintes, par Pascale Arguedas

Yordan RADITCHKOV : Le chapeau melon, par Aurélie Julia

Luciano BIANCIARDI : La Vie aigre, par Bertrand Tassou.

ESSAIS, CORRESPONDANCES, DIVERS

Gretel ADORNO, Walter BENJAMIN : Correspondance (1930-1940), par Geneviève Capgras.

André BLEIKASTEN : William Faulkner. Une vie en romans, par Marc Porée.

Lawrence DURRELL : Le Grand Suppositoire, par Bernard Fournier.

Jean-Pierre RICHARD : Nausée de Céline, par Ménaché.

Annick JAUER : L'Allemagne d'Aragon, par Anne Roche.

Yves BONNEFOY : Ce qui alarma Paul Celan, par Tristan Hordé.

Bernard BANOUN et Jessica WILKER (dir.) : Paul Celan. Traduction, réception, interprétation, suivi de Paul Antschel à Tours (1938-1939), par Jacques Body.

Françoise SIMONET-TENANT (dir.) : Le propre de l'écriture de soi, par Sophie Le Ménahèze

Jérôme MEIZOZ : Postures littéraires. Mises en scène modernes de l'auteur, par Valentine Nicollier

Erik LEBORGNE : Figures de l'imaginaire dans le Cleveland de Prévost, par Laurence Viglieno ;

Roger BOZZETTO : La Science-Fiction, par Lauric Guillaud

Augustine Saint-Peul et Georges-Marie de Sikasso : Voyage au pays des Bobo, par Aurélie Julia.

Pierre-Étienne SCHMIT (dir.) :Monde, catastrophe et enjeux. Autour de Kostas Axelos, par Francis Wybrands.

Jean-Claude BOUVIER : Les noms de rues disent la ville, par René Kochmann.