4e opus des « Essais de féminologie » d’Antoinette Fouque, engagés avec Il y a deux sexes, ce volume rassemble plus d’une trentaine d’écrits (entretiens, interventions, conférences…) de 1975 à 2013, d’une grande diversité intellectuelle, révélateurs d’un engagement indéfectible et de combats solidaires en faveur des femmes.
Ce corpus de pensée d’une densité exceptionnelle vient enrichir encore l’invention d’une science des femmes, qu’elle nomma loin de toute idéologie la féminologie, lieu d’investigation du génie des femmes, articulant un savoir forclos à l’expérience première de la gestation.
La géni(t)alité de l’espèce est à conquérir, et c’est l’enjeu du présent siècle : parvenir à une condition historique d’hommes et de femmes, capables de mémoire, de gratitude et de création.
« La gestation, don absolu, est le paradigme de l’éthique : responsabilité, capacité d’autre, abondance, amplitude de la chair qui pense, qui crée. Depuis la création du MLF, j’ai travaillé à creuser un sillon de pensée qui restitue cette compétence spécifique comme une compétence de civilisation, savoir singulier et en même temps universel, objet de la féminologie. » A. F.
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On peut lire sur Actualitte.com un article sur cet ouvrage :
"Quand une œuvre devient Histoire", par Francine Demichel (en ligne le 3 avril 2023)
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Antoinette Fouque (1936-2014), psychanalyste, cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (1968) au sein duquel elle a inauguré le groupe Psychanalyse et Politique, créatrice des éditions des femmes(1973), a été députée au Parlement européen (1994-1999) et directrice de recherches à l’université Paris 8. Docteure en sciences politiques, elle a publié plusieurs ouvrages clés de la pensée contemporaine dont son fameux Il y a deux sexes. Féminologie I (Gallimard, coll. « Le Débat », 1995 – 2004 et Folio 2015), qui théorisent la différence des sexes et portent un éclairage inédit sur la procréation. Ses apports au paysage intellectuel et politique français sont multiples, de la question de « qu’est-ce qu’une femme ? » posée à la psychanalyse, à celle d’une parité « qualitative » apte à transformer le champ politique, en passant par toutes les luttes dans lesquelles elle s’est engagée pour faire avancer les droits des femmes à travers le monde, et affirmer leur apport inestimable à la civilisation.