Essai
Nouvelle parution
A. Strubel,

A. Strubel, "Grant Senefiance A". Allégorie et littérature au Moyen Âge

Publié le par Natalie Maroun (Source : Cahiers de recherches médiévales)

Armand Strubel

Allégorie et littérature au Moyen Age - "Grant senefiance a"


Paris : Honoré Champion, coll. "Moyen Age - Outils de synthèse", (2002) 2009, 464 p.

 Première édition: 2002

  • ISBN: 978-2-7453-1952-4
  • 48€


Présentation de l'éditeur:

Le Moyen Âge a cultivé, plus que touteautre période, la figure d'allégorie. Le nombre des travaux parus aprèsles années 1960 sur l'écriture allégorique, après un tempsd'indifférence ou de marginalisation, justifient une mise au point surles outils critiques, les problèmes abordés, les questions en suspens,les arrières-pensées esthétiques ou idéologiques. Cet ouvrage proposeune synthèse de la recherche, privilégiant au-delà du bilanbibliographique, les points qui ont fait - et font encore - l'objet dedébats: les relations entre la littérature et les instrumentsrhétoriques, les liens des textes avec la théologie et la "mentalitésymbolique". Il s'attache ensuite à l'exploitation synchronique(typologie des formes) et diachronique du corpus, en insistant sur les XIVe et XVe siècles, pour lesquels manquait une étudeglobale. 


Recension par Bernard Ribémont, « Armand Strubel, « Grant senefiance a ». Allégorie et littérature au Moyen Âge », Cahiers de recherches médiévales, Comptes rendus (par année de publication des ouvrages), 2002, [En ligne], mis en ligne le 16 juillet 2008. URL : http://crm.revues.org//index283.html. Consulté le 24 octobre 2009:


Depuis longtemps, les travaux d'A. Strubel sur la littérature allégorique médiévale font autorité. Comme second volume de cette nouvelle collection dirigée par D. Boutet, il nous offre un livre de synthèse sur cette littérature. Le lecteur est frappé par l'ampleur de la réalisation et l'érudition de l'auteur, dont l'objet est effectivement d'embrasser l'ensemble des textes allégoriques médiévaux, latins et français, pour en donner les mécanismes, les principaux personnages et motifs. L'ouvrage est en outre assorti d'une précieuse bibliographie classée, forcément incomplète, mais d'une évidente utilité. Le choix fait par l'auteur est de donner le plus de matière possible sous la forme de résumés très brefs, chaque question importante faisant en général l'objet d'une page. La première partie de l'ouvrage est une présentation théorique. En premier lieu, A. Strubel revient aux origines avec les auteurs antiques, Cicéron et Quintilien en premier lieu, et décrit la transmission de allegoria et permutatio au Moyen Âge. Il rappelle le concept important de transsumptio pour définir de façon synthétique les apports de la rhétorique antique. La seconde partie du chapitre consiste à une rapide présentation des approches modernes (Honig, Frye, Fletcher, Gay) et se termine avec P. Zumthor. En troisième partie sont résumés les composants et les différents types d'allégories, avec deux grandes classes : l'amplification allégorique et la personnification. Le chapitre 2 concerne l'arrière-plan philosophique et théologique, centré autour de la pensée symbolique médiévale, vue du côté des docteurs d'une part, des poètes de l'autre, ce qui permet une transition vers la fin de cette partie concernant « symbolisme et littérature médiévale », en fait introduction de la seconde partie, consacrée au phénomène littéraire en langue vernaculaire. On commence cependant avec des textes latins, vus comme points de référence de la littérature allégorique en langue vulgaire : Prudence, Martianus Capella, Boèce, Alain de Lille, Bernard Silvestre pour ne citer que les principaux. On aboutit alors, dans la chronologie, aux oeuvres du XIIIe siècle, dont un tableau synoptique est proposé. Dans cette période, l'exposé se détaille avec les différents types allégoriques : le Roman de la Rose, naturellement, occupe une place centrale (pp. 138-50). La troisième partie de l'ouvrage concerne les types dominants à la fin du Moyen Âge et l'on retrouve là les grands auteurs et maîtres de l'allégorie (Guillaume de Machaut, Froissart, Philippe de Mézières, Christine de Pizan (malheureusement écrit « Pisan » dans la table des matières), etc. Les rapports entre allégorie et moralisation, allégorie et didactisme, sont de première importance pour l'époque. On termine, après un passage vers les Rhétoriqueurs, sur les grandes figures de la fin du Moyen Âge : Fortune, Nature, Amour et la Mort. Il est impossible dans un compte-rendu de détailler ce type d'ouvrage, qui se veut complet du côté du panorama, forcément sommaire dans le détail. Il me semble qu'A. Strubel a parfaitement atteint, avec talent, le but qu'il s'était assigné : il nous livre ou ouvrage pédagogique, un ouvrage de référence qui sera particulièrement utile à différents publics, enseignants, chercheurs ou étudiants.