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Appels à contributions
Colloque ACÉF-XIX

Colloque ACÉF-XIX

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Nicolas Gauthier)

 ACÉF-XIX

Appel à communications

La prochaine rencontre annuelle de l'Association canadienne d'études francophones du XIXe siècle (ACÉF- XIX) aura lieu dans le cadre du Congrès des Sciences Humaines à l’Université d’Ottawa (Canada) du 30 mai au 1er juin 2015.

Nous sollicitons dès à présent des propositions de communication pour l’un ou l’autre des ateliers mentionnés ci-dessous.

 Prière d’envoyer votre proposition de communication (250 mots environ) en indiquant l’atelier choisi à l’adresse électronique de l’association : acef19e@gmail.com.

Date limite : 31 janvier 2015 (à l’exception de l’atelier 6 – voir la description)

 

ATELIER 1 : « Un siècle de disparitions »

Atelier proposé par Nelson CHAREST (Université d’Ottawa)

On a l’habitude de considérer le XIXe siècle comme une époque de révolutions, de progrès, d’innovations et de multiples modernités, comme l’ont bien diagnostiqué Antoine Compagnon et Henri Meschonnic notamment. Si la figure d’un Hugo, qui a pratiqué « toute la lyre », a pu sembler contrecarrer toute velléité d’apporter du neuf, on peut en dire autant de tout le siècle, qui condamne la postérité à s’enfermer dans la répétition de multiples « post-modernités ». Or cette vision, somme toute généreuse, masque un autre XIXe siècle, celui des disparitions. Dans une grande mesure en effet, la littérature de ce siècle témoigne d’un monde qui s’efface ou se retire, dès ses premières années, chez un Chateaubriand par exemple, et jusqu’à sa toute fin, chez un Claudel. Qu’on songe bien sûr à la royauté, à l’aristocratie ou à la gloire napoléonienne, et même à la Révolution, à laquelle on ne croit plus; qu’on songe encore à Dieu, ce « grand plumage », ou même à Satan, terrassé par Maldoror et en chute libre chez Hugo; qu’on songe sur un autre plan aux Salons, au mécénat ou à ces « libraires » qui sont pour nous des « éditeurs », et on réalise que le XIXe siècle est peut-être, aussi, un grand siècle crépusculaire. Or des formes littéraires également disparaissent, le vers bien sûr, l’allégorie ou nombre de formes fixes, mais aussi des genres, comme l’épopée, la tragédie, le roman-feuilleton, le portrait, la féerie. On y retrouve même des formes mort-nées comme le pantoum ou le keepsake. On accueillera en somme toute contribution qui montrera comment le XIXe est, aussi, un « siècle de disparitions ».

ATELIER 2 : La presse francophone hors de France au XIXe siècle

 Atelier proposé par Laure DEMOUGIN (Université de Montpellier 3 / Université Laval), avec la collaboration de Guillaume PINSON (Université Laval – projet Médias 19)

La presse francophone est un ensemble complexe, qui peut se définir par la tension qui existe entre deux composantes de son identité : elle dépasse le territoire français et porte par là une hétérogénéité liée aux espaces sur lesquels elle est produite, mais elle transpose aussi un imaginaire porté par la langue un peu partout dans le monde, que ce soit dans les colonies françaises et dans les anciennes colonies (le Canada, l’Amérique du Nord), dans des espaces abritant des diasporas françaises importantes ou encore dans des pays francophones (Belgique, Suisse) et francophiles (Europe centrale, empire ottoman). On peut donc postuler une matrice commune, mais des enjeux littéraires et sociaux propres à chaque territoire et, partant, à chaque situation : c’est de là que provient l’intérêt d’une étude de la presse francophone dans un siècle qui voit partout se développer une culture médiatique prédominante. Pour autant, il s’agit d’un domaine encore peu couvert par la recherche, sauf exception notable (voir entre autres les activités du groupe Transfopress, dirigé par D. Cooper-Richet, ou encore le livre de G. Kraemer, Trois siècles de presse francophone dans le monde, 1995). Dans le cadre de cet atelier, associé aux activités régulières du projet www.medias19.org, les participants seront invités à traiter de la presse francophone du XIXe siècle publiée hors de France, ce qui n’interdira nullement d’aborder la question des échanges que ce corpus entretient avec la métropole dans le cas de relations coloniales, ou dans une perspective davantage transnationale dans d’autres cas. On pourra se concentrer sur un espace francophone en particulier, ou adopter des perspectives comparatives afin de croiser les corpus. Les propositions liées aux grands espaces francophones (Québec, Belgique, Suisse – cette dernière étant encore assez peu connue) seront les bienvenues si elles font preuve d’une perspective de recherche renouvelée. Nous aimerions néanmoins que l’atelier soit aussi l’occasion d’explorer des corpus moins défrichés et périphériques, l’objectif étant de jeter quelques coups de sonde au cœur d’un vaste ensemble médiatique encore mal connu.

