Editos
Actualités
À quoi servent (encore) les bibliothèques publiques?      

À quoi servent (encore) les bibliothèques publiques?

Publié le

Début février, le responsable de la bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Zurich proposait de chasser les livres hors des bibliothèques. Selon lui, l’avènement d’internet aurait rendu les ouvrages imprimés superflus. D’un côté, aucune bibliothèque ne pourrait contenir tous les livres; de l’autre, presque tous les ouvrages ont été numérisés ou pourraient l’être. En outre, les bibliothèques regorgeraient de mauvais livres (80% des ouvrages ne seraient d’ailleurs jamais empruntés). Pour lui, ces espaces sont voués à se muer en centres d’information et de communication, lieux publics qui donneraient accès à du contenu électronique. Certes internet fait lire. Mais le web invite à une lecture arborescente – le lecteur naviguant d’un hyperlien à un autre. La lecture linéaire qu’offre le papier et, par extension, les bibliothèques, n’est pas la même, comme le relèvent deux autres bibliothécaires suisses (qui s'interrogent encore sur la visibilité et la volatilité des données numériques). Aussi serait-il profitable de préserver l’une et l’autre, dans des bibliothèques où documents numérisés et volumes imprimés voisinent. Il se pourrait même que les étudiants aient  plus que jamais besoin des bibliothèques, comme autant d'espaces favorisant le silence, l’attention et la sociabilisation, toutes valeurs en cours de raréfaction. Il convient enfin de ne pas négliger la valeur des livres que l’on n’a pas lus, qui nous ouvrent en puissance à ce que l’on ignore encore. Dans cet esprit, certains invitent à flâner au hasard des rayonnages de ce qu'ils appellent des antilibraries. (Illustr.: Bibliothèque de Vennesla, Norvège, arch.: Helen & Hard)