Essai
Nouvelle parution
Jérémie Koering, Les iconophages. Une histoire de l'ingestion des images

Jérémie Koering, Les iconophages. Une histoire de l'ingestion des images

Publié le par Université de Lausanne

Manger ou boire des images… quelle drôle d’idée ! Et pourtant, depuis l’Antiquité, on n’a cessé de se repaître de fresques, d’icônes, de sculptures, de gravures, d’hosties estampées, de gaufres héraldiques, de représentations en massepain ou de mets sculptés… Spécifiquement produits pour être consommés ou détournés de leur destination première pour être ingérés, ces artéfacts figuratifs ont non seulement pu être regardés, mais encore incorporés sous forme solide ou liquide. Mais comment expliquer pareille attitude à leur égard ?

Pourquoi prendre en soi une image, au risque de la détruire, plutôt que de la contempler à distance, sagement ? Quels imaginaires traversent ces désirs d’incorporations ? Quelles sont les configurations visuelles offertes à la bouche et quels en sont les effets ? Quelles fonctions thérapeutiques, religieuses, symboliques ou sociales peut-on attribuer à cette forme de relation iconique ? Voilà quelques-unes des questions à partir desquelles cette enquête sur l’iconophagie se déploie.

Écouter un entretien avec l'auteur sur  France Culture, via le site de l'éditeur…

Revue de presse :

C’est à l’histoire et aux multiples significations (religieuses, thérapeutiques, fantasmatiques, symboliques, sociales...) de ces pratiques iconophagiques, depuis la Grèce antique, qu’est consacré l’essai, aussi savant que passionnant, de Jérémie Koering. — Robert Maggiori, LIBERATION

C’est un poncif de dire qu’une image donne à voir. Elle donne ici, aussi, à boire. Et c’est précisément ce dont il est question dans Les Iconophages. Une histoire de l’ingestion des images, passionnante étude dédiée à un champ de l’histoire de l’art ignoré : l’incorporation de représentations, qu’elles soient comestibles ou non. (…) Convoquant histoire médicale, des religions, des sensations mais aussi anthropologie, sémiologie ou philosophie, Jérémie Koering, opte pour une approche polysensorielle de l’image, l’exfiltrant du seul registre de l’optique. Au fil des sources et des exemples, il compose non pas un simple catalogue d’une forme aberrante de consommation « mais bien l’histoire d’une conjonction entre un acte (l’ingestion) et un objet (l’image) qui transforme la nature même de la représentation. » — Diane Lisarelli, LIBERATION

Les fonctions de notre organisme liées à l’ingestion étant jugées viles, indignes, le sujet avait été jusque-là négligé. Jérémie Koering en montre tout l’intérêt, révélant, loin des sentiers battus de sa discipline, et en flirtant avec d’autres telles que la philosophie, la sémiologie, l’anthropologie ou la médecine, ce que l’iconophagie dit du rapport au corps, à l’objet et à l’art, des croyances, peurs, pulsions et obsessions. — Daphné Bétard, BEAUX-ARTS MAGAZINE

Si le livre se penche sur des époques plus ou moins reculées, il est pourtant terriblement d’actualité tant il mêle des problématiques qui nous occupent aujourd’hui de manière parfois brûlante, voire tragique : il y a évidemment tout ce qui concerne le statut de l’image et les liens qu’elle entretient avec ce qu’elle représente ; il y a aussi tout ce qui a trait à l’imaginaire de l’ingestion (destruction, appropriation, incorporation). Croiser ces deux champs de la connaissance est absolument passionnant. — Mara Goyet, L'OBS

Aux frontières entre l’art, la philosophie et la spiritualité, cette « histoire de l'ingestion des images » n'est donc pas seulement une enquête richement documentée qui se contenterait de retracer les pratiques iconophages depuis 6000 ans : cet ouvrage illustré, fourmillant d'histoires, nous nourrit en explorant la dimension symbolique de l'acte de manger, et en interrogeant notre rapport au divin, comme la puissance de notre désir pour ce qui est beau et qui nous dépasse. À dévorer. — Marie Zawisza , L'OEIL