Questions de société
2e lettre à X. Darcos de la Coordination Concours Lettres

2e lettre à X. Darcos de la Coordination Concours Lettres

Publié le par Vincent Ferré (Source : Jean Vignes)


Lettre à Xavier Darcos de la Coordination Concours lettres et de plusieurs sociétés savantes (1er avril 2009)

Coordination Concours Lettres

Société de Langue et Littérature Médiévales d'Oc et d'Oïl
Société Française d'Étude du Seizième Siècle
Société d'Étude du Dix-septième Siècle
Société Française d'Étude du Dix-huitième Siècle
Société des Études romantiques et dix-neuviémistes
Société d'Étude de la littérature française du XXe siècle
Société Française de Littérature Générale et Comparée


Paris, le mercredi 1er avril 2009

À Monsieur le Ministre de l'Éducation Nationale

Monsieur le Ministre,

Bien que vous n'ayez pas encore répondu à notre lettre ouverte du 12mars, à nouveau, nous nous adressons solennellement à vous en réactionà votre communiqué d'hier. Comme vous le savez, nos sociétés réunissentla plus grande partie des enseignants de littérature française etcomparée dans les universités dont vous avez la haute responsabilité.Nous sommes les préparateurs de « vos » concours. Avec nos collègues detoutes les autres disciplines, toutes tendances politiques confondues,nous avons déjà attiré votre attention dans notre lettre du 12 mars surles effets pervers du projet de réforme de formation des maîtres et desconcours de recrutement qu'au mépris de tous les avertissements, vousvoulez mettre en õuvre dès septembre prochain. Nous ne reprendrons pasici notre argumentaire : vous le connaissez.

Après avoir longtemps refusé toute discussion sur le sujet, le 18mars, vous avez enfin admis la nécessité de ce « dialogue raisonnable »et de cette « controverse argumentée », que nous réclamions vainementdepuis des mois. Puis vous avez enfin accepté de maintenir les concoursen l'état pour 2010. Nous prenons acte de ce geste de bonne volonté. Ilest vrai qu'il n'y avait guère d'autre solution pour tenter de sortirde l'impasse dans laquelle votre Ministère s'était engagé. Mais il estévident que cette demi-mesure ne résout rien, à la fois parce qu'ellearrive trop tard, parce qu'elle laisse ouverts nombre de problèmesinsolubles, parce qu'elle ajoute à la confusion. Avec la meilleurevolonté du monde, le dispositif prévu pour l'année à venir estimpossible à appliquer, et il est étonnant que vous ne vous en rendiezpas compte. Les Présidents de nos universités vous ont pourtant dit,par l'intermédiaire de la CPU, que « les délais actuels de mise enoeuvre de la réforme sont incompatibles avec un travail de qualité »(déclaration du 5 mars), et que « la réforme ne peut aujourd'hui êtremise en place qu'à partir de la rentrée 2010-2011 et les concours en2011 » (déclaration du 17 mars). Plus le temps passe, et plus cetteévidence s'impose à tous les acteurs potentiels de la réforme, ycompris les mieux disposés. Le communiqué très précis et argumenté dela Coordination nationale de la Formation des Maîtres publié le 21 marsmet parfaitement en évidence les nombreux aspects techniques quirendent absolument irréalisable le projet.

Si nous acceptions le dispositif rendu public dans votre communiqué du31 mars, le processus de mastérisation serait lancé, avec notrecomplicité, dans des conditions d'improvisation et de confusioninacceptables, dommageables à nos étudiants et au service public. Ettous les risques de la réforme déjà maintes fois rappeléssubsisteraient : mise en concurrence des universités, objectifsinconciliables au sein du master, disparition de la 5e année deformation rémunérée, etc. Si nous avons demandé le maintien desconcours dans leur format actuel en 2010, ce n'est évidemment pas pourvoir la réforme se mettre en place dès 2009 en dépit de toutes lesdifficultés qui ont été soulevées !

Nous réitérons donc avec plus de force la demande instante que nousvous avons déjà adressée le 12 mars : le report de la réforme dans sonensemble est la seule solution permettant une remise à plat du dossieret une véritable concertation, à laquelle nous devrons être associés(quant au contenu des futurs concours dans un premier temps, puis quantà l'organisation des futurs masters dans un second temps).

Il faut, Monsieur le Ministre, pour dissiper nos craintes et celles denos étudiants, retirer le projet actuel, rétablir l'année de stagepratique en alternance rémunéré et pris en compte dans la carrière, etavant tout décréter un moratoire d'une année afin de laisser à unecommission représentative le temps de décider du contenu scientifiquedes concours, de la nature des épreuves disciplinaires, des conditionsde préparation et des moyens matériels et humains à prévoir pourassurer aux enseignants de demain une formation digne de ce nom, à lahauteur des ambitions légitimes que vous-même mettez en avant.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, nous vous assurons,Monsieur le Ministre, de notre dévouement au service public del'Education nationale.

Joëlle Ducos, Présidente de la SLLMOO, Professeur de philologie et linguistique médiévales à l'UniversitéParis-Sorbonne (Paris IV)

Jean Vignes, Président de la SFDES, Professeur de littérature française de la Renaissance à l'UniversitéParis Diderot (Paris 7)

Béatrice Guion, Secrétaire de la SEDS, Professeur de littérature française du XVIIe siècle à l'Université deStrasbourg

Catriona Seth, Secrétaire générale de la SFEDS, Professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l'UniversitéNancy II

José-Luis Diaz, Secrétaire général de la SERD, Professeur de littérature française du XIXe siècle à l'UniversitéParis Diderot (Paris 7)

Didier Alexandre, Président de la SELFXX, Professeur de littérature française du XXe siècle à l'UniversitéParis-Sorbonne (Paris IV)

Anne Tomiche, Présidente de la SFLGC, Professeur de littérature comparée à l'Université Paris Nord (Paris13)

Merci d'adresser tout courrier à : M. Jean VIGNES, Professeur à l'Université Paris 7, 1 quaid'Austerlitz, 75013 Parisje.vignes@free.fr



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M. Jean VIGNES, Professeur à l'Université de Paris 7, 1 quai d'Austerlitz, 75013 Paris

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