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Territoires imaginaires : les lieux mythiques dans la littérature québécoise

Territoires imaginaires : les lieux mythiques dans la littérature québécoise

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Département des lettres et humanités, UQAR)

Le lieu et ses représentations se situent en amont de plusieurs démarches de création littéraire. Bien plus qu'un élément décoratif, celui-ci s'avère une structure fondamentale de la culture, fût-elle collective ou individuelle. Or, à l'heure de la mondialisation et de la redéfinition des frontières culturelles, une question revient en force : celle de l'utopie au sens de « lieu qui n'existe pas » (Jameson, 2007 ; Tally, 2013) et de ses liens avec les mythes. Par conséquent, le colloque  Territoires imaginaires : les lieux mythiques dans la littérature québécoise vise à explorer la manière dont on raconte des lieux qui, a priori, n’existent que dans l'esprit humain, lieux qui sont constamment revisités, reconvoqués et reconfigurés par les créateurs. Bien que de nombreux travaux sur les lieux utopiques aient cours, très peu portent sur le corpus littéraire québécois, une lacune que la tenue de ce colloque contribuer à combler, du moins en partie.

Certes, les rapports entre lieux réels et représentations littéraires ont été au cœur de plusieurs manifestations d’ordre artistique et/ou scientifique, au Québec comme à l'étranger. Des colloques tels que « Redécouvrir l'espace canadien » (Groningue, 2009), de même que « Géographie et littérature : entre le topos et la chôra » (2007), invitaient créateurs, littéraires, philosophes et géographes à échanger sur la relative importance des lieux et de l’espace dans l’imaginaire, pointant du coup vers la nécessité de réfléchir à l’aménagement d’un territoire symbolique, à la constitution d’une mémoire collective ou à la recherche de transcendance propre à l’écriture du lieu mythique. Les actes intitulés Le lieu dans le mythe (PULIM : 2002) ont du reste ouvert le bal, de sorte que même des théoriciens de la géocritique (Daniel-Henri Pageaux et Isabelle Cani, notamment) croient qu’il faudrait se pencher plus avant sur les représentations de lieux inventés.

Suivant les travaux de Roland Barthes, on peut d’ailleurs lier le mythe à toute parole. Pour lui, il s'agit d'un « système de communication » (1982 : 193). À titre de récits destinés à définir des pratiques d’inclusion au sein d’une communauté donnée, les mythes contribueraient à son organisation. De fait, « [l]e mythe se caractérise par sa forme (un récit), par son fondement (une croyance religieuse), par son rôle (expliquer le monde) » (Carlier & Griton-Rotterdam, 1994 : 7). Selon Mircea Eliade, le mythe exprimerait une « vérité absolue, parce qu’il raconte une histoire sacrée, c’est-à-dire une révélation trans-humaine qui a eu lieu à l’aube du Grand Temps, dans le temps sacré des commencements (in illo tempore). Étant réel et sacré, le mythe devient exemplaire et par conséquent répétable, car il sert de modèle, et conjointement de justification, à tous les actes humains (1957 : 21-22). Cette dimension repose sur la portée tout à la fois dramatique (l'intrigue et son décor), narrative (la forme du texte) ou symbolique (le sens caché) du mythe. Toutefois, un mythe ne s’isole pas, mais se découvre à travers un réseau de relations intertextuelles (l’« intertexte ») qui se chevauchent pour produire la signification. Selon Julia Kristeva : « le texte littéraire s’insère dans l’ensemble des textes : il est une écriture-réplique (fonction ou négation) d’un autre (des autres) texte(s). Par sa manière d’écrire en lisant le corpus littéraire antérieur ou synchronique  l’auteur vit dans l’histoire, et la société s’écrit dans le texte » (1978). Du coup, au fil des œuvres qui reprennent et actualisent sans cesse les mêmes récits, le mythe devient métaphore et, peu à peu, une représentation de l’expérience humaine concrète.

Le colloque Territoires imaginaires devrait donc permettre de mieux cerner le caractère complexe et polymorphe de la dynamique des échanges entre l'atlas du lecteur/auteur et l'imaginaire à l’œuvre dans les représentations littéraires du lieu mythique, afin d'en circonscrire les enjeux symboliques et idéologiques. Ainsi, quelles sont les stratégies de narration/description/évocation préconisées dans un tel contexte ?  L'intertextualité semble-t-elle jouer un rôle prépondérant dans ces choix ? De même, les lieux mythiques (par exemple : le labyrinthe [le bâti], la caverne [le tellurique], l'île [l'aquatique], l'Enfer [l'igné], le toit du monde [l'aérien] sont-ils le plus souvent réifiés ou déconstruits ? Enfin, la littérature québécoise contemporaine paraît-elle un terreau fertile en vue de la  constitution d'eutopies structurantes  (utopies positives), de dystopies déstructurantes (utopies négatives), voire de mythes consolateurs ?

 

Responsables : Camille Deslauriers, Georges Desmeules et Christiane Lahaie

Les propositions de communication sont attendues au plus tard le 20 février 2015.

Elles doivent être envoyées au contact suivant : christiane.lahaie@usherbrooke.ca

Elles doivent comporter les éléments suivants :

Titre (maximum de 180 caractères, espaces comprises)

Résumé (rédigé en français, maximum de 1500 caractères, espaces comprises)

Nom, affiliation et coordonnées des auteurs et des co-auteur(s), le cas échéant