 

ATELIER 3 : Le travesti, sa splendeur et sa misère

Atelier proposé par Nigel LEZAMA (Université Brock) et Brandon CARROLL (Université de Toronto)

De l’androgynie somatique des premiers dandys sous la Restauration au travestissement extravagant à la fin du siècle, le travesti dérange en tant que figure de proue d’une nouvelle perméabilité des frontières sociales et identitaires. L’écrivain (à commencer par Balzac et sa Zambinella jusqu’à Rachilde et ses amazones et éphèbes) se doit d’adopter une posture identitaire qui intègre l’androgynie afin de valoriser sa production. D’autres écrivaines, telles Marie-Amélie Quivogne de Montifaud ou Jane Dieulafoy, font du travestissement un choix personnel en portant le costume masculin, perçu par certains comme un aveu d’homosexualité. De surcroît, certains textes scientifiques font valoir le rôle du travestissement dans la compréhension et la réalisation du désir homosexuel (Le Roman d’un inverti-né, Les confidences et aveux d’Arthur W.).

Les figures d’entre-deux genres sont primordiales dans la construction de l’hétéronormativité, dont elles pointent les failles. Selon Butler, la performativité du travesti déstabilise le rapport sexe-genre; nous nous tournons ainsi vers des auteur.e.s et des personnages du XIXe siècle qui évoquent la douleur ou l’héroïsme de cet acte subversif. Cependant, dans son étude de figures « déviantes » du XIXe siècle anglais (Feeling Backward, 2007), Heather Love incite à voir que « such representations constitute a crucial « archive of feeling », an account of the corporeal and psychic costs of homophobia » (8). Si le travestissement constitue une expression de résistance à la norme, il illustre également le sort malheureux de ceux et de celles qui transgressent les frontières de la sexualité.

 

Nous convoquons des perspectives sur la figure du travesti qui privilégient – sans pour autant s’y restreindre – l’analyse du discours, l’historiographie scientifique, la performativité et l’histoire littéraire.

  

ATELIER 4 : Poétique de l’épistolaire zolien

 

Atelier proposé par Soundouss EL KETTANI (Collège militaire royal) et Geneviève DE VIVEIROS (Université Western Ontario)

            Zola a été un épistolier prodigue dès ses très jeunes années où sa séparation d’avec ses amis d’Aix en Provence lui a fait chercher dans les lettres un substitut à la conversation. C’est dans ces lettres de jeunesse, d’ailleurs que l’on peut trouver l’exposé de sa fameuse « théorie des écrans ». Zola est également l’auteur d’une des lettres publiques les plus célèbres de l’histoire française moderne (« J’accuse »). Sa correspondance a été publiée sous différentes formes dans plusieurs éditions. Celle des Presses de l’Université de Montréal et du CNRS de la fin des années 70 reste la plus abondante mais d’autres éditions existent, des extraits choisis, les lettres à certains correspondants (Céard, Hysmans, Valabrègue) etc.  En 2004, Alain Pagès fait enfin paraître les très attendues Lettres à Jeanne Rozerot. Depuis quelques semaines, nous pouvons aussi découvrir les Lettres à Alexandrine (sorties le 2 octobre chez Gallimard). En fait, cette année se profile comme l’année de la correspondance zolienne : le séminaire Zola de l’ITEM sous la direction d’Alain Pagès est consacré pour 2014-2015 à la correspondance et un colloque consacré à l’édition de la correspondance zolienne se tiendra du 11 au 12 décembre 2014 à Brest (http://www.univ-brest.fr/cecji/menu/RECHERCHES/COLLOQUES/EDITER-LA-CORRESPONDANCE-DE-ZOLA). Dans la foulée de ce mouvement, nous proposons donc un atelier portant sur la correspondance de Zola pour le prochain colloque de l’ACEF. Nous considérons qu’à l’exception de rares études de cas, ni le foisonnement des lettres de Zola ni leur accessibilité à de multiples lecteurs n’ont réussi à en faire un objet d’étude en soi. La lettre zolienne est une sorte de boîte au trésor où puisent les biographes, les exégètes de l’œuvre et les historiens et commentateurs de l’Affaire de Dreyfus. Ce qui manque, c’est encore une caractérisation du Zola épistolier, une description de la poétique de cette voix « autre » de l’auteur des Rougon-Macquart qui s’offre dans les lettres.

