Essai
Nouvelle parution
A. Compagnon, Baudelaire devant l'innombrable

A. Compagnon, Baudelaire devant l'innombrable

Publié le par Marielle Macé

Baudelaire devant l'innombrable
Antoine Compagnon


PU Paris-Sorbonne, 2003, 14

Michel Leiris qualifiait Les Fleurs du mal d' " irréductibles ". L'uvre résiste à toute lecture. Pour la respecter, il faut s'affranchir des mythes qui l'entourent depuis un siècle et demi. C'est l'objet du premier chapitre. Ainsi sera-t-on ramené aux poèmes, à leur lettre irrémédiable. Au-delà, quatre chapitres examinent la récurrence d'un thème l'éternel, l'infini, la mer, la rue - quatre variantes d'une hantise du poète : le nombre. " Tout est nombre. Le nombre est dans tout. Le nombre est dans l'individu. L'ivresse est un nombre ", lit-on dans Fusées. Le nombre: d'un côté l'ordre, la doctrine pythagoricienne donnant accès aux règles de l'univers ; de l'autre la discorde, la mer méchante, la rue passante. Ou encore le vers, " rime et nombre ", comme le définit Baudelaire : rythme, cadence, harmonie, mais aussi débordement, démesure, dissonance. Deux chapitres reconduisent enfin le temps et l'allégorie, autres obsessions liées au nombre (" - Ah ! ne jamais sortir des Nombres et des Etres ! "), aux formes qui les portent : la syncope et le non sequitur qui cassent le vers des Fleurs du mal.