Essai
Nouvelle parution
A. Oberhuber (dir.), Claude Cahun : contexte, posture, filiation. Pour une esthétique de l’entre-deux

A. Oberhuber (dir.), Claude Cahun : contexte, posture, filiation. Pour une esthétique de l’entre-deux

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Andrea Oberhuber)

Andrea Oberhuber (dir.), Claude Cahun : contexte, posture, filiation. Pour une esthétique de l'entre-deux, Montréal, Université de Montréal, Département des littératures de langue française, collection « Paragraphes », 2007, 266 pages,

22 can $.

On ne sort pas de l'oeuvre de Claude Cahun (1894–1954) comme on y est entré. Le lecteur‑spectateur y est bousculé par les images textuelles et visuelles, qui l'aspirent comme par magie dans l'univers de l'insolite et du spéculaire, du rêve et du « carnaval perpétuel ». La pratique intermédiale de Cahun — qui marie délibérément l'écriture et le dessin, le verbe et le trait graphique, le fragment textuel et le photomontage, au sein d'un même espace plastique — propose une conception éclatée de l'être, basée sur la métamorphose et le polymorphisme ; le sujet y est non seulement multiple, mais fragmenté, insaisissable et changeant. La forme dynamique de l'oeuvre cahunien instaure aussi une esthétique de l'entre-deux, qui cherche à faire « parler » les images et « voir » les textes. Toutes les frontières — de l'individu, du genre (sexuel ou littéraire), du média — y sont questionnées, sans que ce questionnement n'aboutisse à une réponse. Les aveux sont « non avenus », les « vues » l'emportent sur les « visions », et les secrets restent intacts en dépit des paris artistiques, politiques ou poétiques.

Ce volume collectif pose, sur l'être « singulièrement pluriel » qu'était Claude Cahun, une multiplicité de regards. Il met d'abord en contexte l'oeuvre de Cahun, en s'intéressant à ses collaborations avec sa compagne de vie Marcel Moore, à ses rapports houleux avec le Surréalisme, et à son activité politique — notamment, à son étonnante résistance à l'occupant nazi sur l'île de Jersey. Il propose ensuite des lectures neuves de certains grands textes (Vues et visions, Héroïnes, Aveux non avenus), y dégageant la posture spécifique de Cahun, son « indéfinition » sexuelle et esthétique. Il se penche ensuite sur quelques « mères » et « filles » de Cahun : celles qui, au XIXe ou au début du XXe siècle, ont mis la pratique de la photographie au service d'une mise en jeu de soi et du corps (la comtesse de Castiglione, la « Baronne Elsa »), puis celles qui, sur la scène artistique contemporaine, ont rappelé les stratégies et les modalités d'autoreprésentation explorées par Cahun dans différents médias (Hanna Höch, Unica Zürn, Sophie Calle). Au carrefour de postures critiques diversifiées, voire conflictuelles, cet ouvrage, qui regroupe des chercheurs européens et nord-américains, reste fidèle à l'idée d'une « transfrontalité » fondamentale : il se situe résolument, à l'image de celle qui lui donne lieu, dans les espaces problématiques et fascinants de l'entre-deux.

Table des matières

Andrea Oberhuber : « Entre ».

Première partie. De l'art et du politique

Tirza True Latimer : « Entre Claude Cahun et Marcel Moore ».

Jean-Michel Devésa : « Claude Cahun, au miroir de l'indéfinition ».

Lizzie Thynne : « Action indirecte : politique, identité et subversion chez Claude Cahun et Marcel Moore dans la résistance contre l'occupation nazie de Jersey ».

Deuxième partie. Dans l'antre de l'oeuvre

Rolf Lohse : « Genre double – le poème en prose ambigu de Vues et visions ».

Georgiana M.M. Colvile : « Derrière le miroir déformant des autoportraits : Héroïnes.

Joëlle Papillon : « L'entre-deux de la réécriture : les Héroïnes ou les paradoxes de la nouvelle femme ».

Catherine Baron : « Le polymorphisme de Claude Cahun ou laisser parler l'autre en soi ».

Troisième partie. Filiation spirituelle et parenté esthétique

Andrea Oberhuber : « La théâtralité de la comtesse de Castiglione comme préfiguration des mascarades de Claude Cahun. Entre vanité et désir d'immortalité ».

Irene Gammel : « La Baronne chauve, Elsa von Freytag-Loringhoven : une trajectoire vers Claude Cahun ».

Elza Adamowicz : « Je(u) masqué(e) : Claude Cahun et Hannah Höch ».

Nadine Schwakopf : « Le mouvement perpétuel de Claude Cahun et d'Unica Zürn : de la spécularité du corps métamorphique au “corps en abyme” ».

Maïté Snauwaert : « Entre vivre et avoir vécu : une éthique de l'autofictionalisation littéraire et photographique, de Claude Cahun à Sophie Calle ».

Pour information ou commandes :

Site web : www.littfra.umontreal.ca/paragraphes/index.htm

Tél. 514-343-6213 (Département des littératures de langue française, UdeM)

Courriel : paragraphes@umontreal.ca