C’est à cette lacune que voudrait se consacrer cet atelier. Nous invitons les participants à proposer des communications portant sur les aspects suivants :

 

— les lettres ouvertes de Zola;

— rhétorique et stylistique de l’épistolaire chez Zola;

— les correspondants de Zola;

— autour du « groupe de Médan » : échanges et lettres en régime naturaliste;

— valeurs de la correspondance chez Zola;

— usages de la lettre chez Zola;

— les lettres familiales (lettres à Jeanne, à Alexandrine…).

 

ATELIER 5 : Une écologie du roman du XIXe siècle

 

Atelier proposé par Cynthia HARVEY (Université du Québec à Chicoutimi)

Dans son Contrat naturel (1990), Michel Serres s’étonne que la Déclaration des droits de l’homme proclamée à la suite de la Révolution française « ignore et passe sous silence le monde » (p.63). L’idéal de liberté, égalité, fraternité, pourtant issu du « droit naturel » (selon le texte de la déclaration) s’établit entre les hommes sans égard pour la Terre qui les supporte. « Exclusivement social, notre contrat devient mortifère, pour la perpétuation de l’espèce, son immortalité objective et globale. » (p.64) Plus de deux cents ans après ce contrat social, devant les dérives de la surconsommation et face aux catastrophes naturelles présentes et annoncées, il est impératif, défend Serres, de revoir le contrat et d’y inclure la nature. « Qu’est-ce que la nature? D’abord l’ensemble des conditions de la nature humaine elle-même, ses contraintes globales de renaissance ou d’extinction, l’hôtel qui lui donne logement, chauffage et table (…). Elle conditionne la nature humaine qui, désormais, la conditionne à son tour. »  (p.64) Et si le contrat naturel souhaité par Serres était établi par des romanciers?  Dans cet atelier, nous revisiterons l’œuvre de romanciers postrévolutionnaires dans une perspective qui tient compte non seulement de leur « socialité », mais surtout du contrat naturel qu’ils élaborent en filigrane. Par l’étude de l’interdépendance de l’humain et de son milieu, tels que représentés dans le texte littéraire, nous souhaitons dégager une écologie du roman du XIXe siècle : quels sont les principes de l’interdépendance mis en œuvre par le texte? Comment assurent-ils la pérennité de l’humain et de la nature? Quels enseignements pouvons-nous en tirer?

 

 

ATELIER 6 : Les œuvres et les chroniques littéraires en français dans les journaux des communautés francophones nord-américaines en situation minoritaire, du XIXe siècle à nos jours

Atelier proposé par Michelle KELLER (Université du Manitoba) et Dominique LAPORTE (Université du Manitoba)

 Atelier conjoint avec l’APFUCC

Les journaux servirent pendant longtemps de principaux moyens d’expression culturelle en français aux communautés acadiennes, franco-canadiennes et franco-américaines. Maints journalistes s’adonnèrent à la critique littéraire et contribuèrent à populariser des écrivains publiés en feuilletons, des traducteurs et des conférenciers d’expression française en dehors de la France et du Québec. Quelques-uns s’engagèrent en outre dans les luttes en faveur de l’usage du français dans les écoles publiques de milieux majoritairement anglophones. Des essais de synthèse pourraient suivre la tendance de ces passeurs culturels à concilier presse et littérature sous forme de chroniques, de rubriques poétiques, de coins des jeunes et de romans-feuilletons adaptés plus ou moins délibérément à leur situation minoritaire, et aider à la reconstitution non seulement des circuits de diffusion journalistiques, mais également du réseau institutionnel tissé par ces journalistes, de concert avec des organisations nationales. Cette approche transversale des journaux francophones en milieu minoritaire nord-américain contribuerait également à l’analyse de la presse en tant que « véritable territoire national » (Anne-Marie Thiesse), lorsque le désir d’une littérature nationale s’accompagne du rêve ou de la mémoire d’une nation sans souveraineté étatique réelle comme l’Acadie ou le Canada français. L’évolution de la perception culturelle des minorités concernées pourrait se mesurer aux valeurs artistiques et morales défendues par les journalistes dans leurs chroniques littéraires, qui tiennent à la fois de la critique et du discours identitaire. Leur apport en milieu francophone minoritaire pourrait également être situé en regard des discours sur ces minorités tenus respectivement par des journalistes en situation majoritaire.

 

NOTA : Pour l’atelier 6, les propositions doivent être envoyées directement aux deux organisateurs avant le 15 décembre 2014 :

 

Michelle Keller (Michelle.Keller@umanitoba.ca)

Dominique Laporte  (Dominique.Laporte@umanitoba.ca).

 

ATELIER 7 : Varia

Cet atelier sera consacré aux communications libres.

Nous invitons aussi les jeunes chercheurs de deuxième ou troisième cycles à proposer une communication dans cet atelier. Les jeunes chercheurs dont la proposition sera acceptée seront jumelés à un répondant qui lira leur communication à l’avance et sera présent lors de l’atelier.