Essai
Nouvelle parution
A. Abbou, A.Camus, Entre les lignes, Adieu à la littérature ou fausse sortie, 1955-1959

A. Abbou, A.Camus, Entre les lignes, Adieu à la littérature ou fausse sortie, 1955-1959

Publié le par Bérenger Boulay (Source : BNF/Ed.Séguier)

André Abbou, A.Camus, Entre les lignes, Adieu à la littérature ou fausse sortie,1955-1959

Séguier/Atlantica, coll. "Essais", 2009

  • Isbn 13 (ean): 9782840495635

Prière d'insérer:

La dernière partie de la vie de Camus est la plus mal connue de son existence. Elle souffre des clichés qui ont été répandus sur elle, à partir et en raison de l'attribution du Prix Nobel. Dans le tohu-bohu des biographies les mieux informées et les plus désireuses de restituer un Camus vivant, les faits divers les plus anecdotiques, les extraits de courriers les moins pesés ou les plus conventionnels, prennent valeur d'engagement et de comportement durables. Tout est nivelé: on ne distingue pas l'affectation, du ressenti effectif, l'humeur passagère, de la conviction, le tourbillon frivole, de la conduite délibérée, l'intention circonstancielle, de la décision d'agir.

Alors que bien des stéréotypes antérieurs faisaient de lui, autour de la période 1952- 1956, un contre- révolutionnaire chimérique, attardé autour de valeurs défuntes, refusant le sens de l'histoire et la décolonisation de son pays natal, la consécration du Prix Nobel fige Camus, homme et écrivain, dans des postures que son décès et les louanges qui suivirent, ont contribué à mythifier. Il incarnerait à jamais le créateur attaché à sa création, comme Sisyphe à son rocher, marié irrévocablement à la littérature, et consacrant tous ses instants à l'accomplissement d'un roman inachevé. Durement ébranlé entre 1952 et 1954, et décidé à changer de vie et à s'éloigner d'une littérature décadente, comme il l'affirma dès 1955 et en renouvela l'expression en1957, il nous est présenté, dans lesdites biographies, comme ayant repris, en1959, le cours d'une vie vibrionnante, tiraillée entre des engagements contradictoires, analogues à ceux de la période passée, comme si rien ne n'était produit durant les trois années précédentes et que nulle contrainte vitale n'eût pesé sur ses choix.