À qui, le poème ?
Sous la responsabilité de Christian DOUMET et Pierre DROGI.
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
La parole poétique ou fictive pourrait apparaître comme une parole d'emblée « inefficace » à bien des égards ou performative, du moins, d'autre chose et d'une autre manière que le discours argumentatif du sophiste, que la formule du magicien ou que la parole « efficace » de celui qui dispose (ou croit disposer) à l'aide de celle-ci d'un pouvoir serait-ce celui de raconter et de ranger dans un récit les éléments et événements d'une vie, par exemple…
Parole dénuée de pouvoir, ou ayant renoncé à celui-ci comme à l'identité (ou à la coïncidence de soi à soi), à la maîtrise, pour s'exposer nue à une adresse et à un tu, parole d'ores et déjà confisquée par un tu (son otage, pour parler comme Emmanuel Levinas) ou suscitée par l'interlocuteur.
Nous souhaiterions réfléchir à l'étrange cogito qu'induit cet appel du dehors, au troublant basculement que produit le poème à l'égard du sujet qui écrit ou qui lit, au désaisissement de « soi » que le poème inaugure en établissant ou en manifestant, par sa distance particulière, un rapport spécifique à l'identité et à l'altérité.
Les deux journées intitulées « À qui, le poème ? » voudraient constituer la première étape d'une réflexion visant à dresser une sorte « physiologie du poème » (expression empruntée à Nichita Stànescu), opposée à ce que pourrait être, par exemple, l'anatomie d'un corps mort.
Partant de la question de l'adresse du poème et de son impropriété, de sa distance à lui-même, de la question de l'étrange sort réservé à l'identité et au petit mot sum dans le cadre du poème, il s'agirait d'aborder ce qui, d'une certaine manière, fonde et « décide » la parole poétique, l'impulsion qui la fait naître.
Intervenants :
Tahar Bekri, Patrick Beurard-Valdoye, Annick Charles-Saget, Evelyne Grossman, Claude Minière, Claude
Mouchard, Alexis Pelletier, Jong Nyeo Woo.
Deuxième journée, 20 juin :
Yves Boudier, Barbara Cassin (sous réserve), Anita J. Laulla, Christophe Marchand-Kiss, Jean-Yves Masson, Jean-Baptiste Para, Jean-Claude Pinson, Martin Rueff.