Essai
Nouvelle parution
A.-É. Spica, Savoir peindre en littérature. La description dans le roman au XVIIe siècle: Georges et Madeleine de Scudéry

A.-É. Spica, Savoir peindre en littérature. La description dans le roman au XVIIe siècle: Georges et Madeleine de Scudéry

Publié le par Alain Brunn

 

Compte rendu dans Acta fabulaLes romans scudériens : ut pictura narratio? Par Barbara Selmeci.

 

Anne-Élisabeth Spica

Savoir peindre en littérature. La description dans le roman au XVII e siècle : Georges et Madeleine de Scudéry

Paris, Honoré Champion, coll." Lumières Classiques", n° 45, , 544 p, ISBN 2-7453-0652-9. 77

 

Prière d'insérer:

Le roman est à l'orée du XVIIe siècle le genre absent de la Poétique autant que la pratique littéraire inédite dans laquelle peut se jouer la supériorité des Modernes sur les Anciens ; déterminer la constitution de sa fable permettra de lui assigner une place légitime dans le champ littéraire. Héritière de l'épopée autant que de l'allégorie, la fable romanesque ne s'énonce pas sans donner à voir ; pour autant, l'art d'y décrire, loin de proposer seulement au lecteur une série de tableaux plus ou moins merveilleux ou vraisemblables, ordonne l'invention de la fiction tout entière qu'il rend sensible : point de peinture sans celle, préalable, de la mimésis à l'oeuvre. La description romanesque s'inscrit ainsi dans la filiation d'un texte antique à la longue postérité au XVIIe siècle, les Images de Philostrate : le discours orné sur la Fable compose une narration dont l'herméneutique procède du déploiement descriptif. La traduction d'"ecphrases" choisie par Vigenère conduit à faire de l'ecphrasis, cette détermination rhétorique de la description telle que la formalisa la seconde sophistique dans ses Exercices préparatoires, le lien essentiel entre description et fiction. Si l'ecphrasis d'oeuvres d'art appelle une réflexion telle qu'elle n'a pas manqué de se constituer sur les relations ambiguës, et fécondes, de l'ut pictura poesis, l'ecphrasis restituée dans sa valeur générale d'art du descriptif invite instamment à l'examen d'un ut pictura narratio dont l'objet d'art est d'abord l'art de la parole. Georges et Madeleine de Scudéry, accusés depuis Boileau de composer des romans que leurs descriptions rendaient interminables, résument cependant l'invention romanesque du premier XVIIe siècle. Ils offrent le meilleur corpus où saisir la complexité de l'invention descriptive du roman.